samedi, novembre 06, 2010

CHRONIQUES DE L'HOPITAL



Dimanche 7h00 du matin Aéroport Charles de Gaulle

A l'intérieur c'est grand comme une ville. De milliers de personnes vont et viennent.
Des voyageurs vont, seuls, en famille ou en groupe.
des personnels en uniforme viennent, seuls ou en groupe.
Ds militaires armés vont, des policiers viennent, des douaniers, des porteurs, des taxis, des hommes, des femmes, des grands, des petits, des blancs, des noirs...
Les haut parleurs disent d'une voix douce "Papeete", "Los Angeles", "Bangalore".

Ici chacun a quelque chose à faire, en tout cas chacun fait quelque chose.
Une des larges portes qui donnent sur le dehors s'ouvre en coulissant. Entre un homme vêtu d'une chemise de nuit orange jusqu'au milieu de ses maigres mollets, de chaussons bleus et de gants gris en laine.Il est imberbe, il a le visage ridé et d'immenses yeux bleus ébahis.
Il frissonne de froid et frappe ses mains l'une contre l'autre.. Puis il sourit et avance lentement sur le marbre du gigantesque hall.
Au milieu des gens qui vont et des gens qui viennent, lui, il est arrivé.


7H30
Un faux bar de ville au milieu du hall. Trois tables sont occupées, c'est l'heure du petit déjeuner.
Au comptoir, un homme dans la quarantaine, élégant, mince, boit un café. Il ressemble à Dominique de Villepin, encore plus mince.
Il a des cheveux gris mi-longs, permanentés, soignés. Il ne cesse de se regarder dans la glace du comptoir, il se lisse les cheveux avec les deux mains, se regarde encore puis adresse la parole à la serveuse du bar et au gros serveur dans la salle. Un long discours ponctué de lissages de cheveux, de regards dans la glace. Les serveurs font "oui", "oui", "ah!", "oui".

Après plusieurs minutes, l'homme interrompt son discours, se regarde dans la glace, lisse ses cheveux, prend son manteau et son cartable et s'en va. Lorsqu'il s'est éloigné, le gros serveur dit "Quel con !".

7h45
Je vois un enfant brun tenant la main de son père. Je me rappelle que dans deux jours, je serai à l'hôpital.



HOPITAL 1
(Toujours aussi redoutable page blanche) d'autant que je n'ai pas d'ordi sous la main. J'écris "à la main".
Ecrire... Il y a quelques années j'écrivais beaucoup de petites choses. Puis après avoir essayé sans succès d'en écrire une grande, j'ai recommencé les petites choses mais il y en a eu très peu. L'envie et le plaisir n'étaient plus là.
Alors, "peu" a laissé peu à peu la place à "rien". Ou presque rien, à part mes incursions sur le blog. Le plaisir n'était plus là. Il était là quand les pages s'écrivaient toutes seules, sous l'émotion agissante, présente. Plaisir lorsque je découvrais le texte achevé (découverte puisque je ne savais jamais en écrivant un mot quel serait le suivant). Un plaisir qui n'était pas quelque chose de palpable mais à la fois un plein et un vide.
Faut pas chercher à comprendre, vide d'avoir lâché quelque chose, plein de l'avoir lâché. Faut pas chercher à comprendre.

Maintenant j'ai du temps disponible, haché et morcelé puisque c'est le rythme de l'hôpital. Que faire de ce temps en morceaux, puisque je ne puis qu'attendre ? Moi qui ai cru tant de choses ces dernières années, "des choses".
Par exemple que je serai toujours jeune, éternellement. C'est con, je sais que pour ça il faut rencontrer le Diable et faire un pacte. Or, je n'ai rencontré ni le Diable ni son complice, Dieu.
Du coup je suis nu, à l'hôpital (dela fenêtre je ne vois pas la mer, mais Marseille et au delà les collines du massif de l'Etoile)

Oui j'ai cru que je ne vieillirai jamais. Bien sur les enfants ont grandi, bien sur je suis grand père, bien sur mes parents sont devenus très vieux. Mais enfin, cela concernait les autres, pas moi.

Hôpital, je pourrai en profiter pour "sortir de mon corps", d'une manière que j'ignore, ne pas être concerné. Je me dis aussi à d'autres moments que ce doit être une bonne occasion de devenir adulte, occasion que je ferai bien de saisir. D'un côté le fantasme de m'évanouir, de l'autre celui de tout contrôler. Ma tête travaille...

Pourtant l'envie qu'il y a dans mon ventre, c'est accepter. Ouh là le mot new age ! Oh le joli mot que chacun il sait ce que ça veut dire et que même il y a des milliers de livres qui expliquent comment il faut faire (on m'en a même offert un d'ailleurs).
Mais comment on fait, comment je fais ?

Je ne fais rien. Je n'essaye pas de faire, de gagner quoi que ce soit ou de dépasser quelque chose. Rien, ça veut dire ne rien laisser et ne rien prendre.


Ce matin au réveil je bandais. Un bon moyen d'attendre, frustrant mais rassurant.
Un autre moyen d'attendre, écrire les deux premiers mots qui me viennent en tête. Train et autoroute. Tiens, ce sont des mots de fuite.
Encore un autre moyen : devenir végétal, mais attentif.
Ce que j'aimerais par dessus tout, c'est danser.


HOPITAL 2

Il y a un très long couloir, peut-être 100 mètres de sol luisant et sombre. Des petits espaces latéraux avec quelques chaises en acier et une table basse en plastique. Ce sont les lieux de convivialité et ils sont vides.

Marseille a gagné un match de foot par 7 buts à 0, et à six heures pile, prise de sang. Obama battu aux élections de mi mandat et à 9heures, écho Doppler. Hu Jintao en visite à Paris et à 10heures, je descends à la cafétéria manger une part de tarte aux pommes.
J'en profite pour acheter Libé au kiosque.
Libé parle de foot, de Obama, de Hu Jintao.
Heureusement, je suis là pour donner la vraie info.



HOPITAL 3

Maintenant il fait nuit. Dix étages plus bas le Boulevard Sakakini bourdonne et la Ville allume des millions de lumières fragiles et tremblantes.
Plus brutalement que le jour, la nuit souligne qu'il y a un dehors et un dedans et la fifférenceentre ceux qui sont dehors et ceux qui sont dedans. Mais cela ne concerne que les humains. Et les humains, ils passent seulement. Et tous sont dans la Ville, qui est plus grande, plus forte. La Ville reste et restera.

Pourtant elle est un bourdonnement et des lumières fragiles.


HOPITAL 4

Quand j'étais gosse, nous avions l'habitude à la question "Pourquoi.....?" de répondre ".. Pourquoi pas ?" et j'éprouvais alors un sentiment de puissance, clouer le bec à quelqu'un mais aussi j'en devenais un peu mieux convaincu que "pourquoi pas...?".
Pourquoi pas, puisqu'il faut bien faire quelque chose. Parce que ne rien faire c'est mal, c'est ne pas être acteur de sa vie. Parce que ce n'est pas une attitude virile. Alors tant qu'à faire, "pourquoi pas...?"

Sentiment de puissance, mais vain.
Ne pas faire est difficile (d'abord parce que ce n'et pas héroïque).
Etre là où je dois être plutôt que là où je veux être. Comme je dois être plutôt que comme je veux être.
Où ? Ici. Comment ? Comme ça.
Comme en zazen, immobile, silencieux, relâchant les tensions, gardant seulement celles qui sont utiles pour rester droit.

Peur et envie, la Voie du Milieu n'est pas "entre les deux" mais "avec les deux" puisque j'ai peur, puisque j'ai envie.
Entre les deux, avec les deux... Pourquoi pas ?

mardi, octobre 26, 2010

délices, et orgueils




Envie d'été
La terre endormie écoule la pluie
souveraine dénouant le chaud
sable du sablier du ciel

Elle aime aussi la nuit
comme vous
vous aimez la nuit


Fragments
Un long écoulement de chenilles
à mi-bois de l'arbre
lui pour mourir vivre pour elles

mais qu'importe dit-elle
l'étreinte est si belle


Fêlure
L'amante à l'amant
la tentation de Venise
que l'étreinte oblige

lorsque l'âme est en voyage
qu'importent les paysages

l'errance me guide
j'ai la patience tranquille
d'un âne en voyage

Pour vous guetter

dimanche, octobre 24, 2010

Le sens kasher des mots




Il y a des chemins secrets qui vont d'un mot à un autre. En fait, il y en a mille que les kabbalistes par exemple sont très forts à explorer.
Notre langage est un Univers, un Cosmos indifférencié puisque chaque mot peut se résoudre en un ou d'autres mots, et en tous les mots si je veux. C'est pourquoi la lecture des dictionnaires m'étonne et m'émerveille, le sens d'un mot expliqué par d'autres mots, eux-mêmes expliqués par d'autres qui sont eux-mêmes... sans fin.
En existe t-il un, un seul, dont le sens ne pourrait-être expliqué par la parole mais seulement par un geste ou par un souvenir ou par un cri ? Aucun chemin ne le relierait à d'autres mots, il échapperait à notre logique, seul notre corps...
Ce mot sans lien avec d'autres n'existe pas. Celui-ci peut-être s'en approche : "au delà".


Cela revient à un très ancien fantasme, ou désir je ne sais pas, qu'au final le monde ne soit pas logique. Qu'il existe quelque part une contradiction insoluble, une chose qui soit en même temps (A) et (Non A) comme disent les logiciens. Et cela sans utiliser d'artifice - de langage ou de pensée - sans se cacher derrière le masque des rêves ou des illusions, ou le pratique fourre-tout de "Dieu".
Une vraie contradiction, féroce et brutale.


Je suis condamné à écouter France Inter, il n'y a que ça ici.
J'écoute donc dans le poste une des inombrables interviews d'un des inombrables "artistes" venu faire la promo d'un des inombrables films, livres, pièces de théâtre... qui fait l'actualité.
Les habituels lieux communs se déversent.
Les "journalistes", oublieux de tout esprit critique, tendent la perche, cirent les pompes, lèchent le cul et s'ébahissent du talent de leur "invité" - entre guillemets parce que ce sont des chargés de com' qui concoctent ces "invitations" - heureux du vide total de leurs réponses.
Vides mais attendues, convenues et convenables, formatées.
Vides mais le bruit qu'elles font emplissent un moment le terrifiant silence.
Vides mais elles l'étaient déjà hier et elles le seront autant demain.
Aujourd'hui c'est Higelin, hier c'était Higelin ou un clone tout pareil, demain Higelin ou un clone tout pareil qui occupe mon temps de cerveau disponible. La seule information qu'apporte sa présence c'est qu'il vend un nouvau disque ou une nouvelle tournée.
Il dit "... c'est comme en méditation, une sorte d'état second..."
J'éteins la radio.


Dans le catalogue des idées reçues sur la méditation, je me rappelle xxxx??? j'ai oublié son nom, petit et rond et il marchait les pieds tournés vers le dedans, Directeur Informatique. "Moi, je n'ai pas besoin de méditer parce que le soir, quand je rentre à la maison je me pose dans mon fauteuil avec un whysky et pendant une demie-heure, je ne pense à rien".

mercredi, octobre 20, 2010

Si Paul a la tête à Toto, où est la tête à Paul ?




Je consomme
Tu consommes
Il ou elle consomme
Nous sommes cons
Vous consommez
Ils ou elles consomment

Cela dit, consommer, j'aime. Consommateur compulsif j'étais, mais à Mayotte ce n'est pas possible. Donc vous pensez, parce que vous êtes logique sinon vous liriez un autre blog intéressant comme celui-ci, vous pensez "il fait des économies". Eh bien non, et depuis quelques mois je me demande bien comment je fais pour dépenser tous mes sous sans rien acheter.

Pourtant je ne vais pas voir les filles (eh eh ce sont elles qui viennent me voir…), je ne voyage pas tant que ça, je vis dans une maison simple, j'ai une 206 Peugeot, je n'ai aucun frais de chauffage. Mes chaussures pour le week-end : une paire de tongues que je renouvelle tous les six mois (voir sur la photo ci-dessus l'image atroce d'une paire de tongues abandonnées) et je fais le ménage moi-même.

C'est peut-être dû au prix des légumes.

jeudi, octobre 14, 2010

TaTouMa




Il y a longtemps j'écrivais des poèmes sans rimes. Ou bien des textes de poésie sans raison.
Et j'en ai lu beaucoup.

Avant j'avais passé ma jeunesse et une partie de ma vie d'adulte à lutter contre l'amour de la poésie et de la danse. La poésie j'en lisais à condition qu'elle fût classique, hexadécimale et adoubée. Au-delà de Rimbaud je me méfiais (il n'a pas fait que des alexandrins, cela dit…)
De la poésie j'admirais le rythme, la rime, les complexités et les subtilités, la performance technique. Mais je refusais de me laisser troubler par les sentiments, je refusais d'être saisi par le plaisir. Ah, ce plaisir fourbe ! Ah, ces élans puissants qui menaçaient de (de quoi… je ne sais pas)
J'en avais peur, panique à tous les étages.

En même temps je ne cessais de m'en approcher, de feuilleter dans les librairies et les bibliothèques des ouvrages tirés du rayon poésie que je n'emportais jamais, parce qu'ils ne ressemblaient à rien, sans rimes ni raison.
J'allais comme un pervers honteux au rayon porno des librairies, feuilletant, hésitant, tripotant. Et finalement partant avec un France Dimanche sous le bras, une érection hors contrôle dans le slip et dans la tête, mais avec un journal présentable.

Je commettais quelques alexandrins, bien entendu. En deux fois six si possible avec des sentiments vastes et profonds, universels et autant que possible tragiques, car seule la mort était à la hauteur de ma poésie, et encore pas n'importe laquelle (il y en a plusieurs sortes, le saviez-vous?).

Bon, parfois ils étaient d'un genre plus aérien :
"…Il suffit d'être un cul mais pourquoi déprécier
Cette noble partie sur laquelle tu t'assieds…", vous voyez, légers.

J'ai également inventé trois genres nouveaux, l'Alexandra, le Constantin, le Paradis Celtique. L'Alexandra est un vers qui fait douze pieds mais seulement en moyenne (un vers de onze pieds est compensé par un vers de treize pieds).
Le Constantin est un vers qui fait le nombre de pieds qu'on veut à condition qu'il y ait dedans le mot "main" ou le mot "demain", afin de compenser l'injustice du décompte en "pieds".
La Paradis Celtique commence automatiquement par les mots "Par Toutatis" et se termine par les mots "Je crois que suis mort" et doit faire dix pieds exactement. Il rime forcément et seulement avec "corps", "tort" ou "débord".

J'en ai inventé d'autres mais j'ai oublié…

Aujourd'hui je n'écris plus de poésie et voyez le résultat : le chômage augmente, la suppression quasi certaine du bouclier fiscal et les pluies d'automne mais j'hésite à m'y remettre, je manque de désespoir.

lundi, octobre 11, 2010

Prendre son Pied





Non pas "la" Musique, mais des musiques au fil de mon histoire. Canned heat, Léonard Cohen, La Callas, Oum Kalsoum, Catharsis, King Crimson, Haendel, Brassens et Brel, Philipp Glass, Munir Bachir, Monteverdi, Hamza El Din, John Coltrane, Berlioz…
D'autres sans doute, un vrac de rencontres et d'instants.

J'ai quine ans, je lace mes chaussures à pointes avant une course à Maison Laffitte -Canned Heat "going up the country".

J'ai dix neuf ans, la drogue, beaucoup de colère - King Crimson, Haendel.

J'ai vingt et un ans, je suis fou d'elle et le monde est parfait, elle est folle de moi - Les Doors, Catharsis.

J'ai presque quarante ans et je dois tout reconstruire car l'Univers s'est effondré sur mes épaules. Je suis pourtant heureux, étrangement et superbement heureux - La Callas, Haendel à nouveau, Munir Bachir.

J'ai quarante ans, le Bouddha - Philipp Glass, Haendel, Yoyoma, Coltrane

Moments de bonheurs, d'égarements, de dévastation, de rigolades, d'amours. Pas forcément intenses, recueillis ou même ennuyeux tout autant - Brassens.

Mais toujours une porte s'ouvre sur… sur quoi ?
Je ne sais pas sur quoi, mais je peux le vivre.

vendredi, octobre 08, 2010

Caiche de Chécurité Chochiale




Par exemple,
une ombre qui aurait son avis sur le monde et les choses, qui ignorerait le droit chemin et la morale; qui frapperait un enfant pleurnichard, qui volerait un pauvre, aveugle en plus et qi arracherait les yeux de ceux qui l'énervent. Et encore pire.
C'est un exemple. Eh bien, le monde serait plus désagréable à vivre que celui où nous vivons actuellement, sauf peut-être pour les fourmis.

Evidemment vous pensez tous à l'inverse, il y aurait des ombres douces et aimantes (etc...). Eh bien le monde où nous vivons serait plus agréable etc, sauf peut-être pour les fourmis.

Conclusion : nous sommes en plein milieu, entre deux. Mais pas les fourmis.





Les fourmis justement. J'ai connu une brève passion pour elles, du temps de mon adolescence tardive. Il y a des guerres entre tribus, féroces, guerres d'extermination le plus souvent. Pourtant je n'y voyais là ni bien ni mal. Rien que la vie des fourmis, intéressante.

Alors vues de Sirius peut-être que nos guerres sont intéressantes. Mais n'y voyons ni bien ni mal.



Les guerres, justement. Pour faire des guerres, il faut une armée, avec dedans des tas de soldats mais aussi
des gênés rots
des capiteigneux
des lieuteniant toute responsabilité
des Serre Jean-Marie
des Kapos râlant
et des Maréchauds, chauds, chauds mais qui ne bandent plus en dessous de mille morts. D'où les guerres.


L'armée, justement. Puisque pour faire la guerre, il faut une armée, si je supprime l'armée, je supprime la guerre. Et réciproquement mais vous remarquerez que
si je supprime la guerre, Sirius ne s'intéressera plus à nous (enfin, il restera toujours B. Hortefeux)



Les extraterrestres de Sirius, justement. Qui nous dit qu'ils sont extras ? Si ça se trouve, ce sont EUX qui ont tous la tête d'Hortefeux, et c'est pour ça qu'ils ne se montrent pas.
De mon temps, il y avait Raymond Marcellin, maintenant je l'aime bien Marcellin.


dimanche, octobre 03, 2010

Trésors haut perchés




Des femmes parlent à côté de moi une langue que je ne comprends pas, sauf quelques mots par moment "string", "mzungu" (le blanc), "téléphone".


Diverses conversations m'ont appris que "mzungu" ne relève pas seulement de la couleur de la peau mais réfère à un statut social, une histoire, des attentes quant au comportement, à un fond de colère aussi. Je ne me reconnais pas vraiment dans cet habit là, qu'on me colle malgré que je suis métis. Il faut le porter quand même, parfois c'est agaçnt.


J'ai beau faire, la cuisine reste un mystère. Après 56 ans passés sans FMO (four micro ondes), j'en ai acheté un sur la foi du témoignage d'un voisin sûr de lui, certifiant qu'on y faisait cuire de très bonnes bananes.
Lors de la première utilisation, je l'ai trouvé étrange mon FMO. Après une inspection minutieuse de l'objet, il s'avère qu'il est en fait de l'espèce "four électrique", génétiquement proche du FMO, comme un chimpanzé est proche de l'Homo Sapiens Sapiens. Mais sans plus.
Je n'ai pas perdu courage et après un appel d'offres couronné de succès, une jeune voisine est venue faire cuire un gâteau, recette à la main. Après des difficultés de dosage (et l'aveu qu'elle n'avait jamais fait cuire de gâteaux de sa vie), nous nous sommes penchés sur la recette, bientôt aidés par la petite soeur appelée à la rescousse, puis d'une autre voisine et enfin d'une dernière personne que je ne connaissais pas. D'ailleurs personne ne la connaissait, semble t-il.
Nous avons fait cuire le résultat de nos essais à 240 degrés pendant vingt minutes. C'était mou, nous avons remis quinze minutes de plus, toujours mou. Encore dix minutes, c'était mou et brûlé.
Conclusion, matériel inaproprié sans doute.

jeudi, septembre 30, 2010

Loi de Finances




Selon les journaux, samedi soir un homme a été surpris par la police en train de violer un zébu. Il a avoué que ce n'était pas la première fois, que le zébu le reconnaissait toujours et qu'il était obligé de l'attacher car elle (le zébu, une femelle je suppose) n'avait pas l'air d'aimer ça.
L'article s'achève par ces mots "la police enquête pour retrouver le propriétaire du zébu". Comme je m'en étonnais, on m'a expliqué que selon la loi musulmane le zébu en question ne pouvait plus être consommé car ayant eu des rapports sexuels avec un homme, il, ou elle, était devenu comme un humain et donc, pas mangeable.
Dormons en paix car tout est prévu.

Depuis trois ou quatre jours, mon sommeil est si lourd que le matin, je n'entends plus le premier chant des appels à la prière. Lorsqu'on est tout près d'une ou de plusieurs mosquées c'est pénible (le réveil à quatre heures et demi…) mais quand on est un peu loin ça fait une multimélopée que j'aime beaucoup (multi parce qu'il y a en général plusieurs mosquées dans chaque village).
Mais en ce moment, je dors comme une souche.

Pluie ce matin. Ploc, ploc, ploc, l'eau du ciel chatouille l'eau du lagon, ploc, ploc le lagon rit et les eaux se marient.

Puisque les "lapsuces" sont à la mode en ce moment, en voici un – un lapsus auditif - qui est toujours dans ma tête lorsque j'entends à la radio… euh, bon, j'ai oublié…ah voilà au lieu de "loi de finances", depuis que je suis petit j'entends "Louis de Funes".

jeudi, septembre 23, 2010

Un canard à l'Orange




C’est à qui …

… le monde ?

… le livre de poésie à couverture bleue, ouvert à la page 101 qui commence par "pendant que tu dors, je traverse les nuages et tu ne le sais pas… " ?

… la paire de chaussures dont il manque une chaussure ?

… la lettre d'amour, quelques mots, posée sur une grosse pierre " je t'aime Nael Farda love" ?

… le sourire si joyeux que j'en ai oublié de regarder qui était autour ?

… l'enfant tout nu qui pleure et sa grande sœur (elle a au moins six ans) qui le gronde ?

… et la mer, et les poissons, et les coraux rouges et verts, et bleus, et violines ou orange ? Cela, ce n'est à personne, c'est là.

samedi, septembre 18, 2010

Sainte Hélène.




Il est capable de mentir. Il est capable de voler. Capable d'égorger un homme, de tuer une femme ou un enfant. Il est capable de poser ne bombe dans un autobus, un marché, une mosquée ou une église, une école ou un cinéma. N'importe où. Et de la faire exploser.

Mais jamais, jamais il ne mangerait du cochon.

mercredi, septembre 15, 2010

L'odeur du temps








Petits bonheurs



- Avoir très très envie de faire pipi et être loin de toute occasion de pouvoir le faire; brusquement la solution inespérée se présente. Et enfin faire pipi.

- Avoir très très envie de faire caca et être loin…

J'ai expérimenté les deux situations. Ma conclusion est sans appel : le deuxième petit bonheur est bien plus grand que le premier.


- Trouver dans la poche d'un vieux pantalon de week-end un billet de dix euros oublié il y a longtemps.


- Découvrir un texte anonyme recopié au hasard il y a dix ans sur internet, caviardé par le temps "les mains plantées dans l'incendie des fleurs, j'ai démonté la mer …(illisible)"
et trouver que c'est très beau ainsi (sur Google impossible de rien retrouver)


- Faire zazen sur le petit zafu de voyage ramené de Paris, et découvrir que malgré sa couleur moche il est très confortable.


- Avoir comme programme du dimanche de ne rien faire du tout et le respecter scrupuleusement malgré les pièges sournois de l'Univers, de l'Ordinateur, des Voisins et de la Machine à Laver le Linge.


- Rien sauf un Tatoumi de : pommes (beaucoup)/canelle (trop)/gingembre (trop)/poivre (trop)/sucre (trop)/vanille (trop)/sirop de fraise (trop)/citron vert (trop)/eau (très peu)/rhum (trois gouttes) et dans un geste fou, un demi petit ananas. Mixer le tout dans le blender réservé aux choses sucrées, mettre au frais et trouver que c'est délicieux.


Le Tatoumi est une recette de Charlotte
 Ouvrir le frigo et tout sortir (absolument tout)
 Ouvrir le garde manger et tout sortir (absolument tout)
 Mélanger l'ensemble des ingrédients en quantités aléatoires, entre beaucoup et trop, sans faire attention pour que ce mélange soit définitivement unique
 Selon les cas, passer l'ensemble au mixer ou au four
Et ça fait un Tatoumi où t'as tout mis.


- Offrir le texte "Femme d'Arabie" de Aaron de Najran


Dessine d'abord un visage
une âme
et des yeux profonds comme des ambres
Esquisse le contour d'un sourire
et pose-le sur le visage.

Dessine ensuite un corps, au crayon fin
avec deux pommes des seins
un cœur qui bat
et une robe d'aquarelle
Décore tout avec des grelots d'argent
des perles de verre
et une cerise de corail
Parfume d'un grain de santal
ou de cannelle.

Vérifie ensuite que tu n'as rien oublié
chevilles, cils, grains de beauté…
quand tout sera en place
tu verras le dessin se mouvoir
de lui-même
comme une algue

Maintenant, la dernière touche
la plus importante
Renverse l'encrier sur le dessin
d'un coup, sans hésiter
il faut que l'encre recouvre bien le dessin
de la tête aux pieds
comme une cagoule
et l'encre doit être bien noire
bien mate
pour étouffer les rires et les cris.
Si les doigts dépassent
coupe-les
de même les pieds.
Voilà, le portrait est fini
c'est une femme d'Arabie.
Ce sera ta mère, ajouta-t-il doucement
~Aaron de Najran~

jeudi, septembre 09, 2010

EN VRAI




En à peine deux mois mon paysage intime s'est transformé (totalement).
Dessus est devenu dessous, la gauche est à droite et
"Que dirais tu l'ami si je mets à l'endroit
ta ta ta tati tatata que je crois"
... et l'endroit est en vers...
.
.
.
Je me rends compte que des gens m'aiment alors qu'ils n'ont pas besoin de moi. Et je n'ai pas forcément besoin de ceux que j'aime.
Je continue pourtant à faire des conneries à cause de mes défauts de toujours, dont je ne dirai rien pour ne pas choquer.
"Et l'endroit reste en vers
Comme moi : de travers"
.
.
.
Des nouvelles de l'île
Une barge qui relie Petite Terre à Grande Terre s'est échouée sur les cailloux de la rive, la marée était trop basse.
Le maire de Koungou a été mis en examen.
Un maki s'est cassé la gueule depuis le papayer, puis il a filé tout honteux.
Le prix du sambos à Dembeni a augmenté de trois centimes.
Tout le monde attend la fin du ramadan pour faire la fête, bombance, et montrer ses nouveaux habits.
Mon nouveau voisin fait la "salutation au soleil" le matin sur la terrasse
"je vais le rejoindre au même endroit,
je suis de travers je serai droit"

dimanche, septembre 05, 2010

Flute de Pan

Jour 1 : les parents perplexes...



Messieurs : pour vous une technique imparable pour séduire les femmes (et les hommes aussi)

Après plusieurs décennies d'échecs, de vestes et de ratés, j'ai enfin découvert LA technique de drague imparable, garantie à 95,5%.
En quelques minutes les femmes les plus belles, les plus désirées, les plus inaccessibles vous ouvriront leurs bras. Oui vous avez bien lu, en quelques minutes seulement !!!

Enfin vous serez le centre de leur attention, de leurs causeries, de leur(s) amour(s)!!

C'est très simple et il n'est pas besoin d'être riche ni particulièrement beau, ni spécialement costaud, ni une vedette du show Biz. Il suffit d'un regard et d'un sourire. Tellement simple que peu de gens y pensent en fait…

Ce secret, je vais le partager avec vous, gratuitement et immédiatement.
Le regard : léger, plutôt "regard aux anges", pas insistant. Un peu abruti, ça les attendrit encore plus.
Le sourire : flottant, comme s'il reflétait votre bien-être intérieur

Et voilà, c'est tout et ça suffit à condition de remplir cette unique mais indispensable condition d'avoir moins de six mois.

jeudi, août 19, 2010

Comment devenir gâteux...


... sans drogue, sans alcool...

Ah, au fait, c'est un garçon et il s'appelle Tibo.



.

mardi, août 17, 2010

jeudi, août 05, 2010

Quel pays étrange...

Je suis arrivé en métropole hier. Il y a des panneaux publicitaires montrant Johnny Halliday dans un paysage de montagnes. 

Ecrit  en gros "une deuxième paire pour 1 €"

La métropole c'est formidable !!



Ceci est une photo d'une fille nue, mais elle n'est... comment, je l'ai déjà dit ? Ah bon, mais c'est parce que le sexe attire les internautes et  je dois rebooster l'audience.  Cela dit la trouve très belle. 

vendredi, juillet 30, 2010

L'ours en cage

Mon corps est devenu transparent et la vie un horizon à regarder. Ou une rumeur, chose légère dont on aime parler mais ne nous concerne que de loin. Puis tout a repris son cours normal et, pour cette fois encore je suis redevenu ma propre télé.

Ah ! Que de temps perdu que je ne cherche plus. Je n'y ai jamais cru, je suis né ce matin.

A priori, sur le dos du crocodile on ne doit pas risquer grand chose, surtout qu'il est empaillé.



Ceci est une photo en couleurs de fille nue, mais elle n'est pas nue. Et ce n'est pas une fille. Ce n'est pas une photo non plus mais j'insiste : elle est en couleurs.

lundi, juillet 19, 2010

Eau sauvagE





- Jacques Fretay, vous avez accepté, après un long silence, d'accorder un entretien à l'Envol de la Baleine. Pourquoi avez vous gardé un tel silence pendant plusieurs mois ?
- Euh… je sais pas, en fait euh… Peut-être que… euh... j'en sais rien
- Pensez vous que vous avez maintenant autre chose à écrire, une œuvre peut-être à construire ?
- Euh… à vrai dire, je voudrais… euh… je voudrais dire, enfin écrire, euh… je sais pas en vrai… je verrai bien.
...
- Avez-vous quelque chose à ajouter ? un bonjour à votre famille peut-être.
- Bonjour maman… euh… papa aussi, oui et les enfants… et… euh… Vous allez mettre quoi comme photo sur le blog, une fille nue ?
- Merci Jacques Fretay, je suis certain que vos déclarations vont passionner notre lecteur.

jeudi, juillet 15, 2010

Le Caravage



- Qu'est ce qu'une larme ?
- C'est l'instant d'hésitation entre une perle et demain
- Pourquoi me dis tu ça ?
- Tu m'as posé une question
- Non, je n'ai pas posé de question, j'ai dit "qu'est ce qu'une larme ?", ce n'était pas une question
- Oh, tu sais, ce n'était pas une réponse


mardi, avril 20, 2010

Poster rieur

Petit maki dans le jardin
fait l'acrobate et le malin
mais tel le paon d'Appollinaire
il nous le montre son derrière

mardi, avril 13, 2010

Une excuse valable



Une dernière touche, dans les ocres bruns sur le coin du bec de l'oiseau sur l'épaule gauche, une évocation de l'Esprit.
"Voilà, c'est fini tu peux rentrer, passe demain je te paierai… voyons nous avons fait huit séances de pose c'est ça ?"
"Neuf, nous en avons fait neuf dont une de douze heures qui compte double"
"Ah oui, oui c'est ça, donc neuf séances et…"
"Dix séances, neuf dont une qui compte double ça fait dix"
Le peintre pesta intérieurement contre ce modèle qui savait compter. "Je devrais lui donner trente deniers c'est ce qu'il mérite.." mais il le garda pour lui.

Pendant ce temps le Christ se rhabillait lentement, ankylosé par la longue séance. Cette fois c'était une descente de croix, un sujet particulièrement épuisant. Mais il pestait, lui, contre ces humains qui n'écoutaient pas ses sermons (pourtant il les avait travaillés pendant deux mille ans, jugeant que la première fois il n'avait pas été assez clair). Mais les humains n'entendaient rien, il n'adoraient que son image et répétaient des bouts de phrase dans leurs églises d'où un curé l'avait chassé une fois. "Allez dehors, pas de barbu pouilleux dans mon église, et juif en plus. Allez ouste, du balai…"
Alors parce qu'il fallait bien vivre, il posait chez des peintres qui peignaient le Christ. Le travail ne manquait pas, forcément il avait la tête de l'emploi.

Un jour dans la rue on lui demanda ses papiers. Il eut le tort de répondre qu'il n'avait que la parole. "Je suis le Verbe" dit-il, ce qui prouve qu'il n'avait pas intégré les bons réflexes.
"De quoi, on se moque ??? Chef, Chef, y'a un malin ici…"
On l'embarqua. On le menotta. On l'interrogea, on l'enferma, on le jugea mais on ne l'expulsa pas puisqu'il s'obstinait à répéter qu'il venait du Royaume des cieux et nul ne savait d'où il venait vraiment. De guerre lasse, on le remit dehors onze mois et vingt deux jours après son arrestation, libre.

Il retourna dans les bars gays qu'il aimait fréquenter mais les amis qu'il s'était fait, une douzaine de coquins libertins étaient partis au Larzac rejoindre une secte hindouiste.
Il était seul, sans savoir où aller ni que faire, sans argent, sans domicile… Rien !
Alors qu'il réfléchissait à son sort, assis sur un banc, un homme s'approcha de lui "incroyable, c'est incroyable, oh mon Dieu je rêve…" Le Christ le regarda, dans ses yeux toute la douceur du monde. En plus, l'homme était beau gosse, jeune encore et bien tourné.
"C'est incroyable, oh c'est une bénédiction, venez, venez… "
Le Christ de leva avec majesté. Enfin on le reconnaissait.
"Je suis peintre et publicitaire aussi, oh, venez, venez vous êtes parfait…Le modèle qu'il me faut ! Venez"

Il le suivit, allons, encore un peintre, il avait cru que… Mais il savait que son heure viendrait, qu'il serait bientôt connu du monde entier et que son message rendrait l'espoir aux hommes de bonne volonté. En attendant, il suivit le peintre.

Il posa et deux mois plus tard, après une campagne de publicité sans précédent, les premières boites de Vache Qui Rit s'arrachèrent en quelques heures.

dimanche, avril 11, 2010

Réduction du paquet d'ondes



G Malodo
J'aime Al'Odo
J'ai une malle au dos
Gémal Ado (différent de Gémal Adulte)

Bruits de femmes qui se disputent. Des voix aigues, rapides et criardes. Chacune cherche à faire taire l'autre

Projet : Malo dot
Ah voilà!! j'ai mal au dos
U n jet pour un mâle. Oh! que d'eau...

Jet -> Yacht
Mâle -> Coq
Oh! -> Bof...
Que d'eau -> Orage

Sur le Yacht les invités mangent un Coq. Bof... L'orage est plus intéressant

Yacht -> La Callas
Coq -> girouette
Bof... -> Beauf
Orage -> Humide
La Callas une girouette ? Son beauf est humide.

Maintenant un enfant pleure pendant que les femmes se disputent toujours

La Callas -> Caillasse, cailloux
Girouette -> pète
Beauf -> Steak
Humide -> éponge
Quand les cailloux pètent, j'éponge un steak

L'enfant ne pleure plus, les femmes se sont tues et trois oiseaux chantent mais je n'y suis pour rien.

mardi, avril 06, 2010

"Ils"




Elle est sur son banc. Elle y vit, elle y passe ses journées mais pas ses nuits. Elle a sans doute un chez elle puisqu'elle disparait chaque nuit tombée et réapparait le lendemain, propre et nette.
Elle réapparait toujours, quel que soit le temps, qu'il fasse froid ou qu'il fasse chaud, qu'il pleuve ou pas. Elle s'assoit toujours à la même place, "sa" place que personne jamais n'a osé lui prendre. Une place en bout du banc et elle étale à côté quelques affaires.

Depuis combien de temps y vient- elle? Depuis combien de temps, je ne sais le dire; des années; les enfants l'ont toujours vue là, ils croient qu'elle a toujours été là comme la statue, comme les arbres, comme les bancs. Elle fait partie du square, elle en est devenue l'âme. C'était à l'origine un square anonyme; il avait un nom, mais si commun qu'à lui seul, il aurait rendu n'importe quelle place anonyme. "Square du Général de Gaulle". Mais pour les enfants, puis pour les habitants du quartier il est devenu le square de la Dame et chacun entend bien le "D" majuscule, il n'y a aucun besoin d'emphase, il est majuscule c'est tout.

Elle a des gestes lents et ordonnés. Elle a quelques affaires enfermées dans un petit sac qu'elle pose délicatement sur le banc. Personne ne l'a jamais vue sortir quoique ce soit de ce sac, mais il est ventru, plein d'on ne sait quoi.
Elle s'assoit donc dès le matin et ne bouge plus ou très peu. Ses yeux et sa tête pourtant restent toujours mobiles, elle observe les petits animaux, chats ou pigeons qui hantent le lieu, les arbres et les branches, particulièrement l'hiver. Les passants ne retiennent que rarement son attention, les enfants jamais.
Elle ne mange pas, ne quitte pas son banc. Elle garde une bouteille d'eau à son côté, en boit une gorgée de temps en temps, toujours des petites gorgées économes, avec des gestes lents qui ressemblent à un cérémonial.

Elle guette le ciel avec intensité et son regard reste fixé, pendant des heures parfois, non sur les nuages mais sur l'immense inconnu, gris ou bleu, uniforme et vaste. Elle garde alors le visage légèrement relevé et aucune expression particulière ne vient indiquer ce qu'elle éprouve . Elle regarde .
Parfois des passants qui ne la connaissent pas lèvent à leur tour les yeux vers le ciel en imaginant qu'il s'y passe quelque chose de particulier, qu'il y a quelque chose " à voir". La plupart du temps il n'y a rien que quelques pigeons ou la trace d'un avion vite effacée. Ils repartent alors, déçus ou interrogatifs; mais pour certains, cet instant de ciel ouvert a pris un sens, rien de précis mais un instant qui a été différent quand même d'avoir juste regardé un ciel vide et calme.

Il arrive des moments où elle commence à s'agiter. Des gestes plus brusques et plus nombreux viennent déchirer son immobilité et sa lenteur. Elle se lève sans bouger les deux pieds de leur place, se rassoit , se relève encore pendant que des sons commencent à venir, pas encore des mots. Les bras prennent une autonomie subite, esquissent des gestes vers le haut, les mains repliées sur elles mêmes.
Puis tout s'accélère, s'amplifie, les sons deviennent mots, un mot, un seul toujours le même, "pourquoi". Le ton ne laisse pas entendre d'interrogation, la posture ne laisse pas croire qu'elle attend une réponse, mais le regard se raccroche au ciel, elle se rassoit et reprend son observation têtue.

Le soir venu, lorsque s'allument les premières lumières des maisons, elle se lève, ramasse ses affaires et s'en va et on entend alors le temps passé. C'est une musique douce.

dimanche, avril 04, 2010

une dimension plus tard




La petite fille qui ne parle pas rit en courant de bras en bras. "Ko", "Viens" et elle court et elle rit. Parfois l'émotion l'emporte et elle pleure. Alors les adultes ordonnent que le jeu s'arrête. Le calme qui suit me parait trop vaste, comme un petit homme qui porterait un costume trop grand.

Sous le manguier, des hommes jouent aux dominos pions qui claquent. D'autres regardent et commentent bruyamment, ou bien ils parlent d'autres choses sans importance.
Des taches de soleil les habillent avec des cris d'enfants. Au loin on entend une guitare. Tout à l'heure il y aura l'appel à la prière.

J'ai dormi avec un sclopendre dans mon lit. Je n'ai pas aimé du tout, il en est mort.

mercredi, mars 24, 2010

La Princesse danse





Déchets ménagers. Ce que je jette, abandonne; casse, perds, ignore, oublie. Dans la poubelle.L'objet a disparu et je n'y pense plus. Quand même sa vie continue, ailleurs, autrement, polluant. Chaque objet à détruire garde quelque chose de moi, même si je ne sais pas quoi.


Quand l'ennemi arrive, garder le sourire. Le combat est seulement un instant, avant la paix pour les survivants.
Ah! Voilà l'ennemi !! Garder le sourire.


Le match
Tu entres; tu cries, tu chantes, tu espères, tu vibres. Tu entends d'autres chants, d'autres espoirs, tu éprouves d'autres vibrations. Tu exploses quand d'autres explosent et peu à peu tu deviens la foule, un grain aussi foule que la foule, sa vie est la tienne, forte, excitante, joyeuse.
Mais tu...n'es...plus...



Hypothèse à la Maison Blanche
Au bout de la prairie, il n'y a pas de maison, mais elle est blanche.

Hypothèse à l'arbre qui cache la forêt
It's a poor lonesome cowboy

Hypothèse aux cornichons
Dans un cornichon il y a un bocal
Dans deux cornichons, il y a deux beaux cons.


dimanche, mars 21, 2010

Valet de coeur






Envie d'été
Une pierre noire d'or parée
deux tâches d'ombre dans l'ombre
disant la permanence des arbres
L'hésitation des fleurs
le pur oubli

elle viendra demain


Fragments
Le surgissement d'un arbre
au détour du chemin

Comme la danse
qu'elle avait apprise
une moiteur connue


Fêlure
Le foulard de soie
Qu'elle portait ce jour là
je m'en souviens

il avait la couleur des jours
qui ne disent pas pourquoi

elle l'a donné
à l'enfant des chemins vides
qui l'a déchiré

pour la garder

jeudi, mars 18, 2010

Vaisseau de l'Espace



Je mange ma première goyave de l'année
Verte
tendre pourtant

Elle a le goût de l'enfance
perdue







lundi, mars 15, 2010

Capitaine Haddock

Elle Chante des chants traditionnels mahorais. Une femme particulièrement impressionnante comme Mayotte en a le secret de fabrication



Soldat
Tu n'avais rien demandé, tu n'avais pas refusé non plus.
On t'avait donné un fusil, "on" c'était un jeune homme qui te ressemblait, un peu plus grand peut-être. On t'avait appris à tirer sur une cible, "on" c'était un jeune homme qui te ressemblait, un peu plus rond peut-être. Puis on t'avait appris à entretenir ton arme, à dire "oui chef!!" d'une voix forte, à courir, à ramper, à sauter. "On" c'était un jeune homme qui te ressemblait, plus sec peut-être.
Puis tu avais tué ton premier ennemi, un jeune homme qui te ressemblait, moins chanceux.


L'amour fou
Comme tu n'avais rien à donner, rien à vendre ils t'ont laissé là, "tout seul peut-être mais peinard". Tu as attendu leur retour avec espoir, avec impatience et curiosité, un léger sourire aux lèvres. Mais ils ne sont jamais revenus.
C'était il y a mille ans, tu crois parce que tu n'as jamais compté. En tout cas, il y a eu beaucoup d'étés, beaucoup d'hivers. S'ils reviennent, ils trouveront ton squelette tout blanc. Avec un sourire aux lèvres parties.


Les courses
Tu as une liste des choses indispensables. Du papier toilette, du dentifrice, une tablette de chocolat, des pommes et du beurre, six oeufs, de la confiture, des couches culottes... mais... tu n'as pas d'enfant!
Ah, c'est pour la voisine. Elle est gentille la voisine, même si son gamin crie trop fort... du gruyère, des céréales...


L'ami
Il était grand et fort et avait un accent. Il lui manquait une dent. Il riait beaucoup, faisait de grands gestes et parlait d'une voix douce du ciel, des nuages et de la mer. "Tu as remarqué qu'ils sont indistinguables lorsqu'il fait beau?" Tu l'avais remarqué, mais cela ne t'avait pas paru digne d'intérêt.
Ensuite il est devenu ton ami, aujourd'hui il l'est encore. Lui est la mer, toi le ciel, vous êtes indistinguables lorsqu'il fait beau.

Je ne résiste pas au plaisir d'offrir cette seconde image

dimanche, mars 14, 2010

Qu'organisent les Prussiens pour oublier l'ennui ?

La danse, la danse...


J'aimerais cesser d'espérer jusqu'à l'infinie sagesse
J'aimerais regarder les femmes danser jusqu'à l'effondrement des marchés
J'aimerais tenter le Diable jusqu'à l'arrivée de la comète
J'aimerais avoir une peau sucrée jusqu'à l'arrivée de la première abeille
J'aimerais frôler le désir jusqu'à oublier l'envie
J'aimerais parler à Dieu jusqu'à ce qu'Il devienne femme
J'aimerais surtout dire j'aimerais sans jamais aucun regret

samedi, mars 13, 2010

mYse en abYme




Kruel est extrait d'une bande dessinée que j'aimais particulièrement.
Kruel était chef d'une bande de rockers vraiment-costauds-vraiment-méchants-vraiment-bêtes, dans une banlieue déglinguée d'un quelque part ailleurs, mais pas loin. Il y avait un héros (dont j'ai oublié le nom) tout aussi bête et autant méchant, du moins lorsqu'il le pouvait. Mais il ne pouvait pas toujours parce qu'il n'était pas costaud et sa bande ne l'était pas non plus. Je les aimais de leur impuissance : méchant et sans pouvoir, c'est presque de la tendresse.


Lorsque je regarde des films peplum ou heroïc fantasy (en fait, c'est mon genre de prédilection en dehors de Jean Claude Van Damme) les guerriers qui se battent ont toujours des muscles énormes et il y a des armées entières de musclés. Dans les rues d'ici, à cause de la chaleur, les gens portent beaucoup de shorts et beaucoup de Tee shirts : je vois des petits mollets, petits bras, petites brioches et je me dis que avant, c'était comme ça aussi. Des armées entières de petits mollets.
Ca me rassure lorsque je regarde des films porno.


Parfois j'essaie de regarder une image comme si je n'avais jamais vu d'images de ma vie. Alors, je ne comprends plus rien. Ce qui était évident l'instant d'avant devient obscur et bizarre.
Un jour, j'avais fait la sieste dans la campagne pendant une randonnée (évidemment sportive) dans les calanques de Marseille. En me réveillant, et pendant un très court moment je n'ai vu qu'un ensemble de lignes, des masses de couleurs, des rythmes que je ne savais pas interpréter. Je voyais seulement.
J'ai eu un choc car ce que je voyais avait quand même un air de déjà vu, c'était un tableau de Cézanne. Peut-être Cézanne essayait-il de peindre l'instant de la perception, juste avant l'interprétation ? Je poserai la question à Kruel.

jeudi, mars 11, 2010

Adresse erronée





Assis à côté de nous
il n'y avait que l'aube à partager
alors nous l'avons fait.

Quoi d'autre ?
Ah oui, il y avait du pain aussi.




Je n'ai pas changé le ciel
ni mes haines,
ni ce qui reste de mes amours.

mardi, mars 09, 2010

Ein Kuss

J'ai baptisé cette photo "à traverre"








Monsieur le Préfet a fait un pet
Madame la Préfète fait la tête
Et tempête
Mais... Monsieur le Préfet est si satisfait
De son pet
Que Madame la Préfète fait la paix
Puis pète et repète
si fort que le Préfet disparait.
En pleine paix !!

Et depuis plus jamais
La Préfète ne péta
Ou si peu qu'elle explosa

On accusa Al Qaïda




Un avaleur de sabres voyageait à travers le monde. Il avait pour tout bien son sabre, son chien et deux pantalons. En Italie, il traversa une région de montagnes où les habitants élevaient des ânes réputés pour leur robustesse et la beauté de leur robe gris pâle.

Il s'installa au milieu d'une place de village aux maisons ocres et rouges et voulut commencer son spectacle devant les femmes et les enfants vite rassemblés. " Non, non ! dirent les femmes il faut attendre nos maris" "Où sont-ils ?" demanda l'avaleur de sabres. "Ils sont dans la montagne, ils s'occupent de nos ânes" "Ah, ce sont des âniers..." "Oui, c'est un métier difficile et ils seront heureux d'assister à ton spectacle" lui répondit une femme plantureuse et belle " D'ailleurs regarde en voilà déjà deux, bientôt ils seront douze ou même quinze!".
"Non, je ne peux pas attendre, je vais commencer le spectacle tout de suite"
"Mais pourquoi, pourquoi ??" demandèrent les femmes
"Parce que l'avaleur n'attend pas le nombre des âniers"


Deux nouveaux panneaux routiers
Attention, chute de Pierre
Ralentissez dos d'Anne


dimanche, mars 07, 2010

Portrait d'Otto


Auto portrait avec l'appareil photo sur un tabouret calé par un DVD


Les dimanches soirs sont toujours vagues à l'âme.
L'imprécision des contours fait partie de ce temps particulier où la nuit tombe plus tôt mais plus lentement. Le crépuscule s'étire jusqu'au lendemain sans risque de se déchirer, tiède et souple. A l'intérieur des maisons, les gens parlent moins et un par un. Ils ne s'écoutent pas pourtant, ils s'ennuient, ils se demandent, trouvent le monde absurde et beau.
Ils disent "je pourrais l'aimer.. peut-être...". C'est le moment où le destin se permet d'osciller, d'hésiter, prend le large même. Je me rappelle tu disais "c'est grand" et je savais que tu avais raison, large, grand, loin. Là bas où les hommes sont beaux et cruels, vêtus de couleurs. Et les femmes portent des bracelets d'or du poignet jusqu'aux épaules.

Le dimanche soir, c'est la fenêtre d'où je les regarde.


mardi, mars 02, 2010

Donner désordre





Hypothèse du cerceau
Un garçon aux cheveux courts qui fait tourner le monde

Hypothèse des dominos
La défaite de la logique (il faut faire claquer quand on les pose, sinon ça compte pas)

Hypothèse du miroir
C'est moi qui suis le reflet
Je dois donc inverser les lignes de ma main
et je suis mort hier ou je naîtrai demain


Hypothèse à la décentralisation
Et un pas de côté! balancez les hanches! et un pas de côté!!

Hypothèse à la deuxième femme
Elle inventa le chant, la danse et les pluies soudaines
(ou bien : mangeant une pomme, elle eut un orgasme)


Hypothèse du notaire
Chaque nuit s'émerveille de la nuit, puis attend le matin en baillant

Hypothèse du string
Il sépare le monde en deux : ceux qui sont pour

Hypothèse du 'h'
La première lettre de l'alphabet, il suffit de se passer des autres, par exemple : l 'h' st l prmir lttr l'lpht, l suit s pssr s utrs

Hypothèse du 'x'
La première lettre de l'alphabet, il suffit de se passer des autres, par exemple : 'x'

Hypothèse du Sudoku
Tom a mangé Jerry et s'endort devant une toile de Vasarely

dimanche, février 28, 2010

François Hollande, le Beatle caché?




Lorsqu'une noix de coco tombe de l'arbre, elle fait un bruit mat suivi de deux ou trois rebonds.

J'ai regardé un dessin d'anantomie, un écorché. Nos organnes n'ont pas des formes qui leur permettent de s'emboîter exactement les uns dans les autres. Il y a donc des trous. Je me demande si un liquide quelconque, genre lymphe ou plasma, les remplit.J'aimerais que non, que le vide soit seulement un creux (un espace disponible).

Les makis ont mangé toutes les mangues du jardin, mais ils continuent de venir jusque sur la terrasse.

Je relis en ce moment un texte de Ajhan Sumedo traitant des Quatre Nobles Vérités (premier sermon du Bouddha après son éveil). L'enseignement y est d'une telle simplicité qu'il pourrait ne pas être pris au sérieux. D'ailleurs, souvent il ne l'est pas.

J'aime les choses fragiles, un peu cassées et qui ne rendent pas très bien le service que l'on attend d'eux. Pareil pour les gens.



Le soleil trop blanc
et trois poissons volants dans
le lagon trop bleu


Le soleil est si fort qu'il a mangé la mer

samedi, février 27, 2010

One love


J'aime particulièrement ici les fêtes traditionnelles. J'ai l'impression de deviner ce qui m'échappe habituellement. Ou plutôt non, de comprendre que quelque chose m'échappe habituellement mais je ne sais pas vraiment quoi.
Je le devine dans une qualité de sourire qui n'existe nulle part ailleurs.




Je me rappelle les ouvrages de Daniel Boulanger que j'ai lus il y alongtemps. Je vivais à Toulouse lorsque j'ai lu ses premières "retouches", c'était en 1986. Les retouches sont de très courts poèmes de trois à cinq vers - pas du tout inspirés des haïkus ou des tankas - ou parfois deux vers ou même un seul.
Il y parlait de murs, de cris, de ciels et de silences.

Je me rappelle aussi quelques romans. L'un d'eux s'appelait " le ciel de Bargetal". Ce sont les romans que j'aurais aimé écrire. Il ne s'y passe rien qu'une écriture sublime. Il décrit un monde fragile, un équilibre léger et un peu mélancolique, mélange de bonheurs et d'hésitations.
Peut-être un tableau de Nicolas de Stael, plus léger encore, plus ténu, invisible.
D'où la vie, curieusement, jaillit.

"Le paradis est un livre" a t-il écrit.

jeudi, février 25, 2010

Clair de l'une, clair de l'autre


Au cours d'un repas, quelqu'un m'a demandé si le bouddhisme était facilement abordable. J'ai répondu "oui".
Alors il m'a dit "peux tu expliquer en quelques mots de quoi il s'agit".
"Il s'agit de mettre fin à la souffrance"
Rires dans l'assistance.

dimanche, février 21, 2010

Une voiture à pédales rouillée : l'enfant a grandi




Mon problème est de n'être pas ce que je crois, ni ce que je veux ni ce que les autres voient, et même pas ce que je suis.

Qu'à la fin il ne reste qu'un souffle. Si possible léger et lointain.
Et que personne ne juge celui qui aura été un parmi les autres.



Les Beatles n'ont pas fait que des bonnes choses, j'en ai la preuve : j'ai enregistré ma version de Lady Madonna, eh bien c'est nul.

jeudi, février 18, 2010

Ultime utérus


Un cheval de Troie



Le temps est long, parfois. Je gribouille, j'écris (on croit que je prends des notes ou qu'une idée vient de me traverser, hélas non). Voici la production d'un matin entier, dans tous les sens d'une ou quelques feuilles dont je prends soin de me munir.

Ultime utérus (qui sert de titre à cette passionnante rubrique)


Je volerai ses songes sans lui laisser d'Orient
Et je saurai (alors) comment marche un géant
(j'avais écrit "un gland" mais ce n'est pas au niveau poétique de mon blog n'est-ce pas ?)

Quand il a douze pieds, six de chaque côté
Il marche comme un ange
Mais qu'il en manque un seul il se met à boîter
Et il parait étrange
Il en a parfois trop il faut le reconnaitre
Grâce à l'enthousiasme de ceux qui l'ont fait naître
On peut le raboter le tordre ou l'écraser
Mais on peut tout aussi bien ne pas le recompter

Les parents attrappés, enfants abandonnés
Impuissance du coeur devant cette douleur
L'égoïsme est mon refuge

Blanc, bleu, noir et gris
Là où parlent les élus
Eh! pas de couleurs

Les photos sont trompeuses, elles ressemblent au photographe, pas au sujet.

Il n'est d'accord sur rien mais il ne vote pas.
L'arc est tendu mais la flèche dans le carquois.

Pas d'avis, pas de questions, plus de débat. C'est l'heure du repas.

Cour d'appel
Coup de pelle
Cours j't'appelle.


"Mais mon amour je ne t'ai pas vraiment quittée. Tu es tellement banale que je te retrouvais partout, dans toutes les conversations, dans les séries à la télé, dans la rue ou chez la boulangère. Tu étais au milieu de toutes les mièvreries qu'on s'échange quotidiennement au bureau "ça va comme un Lundi!!". Tu vas comme un lundi mon amour. Je ne t'ai pas quittée et je ne te quitterai jamais..."

mercredi, février 17, 2010

Reliquat d'abondance

Les réunions sont parfois très longues. Gribouillage, mots, temps.



Ma passion des crayons et des stylos ne m'a pas abandonné. Je les aime toujours, avec un corps un peu épais mais pas trop. Avec une plume un peu grasse mais pas trop. J'aime les plus fines pour gribouiller lorsque les heures s'allongent. Et j'aime ceux qui grattent le papier mais pas trop.
J'aime ceux qui connaissent des histoires, et même trop, les bavards, les menteurs qui font croire à une vie intérieure qu'ils n'ont pas ou à des voyages qu'ils n'ont pas faits. Ceux qui causent, pour causer. Ce sont mes chouchoux, avec un "x".
J'en connais des chics, d'autres snobs qui Montblancquent. Mépris, oubli.
Il y a les bics et les rollers, populo docile qui prend des notes, qui àlavavitent et que j'oublie parfois ici ou là. Utiles. Il y a des modernes, techniques. Je ne leur parle pas.
Ceux qui font des pleins de déliés et des pleins d'épices; j'en possède un épais et un fin (ils ne se parlent pas, histoire de famille sans doute). Et j'en ai d'autres, et d'autres.. Et puis
Il y a mes deux Tombow venus du Japon; je ne passe pas une journée sans eux, les prendre pour leur écrire un mot, ou tracer un simple trait. Plumes moyennes, l'un est rouge l'autre gris.
Ces deux-là, ils m'ont tout dit de moi.

dimanche, février 14, 2010

Territoire abstrait


Impressions de Mayotte, trois photos depuis la voiture
Samedi, 23h, Kani Keli depuis la route
Samedi, minuit dans le village de M'Bwini
Dimanche, 15h, une rue de Mamoudzou





Il chante voix rouillée
les flamencos de Seville
Ce qu'il dit je l'ignore
mais
il sait ce que je sais




Un matin d'hiver, à la Demeure je me rappelle la neige, le silence, le rond dans le ciel lune, l'émerveillement et l'Ouverture. Ce n'est pas moi qui m'émerveillais, c'était l'Univers.
Je n'ai pas encore épuisé cet instant. Chaque matin lorsque je m'asseois sur le zafu, c'est là bas que je m'asseois, à cet instant là.

lundi, février 08, 2010

La Terre n'a pas de bords

chambre d'hôtel (vieille photo...)


Hypothèse du coeur
Le coeur est un appui au Roi

Hypothèse de l'assiette creuse
L'assiette creuse est à la vaisselle ce que le profeseur est à l'école

Hypothèse de l'angoisse
L'angoisse est un jardin de parapluies venus de pays où il ne pleut pas

Hypothèse de la jeunesse
La jeunesse est un un essai

Hypothèse de l'irréalité
L'irréalité c'est le délié, la réalité c'est le plein, leurs fiançailles provisoires c'est la Vie. Après c'est
l'inverse

Hypothèse du vague à l'âme
Le vague à l'âme, une montagne et une plaine, amantes. La plaine est enceinte

Hypothèse de l'absurde
Elle habitait au 28 rue de Verdun, il habitait au 30 rue de Verdun. Mais pas dans la même ville.

Hypothèse du matin
Le matin est né de père inconnu, tout est donc possible

dimanche, février 07, 2010

sex addclick



Kashkasi, saison des pluies à travers mon pare brise



Ce bruit que j'entends
Sont ce des branches qu'on arrache
ou mille insectes réveillés ?
Ce n'est que la pluie
et encore la pluie


Elle a peur de la boue
la petite fille
Elle a peur du petit pont
qui franchit la ravine
Sa maman lui dit " Viens!"


J'aimerais tant savoir
ce que tu penses
et connaitre tes bonheurs
comme le bruit passe
à travers ma fenêtre

jeudi, février 04, 2010

Un iule perdu dans le salon





Photographier Ce que j'aime c'est d'abord le matériel, j'aime qu'il soit lourd et dense. J'aime le sentir dans la main, qu'il y ait du grain au toucher, avec des formes rondes et des aspérités qu'on agrippe.
J'aime que l'appareil soit dépouillé, ce qui est presque impossible avec les reflex d'aujourd'hui. Un objectif pas trop gros, lumineux (je n'ai pas ça du tout, parce que j'ai voulu faire des économies). L'idéal serait un petit télé 18-80 ou 20-80, 100 maxi.
Ce que je n'aime pas, c'est la prise de vues, d'ailleurs je sors de moins en moins avec mon appareil. Depuis toujours la prise de vues m'ennuie, et elle m'ennuie de plus en plus.
J'aime à nouveau la suite, il fut longtemps c'était le labo, maintenant je me suis photoshopisé. C'est mon vrai plaisir.
Les photos une fois traitées ne m'intéressent plus, comme les textes que je ne relis jamais. Elles sont quelque part dans l'ordinateur, puis elles disparaissent au cours d'une mauvaise manip., comme j'ai perdu toutes mes photos papier au fur et à mesure des déménagements.

Il y a des craquements dans la maison, des grillons dehors, et un oiseau. J'entends le ventilateur de l'ordinateur et le léger claquement des touches sur lesquelles j'appuie pour écrire. C'est tout et je me sens égoïste. Où est le lien ?


Cette nuit pourrait être un repli du temps comme il en arrive parfois.


Une femme avec un sac jaune m'a impressionné ce matin, son regard d'abord, puis un visage féroce et cruel. Impassible mais elle riait au dedans d'un crime qu'elle avait commis ou qu'elle allait commettre. Elle avait un enfant dans les bras. J'ai baissé les yeux.

Ce matin, le lagon m'a paru plus calme encore que d'habitude, mais il était gris.