mardi, décembre 25, 2007

VoYaGe

Préparation du voyage...

Dans une semaine, je serai dans l'avion pour Mada. Puis dans un mois à Mayotte !!!!

Alors je cartonne, je cartonne... j'emballe mes affaires et je dis "au revoir", pas facile "au revoir" !!

bises et bon noel à tous

dimanche, décembre 09, 2007

GrOs PlAiSiR

Acheté un reflex numérique, avec lequel je retrouve une bonne partie de mes sensations anciennes, d'avec l'argentique. Mais je suis rouillé sur un tas de trucxxx.

Canon EOS 400D, c'est l'entrée de la gamme mais le plaisir est là ...




Dans l'ordre d'apparition Raski, un pote, un vrai de vrai.
Johann, le plus jeune des fils.
Un surfeur sur les plages de Marseille.

Marseille, la plage.












































































samedi, décembre 08, 2007

Ogre d'Arles

Je mords ta cuisse, la chair craque sous les dents.
Je sens le grain de ta peau, et le goût du sang.
Je mords encore, je mords et je mords et je regarde le mélange de muscles et de sang.
Est-ce vraiment toi ? es-tu cela ?

Où est ta vérité ? Les bords de ta blessure sont-ils aussi toi ? Et le dedans ? Cette plaie que je lèche maintenant.

Ce trou presque rond, cette absence, est-ce une absence de toi, ou est-ce encore toi ?

Réponds, s'il te plait, réponds moi. Et si je vais dedans, plus profond, irai-je vers le plus profond de toi ?


Ne me dis pas que je ne peux connaitre que la douceur de tes contours. Ce n'est que la banlieue. Je veux connaître la Cathédrale au coeur de la ville. Je suis l'ogre qui dévore, pour savoir, pour sentir. Parce que c'est ma manière d'aimer.


Je pourrai manger ta langue. Si tu ne saignais déjà je le ferais mais je suis occupé à lécher le sang qui s'écoule. Plus tard, je te le promets. Ou jamais.


Ton corps est plein, savoureux, puissant comme un Roi puissant.
Ma bouche contre ta blessure, je sens tes secrets parfums.
Et je suis ivre des plaisirs cannibales.


Ô ma Venus Arlésienne
Je voudrais être Roi
Puisque tu es ma Reine !




Marseille, quartiers nord

vendredi, décembre 07, 2007

DIX

Logique, après avoir écrit du neuf, il fallait le dix.

(pas pu m'en empêcher...)

mardi, novembre 27, 2007

Du Neuf

Eh oui, du neuf !!
... Je quitte Marseille pour Mayotte

bientôt
très bientôt...


...et après avoir tourné
retourné
tourné encore
...
et encore

Après avoir peu dormi
puis plus dormi du tout...

JE ME MARIE

J'ai demandé sa main
Elle a dit oui.

Nous partirons ensemble
et nous vivrons ensemble.

Elle s'appelle Mireille
je l'aime.

mercredi, novembre 21, 2007

Aller simple (retour compliqué)
























A Porto



Tu es mort ... De toutes façons la vie est un voyage qui finit mal. Un aller simple, le retour est trop compliqué.

J’ai vu ton cadavre juste avant l’embarquement pour cimetière. Enfin, non, puisqu’on t’a mis au four… Les embaumeurs t’avaient réussi, je t’ai presque cru vivant, mais comme en grève. Pas de rigidité kilométrique, malgré quelques taches bleues sur le visage. Il paraît que c’est normal, même la mort a ses habitudes.
Ils t’ont mis dans ton dernier wagon, nous l’avons suivi, nous nous sommes recueillis devant et puis ... les mensonges à ta famille (dans ces cas là, on ment forcément).

La gueule des croque-morts était parfaite, compassée, un peu ennuyée, professionnelle. Comme des contrôleurs à contrôler les morts.
Il y avait du monde, tu étais populaire. Des têtes effarées, d’autres agacées de gens riches qui ont autre chose à faire et c’est important, et des vraiment tristes. Mais tous y pensaient en regardant les autres, pour qui le prochain départ ? Qui a son billet dans la poche, sans le savoir.
Quoique… quoique… hein ! de toutes façons…

Y’avait tes femmes, quelques unes. Tu sais elles ont vieilli. Même celles qui étaient jeunes quand nous l’étions, elles ont vieilli. On jouait à qui pisse le plus loin et elles nous croyaient adultes !!

« Avec le temps, avec le temps va tout s’en va… » on pissait loin. On n’échangera pas sur nos ennuis de prostate, à moins que tu m’envoies des cartes postales. Dis, est-ce qu’il y a une poste, près de la gare d’arrivée ?
Bof, je répondrai pas, je parle pas aux morts. Question de rationalité.

J’ai ri lorsque les croque-messieurs ont mis ton cercueil sur le machin qui roule vers le four. Une espèce d’escalamort automatique, et puis… et puis rien. Je me suis senti perdu au milieu du vide. Il ne se passait plus rien, j’étais comme un guerrier sans guerre.

J’ai regardé les autres, ils ne me regardaient pas.
J’ai même pas peur, ce n’est qu’un voyage.

lundi, novembre 19, 2007

Dire des Hommes

Dire des hommes :

"Il est arrivé un soir, tout d'or vêtu. Le feu de camp était faible à cause du vent, et les herbes encore humides fumaient. Les yeux nous piquaient, oui je me rappelle tout comme ça."

"Il avait une ceinture large, moi j'ai vu les couteaux; la qualité de l'acier on la sentait; ça faisait une onde dangereuse, ces couteaux ils me faisaient peur"

"Moi, je dormais dans ma case, j'avais la fièvre. Seulement quand les palabres ont cessé... ce silence là était un silence de poissons. La fièvre est venue dans mes jambes, elles sont devenues lourdes."

"Grand ? non, enfin peut-être. Je ne me suis pas posé la question, jamais je n'y ai pensé. Ses gestes étaient lents."

"Il était fait d'air et de nuages"
"Il avait l'air triste"
"Sa peau était lisse, pas de poils..."
"Il n'a pas parlé mais je savais que sa voix serait plus forte qu'un barrissement"
" Le feu dessinait son ombre ... c'était l'ombre de l'éléphant !!"


Dire des femmes :

" Quand Hamilcar, avec ses habits jaunes, leur a apporté le repas, ils étaient déjà ivres morts..."




A lisbonne (aucun rapport avec le texte ci dessus, désolé...)

jeudi, novembre 15, 2007

SCHNEE

Depuis la fenêtre du bureau, j'observe l'impressionante tempête de neige.

Les couleurs s'effacent, blanc, gris et noir.
Mon nom bouddhiste, c'est SetsuKo, "champ de neige".
Je l'ai reçu comme un champ d'espoir, chant d'espoir
mon nom de Bouddha, mon nom de neige

mardi, novembre 13, 2007

Pour S.


























Le train de Manakara à Fianar, et le lézard de Ranomafana...



mardi, novembre 06, 2007

ORDINATION

Je ne sais pas parler de ce que je fais, mais ce week-end fut si dense que j'en dirai un mot.

Samedi, j'ai réitéré les voeux laïcs que j'avais prononcés il y a 11 ans maintenant devant mon Maître. Nous étions trois "frères dans le Dharma" lors de cette première cérémonie. Nous étions encore trois à réitérer, Samedi.
Première victoire.

Lorsque je regarde les vieux compagnons, ils ne sont plus tout à fait les mêmes et ils se disent la même chose de moi sans doute, nous avons vieilli.
Avons-nous mûri? Sommes-nous plus sages, plus heureux? Avons-nous su tendre la main aux autres, le coeur ouvert, sans jugement... Avons-nous... j'écris "nous", merveilleux pouvoir du pluriel qui dilue l'interrogation, la rend moins impérative.
Ai-je mûri ? Suis-je...

Le Dimanche, venant clore les quelques jours de retraite et de silence, Senseï a ordonné une nonne. Céline Zuiko.

Céline est entrée dans le zendo dans un immense silence, marchant lentement.
La cérémonie a commencé, déroulant ses litanies, ses questions et ses réponses.
Elle s'est tournée vers sa famille, s'est prosternée. Quitter sa famille.
Abandonner tous ses biens.
Raser ses cheveux.
Faire voeu de vivre dans un temple, jusqu'à sa mort.
Chasteté. Pauvreté.

Pour sauver tous les êtres.

Lorsqu'elle s'est relevée, Céline n'existait plus.
Mais Zuiko était née.

mardi, octobre 30, 2007

WILD BUFFALO

Je voulais partir... aller... revenir !!!
Mais j'ai peur. Peur d'être sans, d'être sans eau... sans ... je sais pas.
J'ai besoin de toi, tu sais la ligne droite!
L'absence des détours...
Je reviens toujours, j'ai soif.

Eloigne les hyènes, les lions, les chacals. Et aussi les éléphants! Je veux boire
Je veux être, même dans ton indifférence... même dans ton...

Gardien de l'eau !! Rassurant, immobile
Regarde je suis dehors. Mais à un pas seulement de ta porte
Je crie!! en silence, pourtant je Crie!

Gardien de l'eau !! A ton large front je trouve la force
L'entêtement de vivre

Gardien, tu m'as appris le désir
La peur, la rage
et qu'il n'y a rien d'autre n'est-ce pas ? Rien
que cette soif

Ouvre, maintenant! je veux boire
de l'eau dans mon ventre tiède
ou le souffle de tes naseaux

Puis je repartirai
jusqu'à connaître le goût du sel!!

lundi, octobre 22, 2007

Mélancolie

Si je dois mourir
que ce soit en Décembre
ma mort je veux la voir venir,
ne pas la faire attendre


Je serai pas joyeux, non
mais je pleurerai pas
d'ailleurs je sais pas pleurer
et si j'ai su, j'ai oublié.


Je vous promets je lui dirai
la mélancolie


la succession des jours et des nuits
ce qu'on fait pour que se taise l'ennui
Je lui dirai ce qu'on dit
aux survivants, à l'enterrement
tout ce qu'on dit, tout ce qu'on ment


Je vous promets je lui dirai
la mélancolie


Je porterai vos mots
et si vous me portez mort
nous serons quitte
.....Puisqu'il faut que l'on se quitte






jeudi, octobre 18, 2007

UN SOFA ROUGE

Images du Portugal... un texte de Jacques, un texte de Laurence














Nous nous promenions dans Braga sous une pluie fine. Le ciel s’accordait au granit des bâtiments, il y avait peu de monde dans les rues.
Le soir commençait à venir lorsque nous croisâmes une église, petite avec une entrée presque dérobée et fermée par une grille.
Bien que le granit soit une pierre dure et difficile à sculpter, les bâtiments à Braga sont richement baroques et décorés à profusion. Il n’en allait pas ainsi de cette vieille église sobre, qui gardait des proportions et des formes romanes.

Du côté par lequel nous arrivâmes, il y avait ces deux sculptures sur une corniche large et plate, toutes seules. Il ne m’a pas semblé que d’autres sculptures aient jamais été là, la corniche était intacte, il n’y avait pas d’entablement vide, pas de traces de statues arrachées, il n’y avait que le plat de la corniche sous le gris moelleux du ciel.

J’ai pris la photo parce que ces deux statues nous disent quelque chose. Mais quoi ? Je n’avais qu’un sentiment vague et violent, vous connaissez cette impression de ‘déjà vu’, de reconnaissance de ce que pourtant on ne connaît pas.

Un homme regarde le ciel. Il parait serein. Il y a dans le ciel une trouée de lumière et le regard de son visage levé semble dirigé vers elle. Est-il assis ou en train de s’agenouiller (sans doute pas à cause de la position bien droite du corps) ? Il tient quelque chose dans sa main, un livre peut-être.
Derrière lui une bête terrifiante, gueule large ouverte. Veut-elle le dévorer ? La bête n’a pas de corps et sa gueule jaillit tout droit du mur.

Lui, entre le ciel et l’enfer, connaît la lumière malgré les nuages.
La bête n’a pas de corps et est ancrée dans le mur ; s’il avance il est sauvé. Si il se retourne, s’il ne quitte pas son passé, il est dévoré.
Mais lui et la bête ont la même nature, pierre grise. Elle est COMME lui, elle est lui, n’est-ce pas ? Alors, ayant reconnu cela il ne fuit pas et s’est assis sans peur. L’immense du ciel lui suffit.

Depuis mille ans, il n’a pas peur.





















La maison est ouverte sur l'océan
ouverte aux vents
qui profitent de l'abandon
s'engouffrent par delà le voile
volé aux fenêtres abandonnées
Et les volets qui ne sont plus
ont cédé aux vents
qui se moquent du vieux bois
soumis par les années

Le voile enlevé, la demeure n'est plus
elle offre tristement ses yeux creux
on devine la profondeur de ces lieux
qui jadis pouvaient étourdir

Aujourd'hui le lierre l'enlace
de ses bras maigres
envahit son âme
et vole son passé

Le bois des volets est fragile
de trop d'érosion, trop de sel
et la façade est envahie
comme violée
elle a perdu son arrogance
qui la rendait désirable
aux marées montantes

L'océan lui même s'est retiré
vers d'autres rives, ou d'autres coeurs
D'autres formes sont nées
laissant à la demeure abandonnée
ses balcons sensuels désormais rouillés

Ses fenêtres n'ont plus de mystère
la soie usée a dévoilé le regard rendu creux
les fenêtres trop accessibles n'offrent au voyageur
que le rêve d'un soir d'autrefois

le rêve d'un sofa rouge

lundi, octobre 08, 2007

ALLER SIMPLE

Une tasse de café bouillant à la main, elle se tenait droite, les pieds fermement posés au sol. Elle le regarda, attendit un long moment parce qu'elle ne voulait pas que sa voix tremble. Elle dit "je pars, je ne reviendrai pas". Lui il ne respirait plus, il dit quelque chose comme " … ce … ce n'est …pas possible…". Elle dit "si", posa la tasse sur la soucoupe et partit. Il resta paralysé un long moment, puis il prit la tasse et ne bougea plus, avec à la main cette tasse de café tiède.

Il se souvenait de ce jour comme d'un don du ciel. La souffrance devenue énergie, il avait changé, il avait dû changer, il avait pu changer.
Il la revit trois ans plus tard, par hasard. Il lui dit "merci", elle ne comprit pas pourquoi. Elle demanda comment il allait, faisant attention que son ton reste mondain, ils étaient deux copains qui se croisent. Il dit "je vais bien", sourit et s'éloigna.

Oui, il allait bien.





Escaliers, à Braga (Portugal)

jeudi, octobre 04, 2007

LIBERTE EN BIRMANIE

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LIBERTE EN BIRMANIE
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mercredi, octobre 03, 2007

Bleuet

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Grand-père marche précautionneusement le long du chemin qui borde sa petite propriété.
Grand-mère derrière trotte, trotte menu. Elle veille sur lui.
Elle l'aime. Il l'aime.
Le printemps est là.Bruits d'abeilles et d'oiseaux, odeurs fraîches et neuves.
Grand-père s'arrête et attend , il est heureux d'avoir semé grand-mère. Il ne sait pas qu'elle reste en arrière pour le regarder. Ou bien il fait semblant de ne pas savoir.
"- ah, je t'ai semée encore cette fois"
Elle lui montre une fleur sur la branche du prunier qu'ils ont planté pour ma naissance. Un prunier tout échevelé.
"- Cette année, il va falloir le tailler !"
Main dans la main, ils s'en retournent vers la maison, prenant leur temps.

Ils aimeraient que ça dure longtemps, longtemps, vingt ans encore.


Séville, tôt le matin...


mardi, octobre 02, 2007

ALDO

Je vous livre le témoignage de Aldo, tel que je l'ai enregistré à l'époque :

" ... Cela faisait dix ans que je ne rêvais plus. Entendons nous bien, ce n'est pas que je ne me souvenais pas de mes rêves, je ne rêvais plus. J'avais perdu tout espoir de quoi que ce soit. Je n'avais plus d'argent, plus de maison, plus de voiture évidemment.
Plus de travail. Et j'étais seul. Femme, enfants, parents, amis j'en avais eu ("avais eu" au plus qu'imparfait, d'ailleurs ils l'étaient et je l'étais aussi, imparfait).
Je vivais dans le plus total dénuement et le plus complet des bonheurs qui se puisse imaginer. Je ne désirais rien, la Vie m'était un présent éternel, une félicité sans nom et sans nuages.
J'étais pleinement, follement heureux.

Alors tu comprends mon étonnement lorsque j'eus ce rêve étrange : moi, un cartable à la main dans une maison riche, embrassant une femme pendant que des enfants jouent au bord de la piscine. L'ensemble étant assurément " à moi" cartable, femme, enfant et piscine.
Je me suis réveillé en nage, effrayé par un tel cauchemar.

C'était il y a dix ans, je me le rappelle encore, ce rêve (rire…) !!
Heureusement depuis tout va bien…"






Lisbonne, dans le quartier de Belem

jeudi, septembre 27, 2007

Le feu

Tout est calme, aujourd'hui.
Chaque grain d'humanité a rempli sa coquille, poussé par le vent là où il devait aller.
Je ne sais s'il y a quelque part dans le ciel Un ou Une qui décide tout.
Je ne sais si elle, si il …
mais je suis avec vous

Qu'importe les prières qui montent au ciel, qu'importent les blasphèmes puisque je suis ignorant ou fou, puisque je ne sais rien. Je veux être l'innocent au contact si doux et aux yeux pleins, monter avec vous ce chemin qui nous mène au premier rendez-vous.
Gardons nos blessures pour d'autres temps, plus tard je soufflerai pour les éteindre.
Mais vous, soufflez fort sur le feu qui parfois me brûle, je vous en prie!

Le vent poussera mes cendres hors du volcan que vous êtes. Alors je serai vent et je tiendrai mes promesses.

Aujourd'hui, tout est calme.






lundi, septembre 24, 2007

Jeux de lumières et d'eaux
























I


Il y eut ce moment où la lumière est devenue chatoiement de milliers d'éclats. Ce fut brutal, sans transition entre avant et maintenant.

Il y a maintenant la fraîcheur de l'eau, les deux pieds posés sur les galets lisses et ronds et la sensation de la matière mouvante qui offre une légère résistance. "Offre" une résistance parce que ce n'est pas une opposition.

Bien entendu il y a des bruits, clapotis, bruits d'oiseaux, quelques voitures un peu éloignées. Leur manière d'habiter l'espace est différente, comme si le clapotis avait plus de droit d'être là que les oiseaux, eux-mêmes plus légitimes que les voitures, intruses.
Je ne sais dans quelle catégorie placer l'enfant qui joue; il est et il n'est pas et n'étant pas, aucun adjectif ne saurait le qualifier. Une absence est une absence c'est tout. Pourtant il est là, je l'entends.

Mais les éclats de lumière par milliers m'enchantent bien plus que les sons.

Les sons viennent de dehors et vont vers le dedans c'est pour moi une expérience courante pendant une méditation; lorsque je me rends compte que mon esprit, prompt à embarquer dans le train des pensées, s'est éloigné d'ici et de maintenant je reviens à l'aide d'un son justement qui me porte de "dehors" vers "dedans".
Mais l'expérience que je rapporte là n'est pas la même. Le jeu entre lumières et ombres m'habite entièrement, au sens propre il me tapisse tout l'intérieur d'une toile joyeuse et vivante. Il y a un ordre, une organisation qui est rigoureuse dans les alternances et cette organisation est harmonie.
Je sais que ce miroitement est le jeu du soleil sur l'eau. Dans la situation où je suis ce jeu de lumières est devenu un volume malgré que je le ressente sur ou par les yeux. Ce n'est pas déroutant, c'est même excitant en même temps que l'harmonie qui en naît m'apaise.
Je ne suis pas entre excitation et apaisement, je suis les deux, deux fois pleinement, deux fois entièrement.
Je vis cette expérience-sensation sans aucune émotion. Je me demande si je vais m'habituer, si la magie va durer encore mais en réalité cela n'a aucun sens parce que le temps est suspendu, il n'est plus une catégorie. Et d'ailleurs la pensée que j'ai eue a chassé la sensation que j'avais, ou plutôt que j'étais; ou bien cette pensée était-elle là parce qu'elle avait trouvé place libre, la sensation déjà enfuie ? je ne sais pas, j'essaye quelques mots pour tenter de la retrouver, je dis que je vois la lumière sur l'eau, j'entends le plaisir dans le son de ma propre voix.

C'est en entendant ma voix que l'émotion surgit, mais alors elle efface la sensation.

Il reste, intact, le plaisir.


II




A l'instant où je ferme les yeux prendre conscience de l'immense importance de l'autre.

jeudi, septembre 20, 2007

TANGENTE PHI

Il y a contact, un contact minimal qui se réduit à presque rien.
La trajectoire de l'un, celle de l'autre : un frôlement, une imperception; ça fait sur la peau un peu chaud puis il ne reste rien.
Sur la peau, rien.
Mais dans le cœur ?


Braga, au musée

mardi, septembre 18, 2007




































Indice pour me reconnaitre : j'ai une casquette





Je bouge, tu bouges, nous bougeons. Sans cesse une fuite qui s'appelle VIVRE.

Courir.


Poser des mots qu'à peine dits on oublie, ailleurs déjà.

Poser des gestes, à peine faits ils sont ... disparus ?


Lorsque je serai vieux, je comprendrai qu'ils m'ont simplement précédé pour attendre là mes lèvres gercées, mes joues ridées, mes bras fragiles et lents. Serai-je alors sans force pour fuir encore ou assez sage pour les accueillir ? n'importe, il me faudra VIVRE avec eux, vivre entre eux.

Mais je saurai le secret et j'inventerai d'autres mots et d'autres gestes pour une autre vieillesse à venir, plus profonde.
Et je sèmerai ma joie.






Deux photos de Séville











































lundi, septembre 10, 2007

Trois. Ou quatre ?












- Qu'est-ce que tu collectionnes ?
- Des jours, j'en ai beaucoup…
- Montre les moi, tu veux bien ?
- Regarde, cette ride ici, ce cheveu blanc là …
- Merci… …tu es très belle.


Les mots pour dire les sexes ne sont pas toujours beaux. Bite, con, queue, chatte. A ma connaissance, pas de mot qui évoquent l'humidité, je propose donc "rosée" pour la femme et pour l'homme.
Ainsi nous pourrons échanger avant que l'amour ne s'évapore.


Vivre au coin de toi même dans l'absence et la peur au passage du détroit. Et juste là où la folie danse, mes corps dessineront ce que j'aurais dû faire, bien que j'aie tout oublié de l'enfance.


Je vis près de la mer, il y a des galet plats, lisses, qui ne se lassent jamais d'être si près de la mer, et plats, et lisses.

jeudi, septembre 06, 2007

j'ai adoré Lisbonne

















couleurs...






















fado...



et puis du linge aux fenêtres, des pavés, des gens, du baroque complètement baroque, le Tage, le tram 28, l'Alfama, les glaces à 90 centimes avant les sardines grillées...




Je découvre l'étrange oeuvre de Pessoa dont je n'avais lu que des éclats, des bribes.



le vent souffle sans le savoir,
la plante vit sans le savoir,
moi aussi je vis sans le savoir, mais je sais que je vis
mais est-ce que je sais que je vis, ou bien seulement que je le sais ?
je nais, je vis, je meurs selon un destin que je ne commande pas,
je sens, je pense, je bouge selon une force qui m’est extérieure
alors qui suis-je ?

















mardi, septembre 04, 2007

Un cRi

Ce qui me parle …

Je dus encore affronter la colère, je ne sais pourquoi.
Est-elle le reflet de la mienne ? Eternel retour du même, c'est moi que je dois apaiser. Je ne m'apaise pas.

Sous les grands arbres de la place, entre le bruissement de l'eau et le silence des absents, j'entendis un cri et je ne savais pas s'il était d'amour, de haine, de peur ou les trois en même temps. L'homme qui criait, je ne le connaissais pas, je ne savais rien de lui et pourtant il me parut intime, d'une intimité rare.
Ou bien, est-ce son cri qui aurait dû être le mien ?

C'était un fou qui marchait sur son passé et le répétait à l'infini, jusqu'aux étoiles. Jusqu'aux étoiles, c'est cela la folie. Sinon on est normal.

Puisque c'était un fou, son cri aurait dû être insignifiant, zéro.
Mais il criait pour moi, pour vous, pour nous, aux dieux et aux diables qui n'en connaissent rien, criait notre vie, nos victoires formidables, nos peines aussi.
Jusqu'aux étoiles.

samedi, août 04, 2007

D'où vient la nuit ?
De mon désir disais-je, et je le croyais.

Où va-t-elle ?
Là où mène sa liberté, où je ne pouvais aller, et je le croyais

En revient-elle ?
Oui, chaque jour. Je croyais que c'était à chaque fois une nouvelle nuit. C'était la même, je ne le savais pas.

Peut-on l'apprivoiser ?
Peut-être, comme on s'apprivoise soi-même, en s'apprivoisant soi-même

Doit-on le faire ?
Non.




Le Chien de GOYA

lundi, juillet 30, 2007

temps passé

Un trait d'or un trait d'argent
nous sommes amants

Cette goutte entre tes fesses
c'est moi

Mon sexe dans ton sexe est en voyage, je voudrais un exil

Laissons là les draps froissés, ils nous ont assez entendus


dimanche, juillet 29, 2007

CoNtReBaSSe

3h du matin, contrebasse.

Qu'ai-je dit hier ? les heures passées ont-elles vraiment été? Pourquoi les mots échappent-ils toujours à celui qui les dit ? Ils vivent leur vie qui n'est pas la mienne.
Il faudrait un air de flûte maintenant, un air étrange qui ne soit pas d'ici pour que ce ne soit pas de moi. Parce que je ne suis pas d'ici.

Je ne sais pas d'où je viens. C'est une histoire de rythmes, de percussions qui m'a fait comprendre ça. Les rythmes peuvent s'épouser pour une danse qui n'est pas la vie parce qu'elle est seulement cela, une danse.
Chercher quelque chose, sans cesse, au lieu de l'abandon d'accepter que la danse soit seulement cette danse là, qui n'est pas la mienne.

J'entends maintenant une guitare et elle pleure pour moi, je suis un enfant qui se berce dans ses propres bras. Je n'ai pas honte, non, jamais. La nuit m'a pris en amitié, je le sais je peux compter sur elle.
Je terrasse le jour, chaque jour pour qu'elle vienne.

Les guitares sont plus nombreuses, nerveuses comme si elles avaient peur. J'entends les voix qui les surmontent, les frôlent plutôt. Et des tambours, comment sont-ils venus si vite d'Afrique ? il y a un instant à peine j'étais seul.
Faut-il baisser le son, éteindre, m'éteindre ? Le bruit du monde, s'il est la Vie (que serait-elle d'autre ?): je mourrai du silence.

La nuit est nuit comme le jour est bruit.








mercredi, juillet 25, 2007

La ViE eN gRiS

















Ils entrelacent leurs histoires, lui est l'aveu elle est miroir. Ce qu'ils ont dit nul ne le sait, c'était entre eux, une âme en deux.
La vie en gris c'est du passé.
Fallait qu'ils vivent et créent leur vie, comme ont vécu d'autres aussi.
C'était l'été ou un printemps, l'été tout l'temps, l'été printemps. Y'avait qu'le temps de faire l'amour, le faire encore et puis toujours, pas se lasser de tant baiser.
Les rues la ville chantaient ce bruit, même les murs portaient parole, disant qu'ils s'aiment et qu'elle est folle et qu'il sont fous à enfermer dans une chambre avec un lit pour mobilier
On entendait le lit grincer.

La vie tout seul c'est dépassé.

Je les revois vingt ans après, quand le passé a foutu l'camp et qu'le présent est mal barré
Je les revois ils ont changé, ont leur maison et des enfants
Mais
On n'entend plus le lit grincer
La vie en gris c'est maintenant

mardi, juillet 24, 2007

ENVIE D'ETE


ENVIE D'ETE

Les horizons confondus et
la course lente des eaux
même le vent a baissé les bras

Enroulé sur le tiède
un parfum
comme si elle était là



EAUX

Le chatoiement des eaux
ravive les souvenirs
d'accords imparfaits

de douceurs mâles
qu'elle n'a pas oubliées



OUBLI

Le bleu de ses pas
sur le sol de haute lisse
d'or pâle lueur

Elle approchera de moi
pour frôler mon abandon

et elle dansera
la légende des amours
que j'ai oubliées

Pour être à elle

PALEOCORTEX et MOELLE EPINIERE



















Invitation au voyage




Paléocortex et moelle épinière.
Certains jours j'aimerais être seulement équipé de ces deux-là. Ce doit être suffisant pour la Vie.
Assez pour aimer.

Sans doute la vie quotidienne serait-elle un peu plus compliquée, encore que…
Mais en échange j'aimerais vraiment, sans retenue, sans calculs et sans freins.

J'écoutais à la radio une chanson soupe sentimentale, genre de truc bêlant gnan gnan trop plein de violons et de claviers.
Cette musique là, les multitonnes de littérature idiote, les films guimauviens de Holly et Bollywood (un régal à petite dose), devraient tous ensemble écœurer par leurs excès une humanité normale de "l'Amour" – celui avec un grand "A", pas celui avec un grand "Q".

Eh bien non ! Mais on fait compliqué, la complication du jour définissant une "modernité", voire une post-modernité, qu'il est de bon ton d'appliquer à sa vie personnelle.

D'où mon désir de me réduire à un paléocortex et une moelle épinière.
Peut-être même "ou" plutôt que "et" ?

jeudi, juillet 19, 2007

Anse de Malmousque

Une toute petite calanque dans Marseille, à peine quelques rochers. Pour l'imaginer, poser dans le regard la mer, des îles, des bateaux et du ciel.


Malmousque, il y a quelques jours

Au loin la forme mouvante d'une eau couleur léger; les reflets du soleil, dix mille éblouissements successifs. La brillance s'impose.
Les formes plus précises d'un bateau, d'un phare, d'un château ferment l'horizon et une île et encore un bateau.

A terre, bruits et absence d'odeurs. Bruits de pas, bruits de voix, bruits de Plouff!!
Le ballet gracieux de trois cannes à pêche, une rouge, une verte, une noire.
Pile entre terre et horizon, le Schlakk Schlakk!! d'un hors bord à pleine vitesse, éclaboussé d'écume en neige.

Et puis oh! un calme soudain, un silence de quelques secondes à peine où la terre retient son souffle.

Et Plouff!! et Plouff!! et Plouff!!
dont un Plouff!! de chien; tout recommence, le bruit de la vie-tendresse pimenté cette fois d'un filet d'odeur de crème solaire.

Le regard finit avec le ciel, où les mouettes criardes répandent la nouvelle, qu'il fait beau et que l'eau a une couleur léger.



Malmousque,photo piquée sur le site http://marseillemaville.free.fr/gallerie








lundi, juillet 16, 2007

TrAcEs



















"Tanambao", la vieille ville de Fianarantsoa (orthographe non garantie)



La trace des jours passés sur son visage était à lire; les bonheurs, les dix mille matins trop tôt à se lever, les peurs, les plaisirs et les joies. Avec le doigt suivre leurs traces.
Pour cette ride infime, combien de pleurs ont été tus ? Et combien de joies pour celle-là ?
Le doigt apprend à reconnaître les vallées et les collines du visage de l'autre, mais il faut d'abord fermer les yeux.

La vie est minuscule et la sienne le fut comme l'est la mienne ou la vôtre.
Rien que ma main sur son visage.
J'ai peur de la mort des miens.

jeudi, juillet 12, 2007

La crise sur le ghetto

A : Dans les rues, dans les bars, dans les cocktails où vont se reconnaître les gens qui veulent qu'on les reconnaisse, dans les clubs sportifs, chez "les gens", ceux qui ne comptent pas mais surtout ceux qui comptent, comptent leurs sous, sous les abris précaires des gens de la rue, il n'y a plus que cela, on ne parle plus que de cela.

La joie se lit sur les visages, je la vois le matin, elle est encore là le soir. Hommes et femmes dans leurs voitures, aux arrêts d'autobus, à l'entrée des usines, ont un sourire satisfait, léger comme un printemps et fluide comme un torrent de montagne. Quelquefois une femme chantonne, ou un homme récite spontanément un poème à la terrasse d'un bar.
On appelle ça le Bonheur.

Enfin,
on va pouvoir
travailler plus et
gagner plus.

Encore quelques jours à attendre; certes le parlement discute mais il votera cette loi car la pression populaire est trop forte, l'unanimité totale, le DESIR violent.



B: Et puis, le parlement, hein, il en faut un, faut bien!! mais bon, faudrait pas qu'il nous casse trop les couilles non plus sinon on les vire et puis voilà c'est quand même pas eux qui vont nous empêcher de gagner plus, après tout c'est nous qu'on les paye avec nos impôtspulaires.
Bande de mous, va, v'z'allez voir ce que vous allez voir...
Moi, si ça tenait qu'à moi, ça serait plus simple, faut pas dire ces choses là mais quand même... Y pourraient travailler moins et gagner moins ça me dérangerait pas.
Enfin, ce que j'en dis...

mercredi, juillet 11, 2007

En voyage



















Quelque part à Manakara




Quand commence le voyage?

A l'heure du départ il faut un peu de désordre
Dans le train ou l'avion, l'inconfort, l'ennui aussi
A l'arrivée quelque chose qui se passe mal, sans moyen simple de résoudre la situation
Ensuite l'hésitation et traverser une banlieue différente de de ce que mes souvenirs ont fabriqué par avance
(souvent, je ne vois pas les images infidèles à ce que les magazines et autres guides montrent, je n'ai pour elles qu'un regard distrait, comme si ce n'était pas du réel; ce qui est réel ce sont les décors que j'attends, ceux des magazines)
Si possible tomber malade, assez pour être cloué quelques jours dans un lit, à la merci (de quoi ?)
Vouloir visiter un musée mais il est fermé depuis un mois pour cause de travaux
Les ruelles typiques, les couleurs, les sons et les odeurs sont les mêmes qu'à Marseille

Je n'ai rien à faire là où je suis venu, j'ai déjà tout vu, je suis trop vieux.
Alors commence le voyage.

lundi, juillet 09, 2007

Tocqueville, et toujours sans photos

Une citation de Tocqueville entendue sur l'émission de FranceCul "esprit public" il y a qq jours, après recherche la voici.
Je n'ai jamais lu Tocqueville, je crois que je vais m'y mettre


« Il y a un passage très périlleux dans la vie des peuples démocratiques.
Lorsque le goût des jouissances matérielles se développe chez un de ces peuples plus rapidement que les lumières et que les habitudes de la liberté, il vient un moment où les hommes sont emportés et comme hors d’eux-mêmes, à la vue de ces biens nouveaux qu’ils sont prêts à saisir. Préoccupés du seul soin de faire fortune, ils n’aperçoivent plus le lien étroit qui unit la fortune particulière de chacun d’eux à la prospérité de tous. Il n’est pas besoin d’arracher à de tels citoyens les droits qu’ils possèdent ; ils les laissent volontiers échapper eux-mêmes (…)
Si, à ce moment critique, un ambitieux habile vient à s’emparer du pouvoir, il trouve que la voie à toutes les usurpations est ouverte. Qu’il veille quelque temps à ce que tous les intérêts matériels prospèrent, on le tiendra aisément quitte du reste. Qu’il garantisse surtout le bon ordre. Les hommes qui ont la passion des jouissances matérielles découvrent d’ordinaire comment les agitations de la liberté troublent le bien-être, avant que d’apercevoir comment la liberté sert à se le procurer ; et, au moindre bruit des passions politiques qui pénètrent au milieu des petites jouissances de leur vie privée, ils s’éveillent et s’inquiètent ; pendant longtemps la peur de l’anarchie les tient sans cesse en suspens et toujours prêts à se jeter hors de la liberté au premier désordre.
Je conviendrai sans peine que la paix publique est un grand bien ; mais je ne veux pas oublier cependant que c’est à travers le bon ordre que tous les peuples sont arrivés à la tyrannie. Il ne s’ensuit pas assurément que les peuples doivent mépriser la paix publique ; mais il ne faut pas qu’elle leur suffise. Une nation qui ne demande à son gouvernement que le maintien de l’ordre est déjà esclave au fond du cœur ; elle est esclave de son bien-être, et l’homme qui doit l’enchaîner peut paraître. (...)
Il n’est pas rare de voir alors sur la vaste scène du monde, ainsi que sur nos théâtres, une multitude représentée par quelques hommes. Ceux-ci parlent seuls au nom d’une foule absente ou inattentive ; seuls ils agissent au milieu de l’immobilité universelle ; ils disposent, suivant leur caprice, de toutes choses, ils changent les lois et tyrannisent à leur gré les mœurs ; et l’on s’étonne en voyant le petit nombre de faibles et d’indignes mains dans lesquelles peut tomber un grand peuple…
Le naturel du pouvoir absolu, dans les siècles démocratiques, n’est ni cruel ni sauvage, mais il est minutieux et tracassier. »
Alexis de Tocqueville
"De la Démocratie en Amérique", Livre II, 1840


Tout est dit, n'est ce pas ?

jeudi, juillet 05, 2007

Sans photos, aujourd'hui

Ils regardent les lumières de nos villes, ils y croient tellement qu'ils ne peuvent comprendre que ce monde leur ment.

Une dernière cigarette que l'on fait durer, serrer dans ses bras ceux que l'on aime encore ("je ne vous oublierai pas !! oui, j'écrirai, j'écrirai et je téléphonerai aussi..). Les valises, les sacs semblent légers mais quand même, on marche lentement vers le navire mugissant, on hésite encore avant l'embarquement.
Et les moteurs démarrent
et le dernier regard

Maintenant tout est différent, la vie l'amour et puis les gens. Soi-même pas pareil, on se sent plus grand et on sent sa peur. Mais on se sent grandi de l'affronter.
"Je me sens plus grand, je suis l'immigrant"

Là-bas comment ils vivent, comment ils aiment, on ne le sait pas, on n'imagine même pas. Il y a des histoires qui disent "oh! mon frère, là-bas ils n'aiment pas..." bien sûr on sait que c'est pas vrai, ou on leur apprendra et ils aimeront ça.
"Oh! mon frère !! là-bas..."
"Saurons nous ensemble partager notre humanité ... devrons nous lutter avec ceux qui disent - immigrés ?".

Et le bateau vogue entre vague de douleur, d'espoir et de peur.
Mais quand la terre s'est effacée, seule reste la mer.

mardi, juillet 03, 2007

un zèbre sur la façade








































Comment parler de cette nuit là ?
Sans mots, sans souvenirs, que puis-je en dire ?
Peut-être qu'elle n'a jamais existé et donc elle existera encore, demain ou un autre jour pourvu que j'oublie assez,
la petite foule, le tissage de notes, le zèbre sur les façades, le bassiste perpendiculaire parti vers la stratosphère et au cœur de la foule ce couple qui s'étreint et qu'emporte la houle vers l'hôtel, jusqu'à demain.

Peut-être un jour, de cette même cour où nous étions, un chevalier est parti pour les croisades. Le cœur lourd, le dernier regard sur les façades. Revint-il ?
Peut-être un jour dans cette cour des gueux en colère et des nobles effrayés, pendant que dehors des chants révolutionnaires. Eurent-ils la tête tranchée ?
Et plus tard encore les saltimbanques et les musiciens pour une noce de bourgeois. Furent-il heureux ?
Et puis une troupe de théâtreux, une pièce d'avant-garde et un public pas trop nombreux. Pour quel succès ?

Tout est écrit en écriture savante sur les pierres indifférentes, ici une fissure, là un éclat. De bien traduire je ne suis pas sûr et cela n'importe pas.

Il n'y a que la foule qui a tout oublié
des serments du passé, des moments de bonheur.
Elle a tout oublié sauf un couple en son cœur.

jeudi, juin 14, 2007

VASE

si on l'incline assez

C'est le vase qui fait déborder la goutte

face à face





Elle et lui, face à face.
"Ce matin là, l'horloge s'est arrêtée".
Le tic-tac interrompu impose un silence dont il n'a pas envie et il voit son visage chiffonné face à lui, visage qui le fixe. Il connaît cette intensité là, cette fureur, il sait qu'elle ne cèdera pas facilement. Dans le silence d'habitude il compte les coups d'horloge, 1 tic, 1 tac, 2 tic, 2 tac puis il passe à un grand nombre par exemple 22 tic, 22 tac et redescend 21, 20 jusqu'à 3 tic, 3 tac et il redémarre à 23. Cette gymnastique mentale l'occupe entièrement jusqu'à ce qu'elle se lasse. Après, il garde un goût amer dans la bouche.
D'habitude.
Ce matin le silence, l'horloge est arrêtée. A t-elle deviné son stratagème, il ne sait pas. Elle avance d'un pas vers lui, un deuxième, elle a déjà posé sa question et se tait, elle attend une réponse. Les voilà tous les deux englués dans l'épaisseur de l'attente; ils sont paralysés et le temps est figé.
Il aimerait dire des mots, faire un geste, il essaye "mais tu sais bien …" c'est un effort ces mots là. Il voit bien ceux qu'elle attend, ce sont ceux qu'il aimerait dire, les mêmes exactement. Mais le silence lui entre dans la bouche, l'étouffe comme une nourriture trop riche. Il est gonflé de silence. Alors il compte dans sa tête "1 tic, 1 tac …" et il ne sait plus, pris d'assaut par le vert trop vert du fauteuil et son pull rouge à elle et son visage chiffonné tout près de lui. Il va tendre le bras, toucher ses épaules, dire les mots qu'ils espèrent tous les deux. Mais le silence ! son regard se fixe sur le balancier qui ne balance pas, il imagine les reflets que ferait la lumière si … si l'horloge battait et puis brusquement elle est là, visage qui pleure, qui pleure presque, le bleu de ses yeux dans le brun de lui. Il va dire, il va dire un mot parce qu'il est là, dans sa poitrine gonflée, dans sa gorge, le mot lutte, lutte contre le silence et le cerveau hurle "vas y !!!… et 12 tic et 12 tac et …" et quelque chose se perd, le mot se perd, langue morte.
Il détourne le regard, mais devant, mais derrière mais sur les côtés, en haut et en bas le silence fait mal. Il a mal à lui, dans tout lui, pas de rage, c'est l'impuissance. Il ne sent pas la main qu'elle a posée sur son bras, il n'entend pas qu'elle dit "alors" sans point d'interrogation, elle dit "alors". Lui il est partout en lutte avec son silence, son immobilité, il veut seulement que le balancier de l'horloge balance, qu'il tique et qu'il taque encore, encore, toujours.
Il va vers l'horloge, il ouvre le coffre et remet le balancier en branle, ça fait tic, ça fait tac, tic, tac et ça continue.
Et au dedans de lui quelque chose se dénoue, se détache, tombe par terre, en faisant "platchh" pas très fort mais assez pour vaincre le silence.
Alors il se retourne.

mercredi, juin 13, 2007

mauvais sujet

L'enfance
- Il mettait ses chaussures à l'envers pour emmerder sa mère
- Il offrit à sa tante célibataire une bougie qu'il avait lui même fabriquée avec une boule puante dedans
- Il jeta à la rivière les affaires du petit Daniel parce qu'il savait que ses parents étaient très pauvres et n'avaient pas les moyens d'en racheter
- Il se coucha à l'envers dans son lit, la tête sous les couvertures et les pieds sur l'oreiller; lorsque sa grand-mère presqu'aveugle vint lui faire la bise du soir, elle posa ses lèvres sur ses pieds et poussa un hurlement de terreur
- avec de la superglue il colla le petit chat sur le dos du chien et envoya la photo à Sciences et Vie Junior

Les années de jeune adulte
- Pendant que les pingouins se chauffaient le ventre au rare soleil de la banquise, ailes écartées, il leur peignit le ventre de propos obscènes ou injurieux
- puis il essaya de faire fondre la banquise par la seule puissance de son regard
- Il entreprit de compter tous les nombres, jusqu'au bout et s'accorda dix ans pour ce faire
- Il allait à l'église et pétait au moment de l'élévation

Adulte
- 40 ans après le suicide du président Kennedy, il sauva l'Amérique du désastre
- Il souleva la robe de Madame Maillard, la concierge de l'immeuble et écrivit ensuite à chaque locataire une lettre disant que c'était elle qui lui avait demandé de le faire
- Il vota Sarkozy

La fin
-devenu professeur d'histoire et de travaux manuels, il poussa un jour, pendant un cours, un hurlement terrifiant avant de se dévêtir entièrement; il était couvert de longs poils bruns et se précipita sur le jeune Albert, premier de classe et toujours devant, le dévora entièrement sauf un os, avant d'être abattu par un policier qui fut décoré par Monsieur le Président Sarkozy.




Il m'a même empêché de mettre une photo qui aurait du être


ICI






mardi, juin 12, 2007

SIBERIE recyclée

Il n'y a pas de vent aujourd'hui. La neige tombe verticale, des milliards de flocons. L'hiver est là depuis toujours.
Rien.
Pas de sons, pas d'odeurs, pas même quelque chose à goûter. Rien.
Au début mon œil a cherché avec frénésie, puis avec angoisse quoi regarder. Le vol d'un corbeau, un changement dans la taille des flocons. L'oreille s'est tendue pour attraper le léger son d'un flocon qui se pose sur un autre.
Pas de corbeau, pas de changement, et le silence.
L'horizon est une ligne d'arbres sombres derrière laquelle une forêt puissante attend depuis mille ans, sa puissance est tout entière faite de patience. C'est tout.
Une cabane isolée au cœur de ce néant, je suis dedans. Je me demande quelle folie m'a amené ici, sans recours pour les dix années à venir. Dix années d'entre neige pour, peut-être, apercevoir ce prodige, un arbre mort qui donne encore des fleurs.
Peut-être.





vendredi, juin 08, 2007

Ceux qui ...


Celui qui dessinait toujours,
des personnages fait de fils fins avec des gestes comme s'ils dansaient. Peut-être de sa propre maigreur, peut-être de son envie d'enchanter le monde ? Peut-être aussi ses personnages étaient-ils si grêles de leur impuissance à changer le monde si peu que ce soit, comme lui.
Il dessinait parfois les yeux fermés.

Celle qui un jour …
Avec ses grands yeux bleus tout ouverts pour ne pas être seule, ne pas penser, pas se souvenir de ce jour où … elle avait décidé de grossir énormément pour qu'aucun homme, jamais ne la désire plus. Elle n'a pas de chats, pas de chiens, pas d'oiseaux.
On entend derrière elle, très fort, le bruit de la télé.

Celui qui est devenu soldat
... n'a jamais eu le choix "on choisit pas ses parents" il disait ça avec une voix un peu haut perchée, en caressant son embonpoint proéminence ventrale déconcertante sur deux petites jambes maigres. Les moins gradés le détestaient, les mieux gradés le méprisaient.
Il ne buvait plus d'alcool, seulement de la bière et ça le faisait rire.

Celle qui voulait devenir danseuse ...
regardait les gens avec étonnement, les choses et les événements pareillement. Ses parents étaient pour elle un sujet permanent d'excitation, presque amoureuse; elle savait quand ils faisaient l'amour. Elle avait des bras un peu grands qu'elle mouvait avec une élégance remarquable. L'école ne l'intéressait pas, hormis les cours de biologie.
Elle écrivait un journal intime, pas plus de trente mots chaque jour, pas moins de vingt.

Ils pourraient se croiser un jour, par exemple dans une gare. Ou être réunis dans un même ascenseur des Galeries Lafayette d'une grande ville de province.

Ils pourraient aussi ne jamais se croiser, ne jamais se connaître et mourir sans même s'imaginer.


























Fabrication de papier antemoro


une autre étape de la fabrication


mercredi, juin 06, 2007

Insomnie







La nuit est une grande pourvoyeuse de sentiments poignants
Qu'un simple verre d'eau apaisait, avant

Compter les secondes et les heures à venir
Celles qui me restent à vivre et que je voudrais retenir

Je suis assez vieux pour avoir une histoire
pas encore assez pour ne plus y croire

Et au fil des heures

filent les heures


Et ce matin du jardin vient une odeur de frais
Des chants d'oiseaux et l'envie de danser
Être vivant est un don

Le présent porte bien son nom

lundi, juin 04, 2007

marcher sur l'eau...


















...Ou marcher sur terre ?
Un moine zen (il y a longtemps) chemine sur une route. Arrivé au bord d'un fleuve il apprend que le pont a été emporté par les pluies et donc on ne peut pas traverser.
Il demande à un homme s'il y a un autre point de passage et l'homme lui répond que oui, à 40 kilomètres en remontant le courant mais que l'absence de pont n'est pas un problème. Il fait une courte prière et commence à traverser en marchant sur l'eau, après quelques pas se retourne et dit au moine "venez avec moi, je vous aiderai".
"Non merci" dit le moine qui reprend sa route vers l'autre pont. "Si j'avais su" murmura t-il "je ne lui aurai même pas adressé la parole!!".

mardi, mai 29, 2007

T'es du Quart / monde, mec...
























Il vit dans les villes
A Marseille ou à Lille
Dans les QUARtiers de pierre
A l’écart de la Terre
Le Quart Monde où la folie gronde
Et la colère / Et la fronde

A Paris à Marseille ou à Lille
SANS papiers SANS domicile
Ils sont SANS ils sont cent mille
Et sans espoir, à part durer
Jusqu’à ce soir et recommencer

A Paris à Marseille ou à Lille
Les rues où ils marchent où ils dorment aussi
Sont les rues où je marche / moi aussi
Je les vois pas je les écoute à peine
C'est qu'ils parlent mal et c’est pas des poèmes
C’est pas des rimes / riches
Derrière amour y’a pas souvent toujours
Y’ a sexe qui rime avec jamais / Et je t’aime se dit à l’imparfait

Avant qu’ils montent aux barricades
Faudra donner nos mots / à ces nomades

A Paris ou à Lille
Sans papiers sans domicile
Comment construire un moi / solide
Quand on n’a qu’un toit / de vide
Au dessus de la tête
Un toit vide sans qu’un jour ça s’arrête
Parce que voyez vous
Ils seront toujours sans toit / tant qu’ils seront sans nous

A toi mon semblable à toi mon frère
Je dédie ces quelques vers
Quand on s'ra mort dans le même cimetière
Ton cadavre à côté du mien j’espère
T’auras un toit / le même que moi
On s’ra dans la même terre
Et on pourra enfin partager … un ver

Mais faut craindre que même mort
On mette ton corps
Quelque part A l’écart

C’est que tu es du QUART/ monde
Mec t'es du QUART / monde
T'es du QUART / monde

lundi, mai 21, 2007

trois fleurs dans les yeux...









Rome, unique objet...
























J'écoute, de vieilles musiques. Celles de quand j'étais jeune, je me rappelle la folie, les rêves. Tout était au creux de ma main, le monde entier. J'étais déraisonnable, j'avais raison.
Je suis devenu sage, je rêve encore, je rêve mais je sais que ce n'est pas vrai. Que ce ne sera plus jamais vrai.

Pourtant il y a les choses venues, l'océan immense, la force peut-être de me savoir fragile et de n'avoir plus peur. Il y a les fleurs qui naissent sur un arbre mort ou sur un rocher – flowers on a rock, la chance de vivre, l'émerveillement parfois.

Mais il y a encore des jours, des jours où je regrette.



DITES, SI VOUS CONNAISSEZ QUOIQUE CE SOIT DE PLUS BEAU QUE MARIA CALLAS CHANTANT L'AVE MARIA DE SCHUBERT, DITES LE MOI.













Rome ...

dimanche, mai 13, 2007






























les bergers




Paresse ... paresse....

jeudi, mai 03, 2007

Sil ...

















les maisons roses
à Fianar




... Silence, c'est tout ce que je sais dire.

Il y a des mots pourtant et je pourrais en dire dix mille mais je ne leur fais pas confiance.
Leur chemin de la sensation au sentiment, du sentiment à la bouche, de ma bouche à l'oreille de l'autre, puis de son oreille à son propre sentiment, puis à sa bouche, à mon oreille encore et à mon sentiment, leur chemin est long, bien trop long.

Ils arrivent, les mots, usés et râpés; leur pâle mine les oblige à se parer d'oripeaux d'or pour être seulement entendus, mais savent-ils eux-mêmes qu'ils n'ont plus rien à dire ?
Je veux dire: rien de vrai. Au contraire, ils portent leur propre vérité infiniment variable, infiniment variée. Ils volent le sens, le travestissent comme un misérable habillé en prince et nous trompent, car que regardons nous sinon la parure ?
Ou bien (mais en fait : en même temps) ils portent leur propre vérité et, comme un courant fort emporte avec lui ce ou ceux qui les frôlent et qui y croient, ils embarquent ceux qui les croient et qui les frôlent.

J'embarque. A chaque fois j'embarque et commence un dangereux voyage, un dangereux langage. Lorsqu'enfin je reprends pied sur la rive du réel, après que longtemps soit passé, je ne sais plus où, je ne sais plus pourquoi.
Je me rappelle avoir pris la barque des mots, avant que ceux-ci aient fait tempête d'eux-mêmes, tempête de moi, d'elle, de nous.
Que nous étions la tempête, la barque, l'océan et la plage.

Tout ce que je sais dire, c'est Silence.

mardi, mai 01, 2007

En Voyage

VOYAGE

Cortège d'odeurs pour les plus attentifs
cartes postales pour les autres


EXIL

Les journées passent, le corps s'alourdit
le corps de l'autre est intérieur
toujours


TEMPS
De la poussière dans un rai de lumière
des objets du siècle cassé
une femme parle de la mort de sa mère
je sais ton corps à côté de moi





Après midi

En ville quelque part
Un couple fait l'amour
Un autre se sépare







peut-être que les deux zébus sont fâchés, l'un contre l'autre ?