mercredi, mai 31, 2006

IMMOBILE ET SILENCIEUX ?

Le matin, sitôt débarbouillé et après avoir pissé, je m'assois.

Selon le temps dont je dispose, entre vingt et quarante minutes.

Je ne bouge pas. Mais suis-je immobile ? sur la Terre lancée en trombe sur son chemin d'étoiles, avec ma poitrine qui se soulève à chaque inspir et s'abaisse à chaque expir, les yeux qui clignent, le sang qui circule dans son chemin d'artères et de veines, les ajustements de la position, certes minuscules mais mouvements néanmoins.

Je ne parle pas, je ne grogne pas, je ne chante pas, à vrai dire je ne produis aucun son. Mais suis-je silencieux ?

Je ne sais pas. Je ne sais pas ce que c'est, le silence, ce que c'est l'immobilité.

J'en avais une idée précise, avant. Mais plus aujourd'hui. J'ai rencontré des personnes qui savent garder le silence; quand ils ou elles parlent, le silence continue, sensible en dessous du son. C'est comme une page qui reste blanche sous l'encre du stylo, entre les mots, entre les lettres. Bien sûr l'œil se précipite sur l'écrit ou le dessin, mais pas besoin de grands efforts pour prendre conscience de ce "vide" blanc qui se glisse partout.

L'espace, le vide sont sensibles et présents aussi dans les peintures chinoises et japonaises. Pas un vide creux, pas un vide d'absence, c'est plutôt le lisse, support de toutes choses, où rien n'est encore arrivé mais où tout peut arriver, et d'ailleurs tout arrive avant de retourner au lisse et à l'informe.

PHOTOS



Jérome se pique de photographie. En attendant la gloire et les royalties, il a piqué à son papa le vieux reflex que je trainais depuis (1978 ?), avec ses objectifs démodés et son look ringard. Tout juste demi automatique, avec une priorité diaphragme.
Ses photos sont mal foutues, il y a des taches sur les négatifs, les développements et tirages à la va vite chez jules ou chez jim - j'ai donné mon labo après la découverte de photoshop.

Ben, parfois j'aime bien quand même. Là, c'est moi il y a deux ou trois ans.
Nous habitions encore Rue Hoche, un grand atelier que nous avions transformé, au rez de chaussée une salle de théâtre; le zendo était au second étage, ainsi que les "appartements" de Jérome. Je vivais entre les deux avec Johann. Il y avait un vieil ascenseur à grille, qui faisait un bruit de tonnerre.
Il s'est passé là-bas des choses drôles, émouvantes, du sexe torride, des drames, des joies, des accidents, des spectacles, des rencontres. Mais surtout beaucoup, beaucoup d'amitié.
Le quartier, c'était entre la Belle de Mai et Racatti.

mardi, mai 30, 2006

CELUI QUI FUT








1
Celui qui fut force
Celui qui fut fragilité
Celui qui fut étrange et étranger
Celui qui fut choqué trahi et oublié
Celui qui fut bourreau
Mais eut la tête tranchée
Celui qui fut cela
Qu'est-il devenu ?

2
Main mesurée
Main sans histoires
Main d'ombre tendue
Comme on tend un miroir
Main d'ocres corrompus
Comme encore en mémoire
Où sera t-elle demain
La main qui mesure ?

3
Dans cent alcôves aux trésors de désirs
Dansant les amants
Devant les mille fantômes en allés
Dans ces moments d'orgie
Danser
Danser encore

4
Manquant de toi je manquais d'émois
Manquant d'émois je manquais de mots
Manquant de mots je manquais le monde
Jusqu'à ce qu'un matin
J'aie trouvé trace de moi
Depuis je ne manque de rien
Je ne manque plus d'émois
Et je ne manque plus de toi


lundi, mai 29, 2006

PHOTO



C'est une photo de Pierrot Men http://www.tamarin.com/p-men/CVf.html
( http://www.tamarin.com/indexF.html )
Il y a de la lumière; des ombres courbées, sans doute des femmes qui repiquent du riz.

Nous ne savons rien du monde, nous en devinons vaguement une trame et encore celle- ci doit elle plus à notre imagination qu'à la réalité elle-même. Nous ignorons ce que notre ou nos souffrances signifient réellement, comme notre joie ou nos plaisirs.
Ce que nous faisons, ressentons, exprimons nous échappe. Voyage hors de nous. Devient une brique de l'Univers. Chacun de nos actes, devenu réel ou pas, s'inscrit dans et façonne un Univers dont nous ignorons l'essentiel et qui nous façonne à son tour.
Nous sommes des Dieux inconscients et soumis.

Notre responsabilité pourrait être écrasante s'il n'y avait la beauté des choses. Nous connaissons tous ces moments où nous éprouvons l'exacte perfection du monde, tel qu'il est, "un sans second" disent les bouddhistes. Où nous dépassons le verbe "éprouver" pour seulement être.
Dans ces moments là il nous est possible d'épouser la danse cosmique et d'être juste.

Fabrique de la beauté, c'est pour ça que j'aime cette photo.
Ou bien pour une autre raison.

AVEC UN VRAI HUMAIN DEDANS

Lecture quotidienne...

... ou presque de http://www.porte-paroles.blogspot.com/
Il y a deux ou trois autres blogs que je lis aussi très régulièrement, j'en parlerai bien un jour, mais celui-ci me touche à chaque fois, plein coeur. Il y a même des parfois où je n'ose pas l'ouvrir. Quand je ne suis pas prêt à être remué. Ou pour dire autrement, quand je n'ai pas envie d'être confronté à la comédie de ma vie.
J'aimerais savoir s'il en va de même pour tous, j'aimerais savoir si chacun de nous abrite autant de paradoxes et aussi violemment opposés que ceux que j'éprouve, comme le démon et l'ange du capitaine Haddock ?
Au moins je ne joue pas le jeu de l'ange, je ne fais pas semblant et c'est sans doute ce qui m'a permis de ne pas mourir ou devenir fou, aux temps difficiles.

C'était juste avant que je le rencontre, lui, le Bouddha.

jeudi, mai 25, 2006

LA VIE EST BELLE ET INTRIGANTE





Ce midi les fontaines du cours Julien ont repris vie; bruits d'eau pendant que je déjeunais à une terrasse de restaurant. Sous les arbres que le vent bougeait un peu, le soleil s'est amusé à glisser ses rayons.
La vie est belle.

Je bricole. Je mets un support droitement horizontal, preuve en est : le niveau me dit oui c'est horizontal (enfin, il parle pas mon niveau puisqu'il coince la bulle ... entre deux repères)
Sur ce support horizontalement droit, je mets un objet droitement horizontal, vérification par niveau de justice - qui dit oui c'est horizontal - Mettant un objet horizontal sur un support horizontal, je devrais obtenir un résultat horizontal. Eh bien non, ça penche.
La vie est intrigante.

Après deux heures de réflexion, j'ai invité des amis à prendre l'apéro samedi soir.

mercredi, mai 24, 2006

DEMI PAS

A demi pas, à demi danse, suspension
du danseur dans l'espace au dessus de la scène
bruissement de la foule des spectateurs
- ça fait partie du spectacle ?
un rien indéfini dit que non.
Bruissement grandissant
- danseur, danseur que se passe t-il ?
passent les secondes et puis les heures
danseur
au geste immobile et gracieux

un regard enfin, lent
sur la foule, un sourire
se partage pour découvrir
ensemble l'art
de perdre
son
Temps

DANSER LA GIGUE


Quelques brins d'herbe ...

... et voilà que je suis prêt à danser la gigue ou tout ce que vous voudrez.
Des brins d'herbe dans MON jardin, semés avec les enfants il y a quelques jours. Nous avons aussi enfoui les graines des fleurs que Julie m'a données. Attendant qu'elles poussent et multicolorent la future prairie.
Raymond, le chat errant noir et blanc qui me fait l'honneur régulier de ses visites, a inspecté avec circonspection. Raymond est très critique ces temps ci mais il n'a rien trouvé à redire à ce gazon là.

Je suis en train de terminer un carnet de poèmes que j'ai soigneusement calligraphiés. L'ensemble est élégant bien que je n'aime plus une bonne partie de son contenu. Il reste deux pages, peut-être un dessin ? ou un collage. Puis il rejoindra les autres petits carnets empilés, afin qu'une postérité méticuleuse s'en empare ou les jette au feu. C'est sans importance puisque je serai mort.

mardi, mai 23, 2006

LE CIEL CE MATIN

Le ciel de ce matin est derrière les nuages; fraîcheur.
Hier soir nous étions assis à une terrasse de café. J'aime le ballet des gens qui paradent, s'entre regardent. Je te vois, est ce que tu me vois ?
Il restait une odeur de menthe fraîche et de fruits alors que le vendeur de primeurs remballait son étal. Sur les tables, des boissons couleurs. Les bières sont rouge ou jaune selon qui ou quoi elles ont épousé, brunes ou or lorsqu'elles ont choisi la virginité.
Et puis il y a .. les mots, qui tissent un toit de rumeurs murmurés, d'aveux, ou ces mots vides qu'on prononce juste pour éprouver que la relation existe, j'existe puisque je te parle et que tu me réponds.

Au loin, un groupe d'hommes sales, entourés de cadavres de bouteilles de vin et de bière, pour rappeler que la vie est injuste et dure. Mais je ne leur prête pas vraiment d'attention.

lundi, mai 22, 2006

SANS TITRE

Lundi, j'ouvre la page du blogger comme un petit défi. Je viens ici pour me faire écrire, c'est un exercice, une culture physique des doigts et des neurones.
La page blanche m'impressionne, alors je l'impressionne de mes mots.


Hier j'étais sous le soleil et les ocres de Rustrel.
Journée des ocres; le nom seul m'évoque la terre et la douceur, le lisse et le sauvage. Il y avait peu de monde et des airs d'accordéon dans les rues; des familles aux enfants peints en rouge et en jaune.
Ocre, je me suis amusé de la proximité des mots "ocre" et "ogre".

Pourquoi a t-il fallu qu'ensuite j'affronte la jalousie ? je me suis mal comporté, emporté comme il m'arrive parfois. Je voulais que finisse l'absence des mots. Mais tout est fini, un tout qui ne fut pas rien, écrasé par les mots trop absents.

De retour à la maison, je constate mon manque de tristesse et mon esprit se refuse à tout autre usage que la futilité.

mardi, mai 16, 2006

MARSEILLE

Je vis à Marseille depuis 1999.
C'est une ville que je n'ai pas aimée lorsque je suis arrivé dans la région en 92... Il a fallu apprendre. Dépasser la saleté des rues, l'architecture approximative, l'absence de lisibilité de l'urbanisme qui me faisait perdre des repères dont j'ignorais qu'ils existaient. J'avais d'abord choisi de vivre à Aix-en-Provence.
Le temps aidant, je me suis pris d'amour pour Marseille, elle a quelque chose de flou, de pas terminé qui m'émeut. C'est une ville en devenir, qui s'écrit seulement au passé ou au futur. Elle reste vague, sans banlieue puisque elle-même est une immense banlieue à l'exception du quartier du vieux port / Canebière.

Où que vous soyez, des éléments naturels forts seront non seulement présents mais sensibles, écrasants parfois. La mer, les collines et les "montagnes", et les calanques mariant les deux.
Marseille n'est pas une ville de mer. C'est juste qu'il y a la mer, des bateaux, des marins; avec un bord imprécis entre ville et mer, mal dessiné par l'histoire.

Elle est comme une vieille personne à travers laquelle on devine encore les traces des rondeurs de l'enfance. Touchante.

Quant aux marseillais, ah ! les marseillais ...

lundi, mai 15, 2006

L'ENVOL DE LA BALEINE ?

L'envol de la Baleine ... je crois pas que je finirai de m'interroger sur ce titre.
Parce que__________________
_____________ j'ai nommé ce blog "le Bar du Coin" - ouahhh!! - puis je suis parti faire autre chose pendant quelques jours. Pour taper mon premier message, impossible de retrouver "bar du coin" d'autant que j'avais perdu le mot de passe.
Après recherche, la machine infernale m'informe qu'existe sous mon pseudo et mot de passe ... "l'envol de la baleine". Comprends rien.

Bon, pas grave, va pour l'envol de la baleine.
Il y a peut être une organisation ...cosmique ... qui joue à désattribuer les noms de blog. Qui sait ? Et je suis fier qu'elle se soit interessée à moi.