lundi, septembre 24, 2007

Jeux de lumières et d'eaux
























I


Il y eut ce moment où la lumière est devenue chatoiement de milliers d'éclats. Ce fut brutal, sans transition entre avant et maintenant.

Il y a maintenant la fraîcheur de l'eau, les deux pieds posés sur les galets lisses et ronds et la sensation de la matière mouvante qui offre une légère résistance. "Offre" une résistance parce que ce n'est pas une opposition.

Bien entendu il y a des bruits, clapotis, bruits d'oiseaux, quelques voitures un peu éloignées. Leur manière d'habiter l'espace est différente, comme si le clapotis avait plus de droit d'être là que les oiseaux, eux-mêmes plus légitimes que les voitures, intruses.
Je ne sais dans quelle catégorie placer l'enfant qui joue; il est et il n'est pas et n'étant pas, aucun adjectif ne saurait le qualifier. Une absence est une absence c'est tout. Pourtant il est là, je l'entends.

Mais les éclats de lumière par milliers m'enchantent bien plus que les sons.

Les sons viennent de dehors et vont vers le dedans c'est pour moi une expérience courante pendant une méditation; lorsque je me rends compte que mon esprit, prompt à embarquer dans le train des pensées, s'est éloigné d'ici et de maintenant je reviens à l'aide d'un son justement qui me porte de "dehors" vers "dedans".
Mais l'expérience que je rapporte là n'est pas la même. Le jeu entre lumières et ombres m'habite entièrement, au sens propre il me tapisse tout l'intérieur d'une toile joyeuse et vivante. Il y a un ordre, une organisation qui est rigoureuse dans les alternances et cette organisation est harmonie.
Je sais que ce miroitement est le jeu du soleil sur l'eau. Dans la situation où je suis ce jeu de lumières est devenu un volume malgré que je le ressente sur ou par les yeux. Ce n'est pas déroutant, c'est même excitant en même temps que l'harmonie qui en naît m'apaise.
Je ne suis pas entre excitation et apaisement, je suis les deux, deux fois pleinement, deux fois entièrement.
Je vis cette expérience-sensation sans aucune émotion. Je me demande si je vais m'habituer, si la magie va durer encore mais en réalité cela n'a aucun sens parce que le temps est suspendu, il n'est plus une catégorie. Et d'ailleurs la pensée que j'ai eue a chassé la sensation que j'avais, ou plutôt que j'étais; ou bien cette pensée était-elle là parce qu'elle avait trouvé place libre, la sensation déjà enfuie ? je ne sais pas, j'essaye quelques mots pour tenter de la retrouver, je dis que je vois la lumière sur l'eau, j'entends le plaisir dans le son de ma propre voix.

C'est en entendant ma voix que l'émotion surgit, mais alors elle efface la sensation.

Il reste, intact, le plaisir.


II




A l'instant où je ferme les yeux prendre conscience de l'immense importance de l'autre.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

j'aime te lire....


Michelle B.