lundi, novembre 27, 2006

A l'automne qui n'arrive pas...

Fleurs ouvertes, rouges
Mes pas dans l'herbe, la plante des pieds chatouillée
La couette achetée il y a un mois, trop chaude
Le plaisir que j'attends des matins fraîcheur, une pureté plus grande,
Les contours encore brouillés des choses lointaines
Le premier Père Noël croisé chez Monsieur Bricolage, transpirant
Ah ! les jupes courtes des filles !
Et le vol d'un moustique cette nuit

L'automne ne vient pas
S'est perdu oublié, parti danser
Sans m'emmener…



Parti danser ...

mardi, novembre 21, 2006

LA NUIT


Un gué. Les zébus ne voulaient pas traverser et le conducteur s'énervait parce que la nuit arrivait.

Je dois pour aller me coucher traverser le jardin dans le sens de la longueur. Ce n'est pas très long, environ vingt cinq pas.
Je salue les arbres, le mimosa et le prunier, je leur trouve une belle âme et ils le savent. Je m'inquiète des fleurs en espérant qu'au printemps à venir… ce sont toutes des nouvelles, des promesses encore elles qui étaient graines cet été..

Il y a souvent l'ombre d'un chat ; je n'ai plus vu Raymond depuis quelques semaines. Raymond est la chatte coiffée en pétard qui se prélassait sur la branche principale du prunier. Au lieu d'elle, un gros chat gris et roux, un ombrageux qui ne se laisse pas approcher.
Je l'ai baptisé Assurancetourix, ou "Ass" pour aller plus vite.
Je n'oublie pas Simon, le nain du jardin, célibataire et borgne, auquel je ne trouve pas de compagne. Je cherche, j'écume les Puces et brocantes, les vide-greniers, les compagnons d'Emmaüs; mais est-ce lui qui ne veut pas ? aucune naine ne trouve grâce à mes yeux, aucune n'est digne de lui.

Il arrive que j'entende des bruits. Des voisins ou des cris d'oiseaux.
Il arrive la pluie, il arrive le vent.
Il arrive que je m'arrête pieds nus et regarde la lune.
Il arrive le silence.

Il n'est pas très long mon jardin, environ vingt cinq pas.




Traversée du bac sur la Tsiribihina

lundi, novembre 20, 2006

RASTAS

Une femme saoule vomit des mots, dit du mal des hommes.

là bas les montagnes des cheveux graisseux des rastas du cours Ju pétrifiés d'alcool sur le socle sombre du béton, le son d'une chanson, ils disent "a song" c'est une chanson, j'entends leurs rires, ils disent "a song" et ils rient. Ils ne dansent même pas, je les regarde ils ne me regardent pas.
Ils disent "a song" et ils rient.
Nuit tombée, tombe. Eclats de rire sans douceur seulement se donner chaud parmi le groupe, passent pressés les bourgeois qui vont quelque part, eux restent, riant.

Vont quelque part qu'ils croient.
Ou alors juste pressés sans un quelque part, être pressé justifie leur vie. Pas leur vie, ma vie aussi c'est pareil. Je suis eux, mais ils ne sont pas moi, ils ne sont plus moi. Je me détache. C'est confus mais ça fait pas mal.

Ils disent "a song" et la femme saoule vomit ses mots, suit son gros chien, vomit ses mots.
On peut pas lui en vouloir, elle est saoule.
Eux, ils rient
"a song" ...




Marché d'Antsirabé, dans le quartier des charbonniers et des forgerons. J'aime bien cette photo

.

mercredi, novembre 15, 2006

Rituel

Le travail aux champs, région d'Antsirabe

Depuis toujours les mêmes gestes, les mêmes silences, la même étrange cérémonie.
Cette répétition est l'immobilité du geste. Ce sont d'autres visages sans doute mais ils comblent l'éternité. Ou bien ils la creusent je ne sais pas.

Au plus lointain des souvenirs des hommes si vous faites encore un pas, ils étaient déjà là.




Retour des champs

mardi, novembre 14, 2006

RENCONTRE

Toute rencontre commence par le regard.
C'est par lui que j'autorise ou non l'invasion de mon intimité. Si je croise quelqu'un, je peux toujours éviter son regard. Nous nous frôlerons peut-être, nous heurterons même mais je pourrai faire semblant et poursuivre mon chemin.

Une rencontre commence par un regard et elle est un risque. Un grand risque parce que l'autre a un corps, est un corps qui me pénètre par son odeur et sa masse, qui limite ma vue et ma liberté de mouvement. Invasion.
A cet instant précisément il y a une tension, peut-être un déséquilibre. C'est l'instant délicieux du risque.
Je dois l'accepter, accepter l'autre. C'est ce chemin là que j'appelle "rencontre". Entre engagement et circulation, un espace s'invente entre deux quelque part...


Cette fois ce n'est pas une photo de Madagascar
Photo de Edward CURTIS, "an idle hour"; prise chez les indiens Piegans
De toute l'histoire de la photographie c'est cette photo que je préfère

dimanche, novembre 12, 2006

GALERIE DE PORTRAITS
























Une serveuse dans un restaurant, ma tante, un cousin, une femme dans un village.

Ensemble, ils fabriquent une musique douce, leur île
Une toile aux couleurs de ciel et de mer, une île

Combien de temps encore faudra t-il pour accepter que nous ne sommes qu'un seul peuple, une seule humanité, une exception de l'Univers
un seul monde
une île

Première fois

un village au sortir du fleuve. Les enfants hilares nous hèlent et nous offrent un concert, ils sont heureux d'avoir un public, nous sommes heureux de leur chaleur et de leurs rires.

por el blog
Vidéo envoyée par lunembul

bon, c'est pas très pro mais c'est ma première vidéo et mon premier montage. A vrai dire, j'en suis quand même content.

La musique à la fin de la vidéo est de Louis Sclavis, extraite du "voyage en Afrique". Merci à Fabrice qui m'a expliqué comment faire pour inclure une vidéo dans le blog.

mardi, novembre 07, 2006

Histoire

Lui est grand, elle hésite. Ils se tiennent la main d'un geste simple.
Pourtant elle hésite.
Ils marchent lentement, leurs pas s'écrasent sur les feuilles mortes. Quelques unes, quelques autres, beaucoup, des feuilles mortes. A un moment il laisse traîner un peu les pieds et ça fait un océan autour, très vite un océan de feuilles, mortes.
C'est étonnant un homme si grand qui joue.
Il s'éloigne d'elle ou bien c'est elle qui s'éloigne de lui et leurs mains s'élèvent jusqu'à l'horizontale. Ils se regardent, se rapprochent, leurs mains s'abaissent, c'est purement mécanique.
Ils n'ont pas encore parlé depuis le début de l'histoire. Il n'y a pas d'histoire parce qu'il ne se passe rien. Sauf qu'elle hésite. Lui, il sait qu'elle hésite c'est pour ça qu'il se tait. Il attend
l'épaisseur du silence.
Les ocres de l'automne, ils sont noyés dedans. Elle, sa main a pris le coude de l'homme.
Ceux qui ne voient rien disent qu'il n'y a pas eu d'histoire.


nous étions en balade à vélo autour de Tana. On entendait la mauvaise sono à des kilomètres à la ronde et sur place, beaucoup de rires.




Fianarantsoa; elle attendait pour remplir ses seaux d'eau et regardait les gens. Elle était tranquille.

lundi, novembre 06, 2006

Le Jour s'étonne

Le jour s'étonne du songe qu'il m'a donné, la mort d'un arbre et un nuage. Seul le vrai continue.

La mort d'un arbre, une image récurrente. Je ne sais pas pourquoi elle revient souvent, dans mes rêves mais pas seulement, j'aime écrire "un arbre mort", "la mort d'un arbre".

"Arbre mort" la sonorité est déjà poésie. Je l'imagine avec encore une fleur, encore un fruit.

Dans mon jardin survit un prunier, un vieillard usé dont tous les jardiniers avertis m'annoncent la mort prochaine. Il a pourtant fait cet été une orgie de fruits juteux.

Voici un cour texte écrit il y a un mois environ sur mon fantasme de Sibérie

Aujourd'hui il n'y a pas de vent. La neige tombe verticale; des milliards de flocons semblables.
Dans ce pays l'hiver est devenu Terre.
Rien, pas de sons, pas d'odeurs, pas même quelque chose à goûter. Rien.
Au début l'œil a cherché avec frénésie et angoisse quoi regarder. Le vol d'un corbeau; un changement dans la taille d'un
flocon. Mais il n'y a pas de corbeaux. Il n'y a pas de changement.

L'horizon est une ligne d'arbres sombres, derrière laquelle une forêt puissante attend, sa puissance est tout entière faite de patience. C'est tout ce qu'il y a à voir.

Une cabane isolée est posée au cœur de ce néant, dedans il y a moi. Je me demande sans doute quelle folie m'a amené ici, sans recours pour les dix années à venir. Dix années d'entre neige pour, peut-être, apercevoir ce prodige, un arbre mort qui donne encore des fleurs.
Peut-être.


N'ayez pas froid ! voilà des photos de Mada…


légende : photos de Mada





















jeudi, novembre 02, 2006

AVEC LE TEMPS

Un enfant, à Bemananas



Je me croyais indestructible, la mort était une abstraction
Je rêvais beaucoup, je savais des choses
J'avais des certitudes et des catégories, boîtes où ranger les idées et les gens
Je croyais en ma bonne étoile, et elle croyait en moi
J'aimais aimer, du verbe aimer vraiment
Je me serais fait tuer pour mes enfants
Je voulais aider les autres, ceux de mes rêves, avec mes rêves
Mais surtout
J'avais peur et je ne savais pas pourquoi

Aujourd'hui je me crois indestructible et la mort est une abstraction
Je rêve beaucoup, je sais des choses
J'ai des certitudes et des catégories, boîtes où ranger les idées et les gens
Je crois en ma bonne étoile et elle croit en moi
J'aime aimer, du verbe aimer vraiment
Je me ferais tuer pour mes enfants
J'aide les autres, tous, avec mes rêves
Et
J'ai moins peur

Je chevauche le tigre