dimanche, septembre 22, 2013

Le sac du Printemps



L'instant présent est passé avant même que j'en aie pris conscience. Reste le passé donc, que j'échange parfois contre l'univers des sensations sans mots, et des perceptions.
Puisque je vieillis, l'espace de mes souvenirs devrait s'élargir jusqu'à devenir aussi vaste que l'espace possible de mes souvenirs. A bien regarder ça ne fait pas grand-chose, sauf que c'est ma vie quand même.


Ces notes de piano que j'écoute en même temps que j'écris, ont été jouées par un homme mort il y a cinquante ans. Cinquante sept exactement, selon wikipedia. Quelles traces vont-elles laisser parmi mes souvenirs (trompette bouchée en premier plan maintenant, le piano s'efface un peu en swinguant un riff entêtant) ? Pour moi, dans le silence de ce dimanche, cet homme vit encore. 

Hypothèse à la trompette bouchée : un zigue qui zague
Hypothèse au sel : la langue d'un chat sur l'oreille, le matin au réveil

mardi, septembre 17, 2013

Sourire quoiqu'il arrive



Ce sera tout pour aujourd'hui, une photo. Je vous laisse en outre une odeur d'herbes fraîches avec une pointe de musc ou de patchouli, une couleur rose indien, un goût de chocolat confit d'oranges, un air de musique bastringue et des larmes pas tristes.

dimanche, septembre 08, 2013

la vacance des vacances



J'aime que les choses ne durent qu'un instant et que cet instant soit long. Les bonnes choses doivent avoir une fin pour qu'elles soient bonnes.

"C'est pas mal" combien d'années pour me débarrasser de ces quelques mots et dire "c'est bien" ? Environ cinquante.

Dehors le bruit d'un avion, il fait comme une vague. Pendant zazen, je sens le son qui rentre en moi, il a une direction précise. Je l'éprouve à "l'intérieur" et puis il disparait. A la réflexion c'est étrange qu'il n'en reste rien alors qu'il n'était pas rien de son vivant. 

Hypothèse au torero : il ne pète jamais, d'où son attitude.

mercredi, septembre 04, 2013

Une histoire de vent relatif





J'admire son courage et je déplore sa maladresse, qui fait de sa vie un enfer. Mais l'un (le courage) et l'autre (la maladresse) s'originent à la même source.

Sans début et sans fin, voilà notre univers puisque hors de lui le temps n'existe pas. Nous baignons en lui, le Temps, sans le voir ni le comprendre.
Me revient en mémoire les essais que je faisais d'imaginer un monde où le temps aurait deux dimensions, orthogonales (pour simplifier), dont l'une serait infinie et l'autre finie (pour compliquer)


Hypothèse à la femme maigre : un tango lent, un soir d'automne, au bord de la mer
Hypothèse à l'homme maigre : une décoration de Noel, dans une malle mal fermée
Hypothèse à Léonard de Vinci : un carnet de recettes, trouvé sur le bord d'une route du désert
Hypothèse au Maghreb : trois petits lions dont on devine la crinière

Les bords de Seine sont d'une beauté sévère, organisée et contrôlée. Tout est mesure et sent le luxe et l'ordre et les choses y sont lourdes, même l'air. Personne ne rit jamais, personne ne crie non plus.
Restent les nuages.

lundi, septembre 02, 2013

La ligne du parti





Le bonheur est fait d' événements minuscules auxquels je ne prête habituellement aucune attention.

Je retrouve mes anciennes chaussures en cuir, qui ont dormi presque six ans à la cave.  Elles sont ridées comme des vieilles femmes, l'air robuste de celles qui en ont beaucoup vu et ont tout supporté, et nous nous reconnaissons elles et moi.




De la terrasse du château de Saint Germain, la vue porte loin au-delà de la Seine, jusqu'aux tours de la Défense qui font à Paris une enceinte fortifiée. Le regard s'arrête là, alors qu'il suffit de lever les yeux pour sentir les étoiles.


Eprouver l'infini, il est plus sensible la nuit que le jour. L'immensité du ciel, les étoiles, le vide entre elles et le silence. Mais la lumière m'aveugle et me fait croire que nous, les terriens, sommes au centre du monde. La nuit au contraire révèle la réalité de l'univers.




Il y avait un cimetière vide, à part nous. Les premières feuilles de l'automne, couleur brun rouge sur les branches des arbres et entre les tombes, déjà. On n'est pas triste mais on se tait parce que les souvenirs… Il y a un an, papa mourait. En douceur, c'est important.

dimanche, septembre 01, 2013

L'envers des corps ?



Une grande partie de ma vie, j'ai été obsédé par Dieu, D majuscule. D'une certaine façon ça dure encore à travers mon étonnement émerveillé face aux "croyants" et leurs déclinaisons molles, ceux qui croient à "quelque chose".
Etonnement, stupéfaction plutôt. Comme si le cerveau s'arrêtait de penser. Roue libre tombent des mots déjà dits, tout faits, des phrases et même des textes, beaucoup de textes. Mais au fond qui reviennent à "Dieu existe puisqu'il existe", besoin de croire.
Emerveillé parce que, ça marche parfois, ça apaise les peurs.



Il y avait la musique, la Seine, un peu de vent. D'immenses bateaux lents et silencieux, des oiseaux, trois cygnes blancs. Il y avait des ponts que des voitures traversaient et sur la berge un enfant agitant les bras. Il y avait aussi un minuscule morceau de ma vie.