lundi, juin 08, 2009

Vie Moderne






J'ai acheté un logiciel qui permet de parler de manière presque naturelle pendant que l'ordinateur écrit le texte que je dicte. Aussi, ce petit post sera entièrement dicté.
Évidemment je n'assume pas les fautes d'orthographe, ni les erreurs que le logiciel pourrait faire et que je n'arriverai pas à corriger uniquement avec ma voix.

Voilà donc la situation : je dicte un texte et l'ordinateur écrit des lettres qui par miracle forment des mots qui par miracle forment des phrases. Ce processus, je l'appelle écrire puisque au final il y a quelque chose d'écrit que d'autres pourront lire. Mais en réalité je n'écris rien du tout, je suis assis devant mon écran, bras croisés.


Je dispose aujourd'hui de trois moyens d'écrire, le premier c'est l'écriture avec un papier, un stylo et une position confortable. C'est un processus lent, lorsque je veux corriger quelques mots il me faut barrer, puis mettre une annotation dans l'interligne ou bien écrire quelque chose dans le bas de la feuille, avec un trait qui relie la partie corrigée de la partie corrigeant. J'obtiens ainsi une page sur laquelle je peux voir tous mes repentis, une page qui parfois peut avoir un aspect esthétique qui me convient lorsque je me suis appliqué à bien écrire et à faire des ratures propres, ça m'arrive quelquefois. Mais le nombre de corrections que je peux faire est forcément limité, je le sais, je reste vigilant à ce que j'écris et donc je prends mon temps. Lorsque j'écris sur une feuille de papier je ne réfléchis jamais au contenu de ce que je vais écrire mais je choisis les mots par exemple pour éviter une répétition ou pour éviter un mot dont la sonorité ne me plaît pas, généralement des adverbes, ou bien des « qui », « que quoi dont». Le contenu, je le découvre lorsque le texte est terminé, même pas pendant l'écriture mais seulement en relisant.




Le deuxième moyen c'est l'ordinateur et le clavier. Il n'y a pas la sensualité de la page, ni l'esthétique des signes que je peux tracer, des petits dessins que je peux faire dans une marge, des ratures parfois. Je tape beaucoup plus vite que je n'écris sur une page. Comme je sais que je peux modifier autant de fois que je le voudrai, j'écris en général absolument sans réfléchir. Contrairement au support papier je ne trie aucun mot et pas non plus le contenu. C'est en relisant que je fais des corrections, toujours uniquement sur le choix des mots ou la forme d'une phrase. Je constate que je n'écris pas les mêmes choses sur une page papier ou à l'ordinateur. Ce n'est sans doute qu'une impression mais il me semble que le support papier appelle des mots, phrases plus profondes mais aussi plus lourdes, plus grandiloquentes. Même aujourd'hui, alors que je me suis beaucoup familiarisé avec le clavier, les quelques poèmes que j'écris sont toujours sur papier.
Le troisième moyen c'est celui que j'utilise actuellement, c'est-à-dire la voix qui dicte. Parce que je n'ai pas encore l'habitude, c'est le processus le plus laborieux des trois. D'abord parce que je ne parle pas comme j'écris. Par exemple au lieu de dire "je n'ai pas", je dis "j'ai pas" ce que l'ordinateur ne comprends pas et il écrit n'importe quoi (j'ai dû épeler afin qu'il comprenne le "j'ai pas"). Ensuite les tournures de phrases sont différentes dans mon langage parlé et dans mon langage écrit, il en va de même des hésitations vocales lorsque je fais "euh..." (Je viens d'écrire cela avec le clavier). De tout cela il résulte que je suis dans l'obligation de réfléchir avant d'écrire. Je suis obligé de réfléchir au sens du texte avant de l'écrire. Non seulement je ne suis pas du tout habitué à ça, mais il se passe une chose très révélatrice. Dans la vie courante je suis plutôt quelqu'un de lourdingue, souvent conformiste, pas très original. Il y a sans doute une couche plus légère, plus sensible, plus subtile aussi à laquelle je peux accéder lorsque j'écris parce qu'alors je ne réfléchis pas, parce que justement le sens n'échappe. Mais devant réfléchir au sens avant d'écrire, je sens revenir le Jacques pesant auquel j'essaye d'échapper lorsque j'écris.


En général, je consacre une dizaine de minutes à la rédaction de mes post.
Pour ce qui est du présent billet, je viens de lui consacrer environ 40 minutes et je suis crevé

1 commentaire:

Nath a dit…

Je connais ce petit engin qui peut remplacer une secrétaire !! humm.. c'est un peu laborieux, faut répéter, épeler... je l'avais testé dans mon précédent travail ! Je l'avais pas trouvé top en me disant que c'était quand même mieux de taper avec ses dix doigts... et qu'il était impensable qu'il puisse remplacer le professionnalisme d'une vraie secrétaire ! lol

Et puis, tu as raison... l'approche est différente..