jeudi, mai 03, 2007

Sil ...

















les maisons roses
à Fianar




... Silence, c'est tout ce que je sais dire.

Il y a des mots pourtant et je pourrais en dire dix mille mais je ne leur fais pas confiance.
Leur chemin de la sensation au sentiment, du sentiment à la bouche, de ma bouche à l'oreille de l'autre, puis de son oreille à son propre sentiment, puis à sa bouche, à mon oreille encore et à mon sentiment, leur chemin est long, bien trop long.

Ils arrivent, les mots, usés et râpés; leur pâle mine les oblige à se parer d'oripeaux d'or pour être seulement entendus, mais savent-ils eux-mêmes qu'ils n'ont plus rien à dire ?
Je veux dire: rien de vrai. Au contraire, ils portent leur propre vérité infiniment variable, infiniment variée. Ils volent le sens, le travestissent comme un misérable habillé en prince et nous trompent, car que regardons nous sinon la parure ?
Ou bien (mais en fait : en même temps) ils portent leur propre vérité et, comme un courant fort emporte avec lui ce ou ceux qui les frôlent et qui y croient, ils embarquent ceux qui les croient et qui les frôlent.

J'embarque. A chaque fois j'embarque et commence un dangereux voyage, un dangereux langage. Lorsqu'enfin je reprends pied sur la rive du réel, après que longtemps soit passé, je ne sais plus où, je ne sais plus pourquoi.
Je me rappelle avoir pris la barque des mots, avant que ceux-ci aient fait tempête d'eux-mêmes, tempête de moi, d'elle, de nous.
Que nous étions la tempête, la barque, l'océan et la plage.

Tout ce que je sais dire, c'est Silence.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je me parlais à moi-même, dans le silence en quelque sorte et j'avais besoin des mots justes pour dire ce que je ressentais alors. Merci.