mercredi, décembre 20, 2006

Paix

Le potier...



Être en paix

ce ne sont que des mots
reste la réalité ou ce que je perçois comme telle
l'ensemble étrange et flou des lignes, courbes et couleurs du monde
l'ordonnancement impeccable des choses, des êtres et des événements
comme une danse comme une danse qui m'appelle
que je n'arrive pas à rejoindre
alors je dis des mots
des mots et encore des mots
en espérant qu'ils deviendront ma réalité
dans ce monde étrange
des mots qui sonnent comme

"Je me déclare la paix"




... et la potière et leurs enfants


mardi, décembre 19, 2006

Etait-ce toi ?

Elle tressait les cheveux de l'enfant avec de beaux gestes lents qui parlaient sa tendresse...

Je me rappelle, j'ai caressé ton ventre
effleuré de mes lèvres un fragment de peau
tu disais… rien, ou bien je n'entendais rien
je me rappelle un bout de visage; quoi d'autre?
une couleur, une odeur, une douceur
ma bouche contre ta bouche
était une réponse sans question
je me rappelle ma dernière hésitation, tentation
chercher où tu es la plus douce
le secret de tes fluides
d'autres lèvres
Je me rappelle la lumière grise née des nuages
le bougainvillé sur la terrasse
le thé et ce moment de silence
ma main qui évite le contour du sein
qui n'ose pas le sexe
Je me rappelle mais
était-ce moi ?
était-ce toi ?
j'ai oublié

Elles étaient à côté, en silence, peut-être à cause de ma présence

jeudi, décembre 14, 2006

RAYMOND...


Le repose-pousse à Ambositra, un village d'artisans



Raymond ... est revenue...
je l'ai vue une nuit, 2h54 du matin, qu'allais je faire dans le jardin je l'ignore, mais elle était roulée en boule sur sa branche de prunier.
Ass a disparu ( le gros chat ombrageux et grognon)

Raymond était coiffée en pétard comme toujours avec son air de punk tout propre. Comme d'hab, elle est partie lentement et l'air excédée, je la dérangeais sans doute.
Non mais, à qui est ce jardin ?

Le matin le prunier était tout heureux, j'ai même cru qu'il allait en faire une fleur !




le pousse parle avec la marchande de tissus, une histoire d'amour commence...

lundi, décembre 11, 2006

Saxo

J'écoute Michel Portal lorsque je suis triste. Avant c'était Haendel, maintenant c'est Portal, j'ai la collec' des deux.
Je ne le fais jamais normalement mais là je fais comme les jeunes : le son très fort dans la voiture.
...
L'aigu du bandonéon, l'écho des voix des hommes
une douceur rauque se perd dans une guitare qui hurle
un chaos de sons avalanche le sans forme, et puis des cris, et puis la batterie comme un tambour de guerre vlam vlam vlam !! et un rire immense
il faut de la force alors pour que l'âme ne s'ensanglante pas
quand venue de l'inconnu, une mélodie s'insinue et enfle et le chaos s'ordonne pour en devenir le serviteur ou l'humble protecteur jusqu'à l'absurde,
jusqu'à ce que d'elle même la mélodie maîtresse se rompe et se dissolve. Il ne faut pas se tromper, la bête sauvage est toujours là.
Et soudain, à l'angle d'un éclair de guitare le profond du saxo me touche, entre plexus et nombril. Comme une voix humaine il parle, il dit le surgissement. Je monte le son encore, encore pour savoir qui je suis et l'oublier aussitôt que les cymbales explosent. Le saxo chante au-delà des mots et alors je pleure.

Combien d'années pour apprendre à pleurer, ne plus avoir peur de mes larmes ?
Beaucoup.

Je m'arrête aux abords flous d'un vague parking .
Un peu de temps, et puis la route …





Aujourd'hui je choisis le sourire de Bee...

... et l''exubérance de Prosper,le tireur de pousse qui chante

mercredi, décembre 06, 2006

Rêve alexandrin

parfois c'est comme ça, il me pousse des émotions plus grosses que moi

Un jour je dirai en pleins et en déliés le dessin de tes reins et le grain de tes pieds, le plus doux de tes mains et le velours posé si délicieusement sur mes bonheurs germés
je me suis senti arbre à la sève montée toutes feuilles au vent que le vent agitait.
J'étais cela,
j'étais ce rêve.

Mais je tairai le rêve enterré à l'ombre du prunier
Il deviendra l'humus des fleurs à naître et les vers que je lui devrai ne seront que de terre
J'épouserai les fleurs qu'il aura inventées avec tant de couleurs que dieu sera fâché

Quand nous serons réunis dans la terre de Marseille
lui rêve inoublié moi racines au ciel
Je t'y retrouverai...

... mais tu seras moins belle…

puis les émotions deviennent comme des perles...

dimanche, décembre 03, 2006

JW

une rencontre inattendue au bord de la forêt

Hier je regardais "les géants de l'Ouest", un western sorti en 1970.
Dans cette histoire, il y a des bons et des méchants.

Les bons :
John Wayne ridé, ralenti et bedonnant en super héros absolu., bon, fort, courageux, généreux, dur avec les autres et avec lui-même mais juste.
Des confédérés sudistes, mais américains + la bande de John Wayne, nordistes et américains; et un indien, fils adoptif de Wayne (John) lequel JW est j'ai oublié de le dire, mystérieux, avec une profondeur non dite mais suggérée à l'aide de répliques lourdes de double sens. L'indien s'appelle "bison blanc" et est présenté comme un cherokee, les cherokees étaient un peuple qui vivait dans les forêts de l'est, qui ignorait le bison (ceux ci hantaient les plaines du middle west). Les cherokees ont été décimés par les blancs, un épisode tragique a été la "piste des larmes".
Mais heureusement Bison Blanc a été adopté par JW en personne, il sait pas la chance qu'il a.

Les méchants :
les mexicains (tous) et les français parce que ça se passe à l'époque de l'empereur Maximilien.
Les français sont bêtes : bien que très supérieurs en nombre, ils s'obstinent à charger bien alignés et sabre au clair leurs adversaires armés de fusils à répétition. Ca les fait mourir en grand nombre et assez vite.
Les mexicains sont bêtes aussi. Eux, ils chargent droit sur l'ennemi, puis arrivés à portée de tir ils font cabrer leurs chevaux le temps qu'un américain l'aligne avec son fusil. Il ne reste plus qu'à mourir spectaculairement, c'est pas très malin de leur part. Cela dit ils meurent bien plus joli que les français qui tombent simplement, sans chichis; ces mexicains ils en font toujours trop. Mais attention ! Ils ne sont pas que cons, ils sont surtout fourbes et traitres. Cruels aussi, j'oubliais

Bon,
alors,
dites moi
pourquoi j'aime ça ?





là, je n'arrive pas à insérer une deuxième photo, dommage, elle est vraiment magnifique.

lundi, novembre 27, 2006

A l'automne qui n'arrive pas...

Fleurs ouvertes, rouges
Mes pas dans l'herbe, la plante des pieds chatouillée
La couette achetée il y a un mois, trop chaude
Le plaisir que j'attends des matins fraîcheur, une pureté plus grande,
Les contours encore brouillés des choses lointaines
Le premier Père Noël croisé chez Monsieur Bricolage, transpirant
Ah ! les jupes courtes des filles !
Et le vol d'un moustique cette nuit

L'automne ne vient pas
S'est perdu oublié, parti danser
Sans m'emmener…



Parti danser ...

mardi, novembre 21, 2006

LA NUIT


Un gué. Les zébus ne voulaient pas traverser et le conducteur s'énervait parce que la nuit arrivait.

Je dois pour aller me coucher traverser le jardin dans le sens de la longueur. Ce n'est pas très long, environ vingt cinq pas.
Je salue les arbres, le mimosa et le prunier, je leur trouve une belle âme et ils le savent. Je m'inquiète des fleurs en espérant qu'au printemps à venir… ce sont toutes des nouvelles, des promesses encore elles qui étaient graines cet été..

Il y a souvent l'ombre d'un chat ; je n'ai plus vu Raymond depuis quelques semaines. Raymond est la chatte coiffée en pétard qui se prélassait sur la branche principale du prunier. Au lieu d'elle, un gros chat gris et roux, un ombrageux qui ne se laisse pas approcher.
Je l'ai baptisé Assurancetourix, ou "Ass" pour aller plus vite.
Je n'oublie pas Simon, le nain du jardin, célibataire et borgne, auquel je ne trouve pas de compagne. Je cherche, j'écume les Puces et brocantes, les vide-greniers, les compagnons d'Emmaüs; mais est-ce lui qui ne veut pas ? aucune naine ne trouve grâce à mes yeux, aucune n'est digne de lui.

Il arrive que j'entende des bruits. Des voisins ou des cris d'oiseaux.
Il arrive la pluie, il arrive le vent.
Il arrive que je m'arrête pieds nus et regarde la lune.
Il arrive le silence.

Il n'est pas très long mon jardin, environ vingt cinq pas.




Traversée du bac sur la Tsiribihina

lundi, novembre 20, 2006

RASTAS

Une femme saoule vomit des mots, dit du mal des hommes.

là bas les montagnes des cheveux graisseux des rastas du cours Ju pétrifiés d'alcool sur le socle sombre du béton, le son d'une chanson, ils disent "a song" c'est une chanson, j'entends leurs rires, ils disent "a song" et ils rient. Ils ne dansent même pas, je les regarde ils ne me regardent pas.
Ils disent "a song" et ils rient.
Nuit tombée, tombe. Eclats de rire sans douceur seulement se donner chaud parmi le groupe, passent pressés les bourgeois qui vont quelque part, eux restent, riant.

Vont quelque part qu'ils croient.
Ou alors juste pressés sans un quelque part, être pressé justifie leur vie. Pas leur vie, ma vie aussi c'est pareil. Je suis eux, mais ils ne sont pas moi, ils ne sont plus moi. Je me détache. C'est confus mais ça fait pas mal.

Ils disent "a song" et la femme saoule vomit ses mots, suit son gros chien, vomit ses mots.
On peut pas lui en vouloir, elle est saoule.
Eux, ils rient
"a song" ...




Marché d'Antsirabé, dans le quartier des charbonniers et des forgerons. J'aime bien cette photo

.

mercredi, novembre 15, 2006

Rituel

Le travail aux champs, région d'Antsirabe

Depuis toujours les mêmes gestes, les mêmes silences, la même étrange cérémonie.
Cette répétition est l'immobilité du geste. Ce sont d'autres visages sans doute mais ils comblent l'éternité. Ou bien ils la creusent je ne sais pas.

Au plus lointain des souvenirs des hommes si vous faites encore un pas, ils étaient déjà là.




Retour des champs

mardi, novembre 14, 2006

RENCONTRE

Toute rencontre commence par le regard.
C'est par lui que j'autorise ou non l'invasion de mon intimité. Si je croise quelqu'un, je peux toujours éviter son regard. Nous nous frôlerons peut-être, nous heurterons même mais je pourrai faire semblant et poursuivre mon chemin.

Une rencontre commence par un regard et elle est un risque. Un grand risque parce que l'autre a un corps, est un corps qui me pénètre par son odeur et sa masse, qui limite ma vue et ma liberté de mouvement. Invasion.
A cet instant précisément il y a une tension, peut-être un déséquilibre. C'est l'instant délicieux du risque.
Je dois l'accepter, accepter l'autre. C'est ce chemin là que j'appelle "rencontre". Entre engagement et circulation, un espace s'invente entre deux quelque part...


Cette fois ce n'est pas une photo de Madagascar
Photo de Edward CURTIS, "an idle hour"; prise chez les indiens Piegans
De toute l'histoire de la photographie c'est cette photo que je préfère

dimanche, novembre 12, 2006

GALERIE DE PORTRAITS
























Une serveuse dans un restaurant, ma tante, un cousin, une femme dans un village.

Ensemble, ils fabriquent une musique douce, leur île
Une toile aux couleurs de ciel et de mer, une île

Combien de temps encore faudra t-il pour accepter que nous ne sommes qu'un seul peuple, une seule humanité, une exception de l'Univers
un seul monde
une île

Première fois

un village au sortir du fleuve. Les enfants hilares nous hèlent et nous offrent un concert, ils sont heureux d'avoir un public, nous sommes heureux de leur chaleur et de leurs rires.

por el blog
Vidéo envoyée par lunembul

bon, c'est pas très pro mais c'est ma première vidéo et mon premier montage. A vrai dire, j'en suis quand même content.

La musique à la fin de la vidéo est de Louis Sclavis, extraite du "voyage en Afrique". Merci à Fabrice qui m'a expliqué comment faire pour inclure une vidéo dans le blog.

mardi, novembre 07, 2006

Histoire

Lui est grand, elle hésite. Ils se tiennent la main d'un geste simple.
Pourtant elle hésite.
Ils marchent lentement, leurs pas s'écrasent sur les feuilles mortes. Quelques unes, quelques autres, beaucoup, des feuilles mortes. A un moment il laisse traîner un peu les pieds et ça fait un océan autour, très vite un océan de feuilles, mortes.
C'est étonnant un homme si grand qui joue.
Il s'éloigne d'elle ou bien c'est elle qui s'éloigne de lui et leurs mains s'élèvent jusqu'à l'horizontale. Ils se regardent, se rapprochent, leurs mains s'abaissent, c'est purement mécanique.
Ils n'ont pas encore parlé depuis le début de l'histoire. Il n'y a pas d'histoire parce qu'il ne se passe rien. Sauf qu'elle hésite. Lui, il sait qu'elle hésite c'est pour ça qu'il se tait. Il attend
l'épaisseur du silence.
Les ocres de l'automne, ils sont noyés dedans. Elle, sa main a pris le coude de l'homme.
Ceux qui ne voient rien disent qu'il n'y a pas eu d'histoire.


nous étions en balade à vélo autour de Tana. On entendait la mauvaise sono à des kilomètres à la ronde et sur place, beaucoup de rires.




Fianarantsoa; elle attendait pour remplir ses seaux d'eau et regardait les gens. Elle était tranquille.

lundi, novembre 06, 2006

Le Jour s'étonne

Le jour s'étonne du songe qu'il m'a donné, la mort d'un arbre et un nuage. Seul le vrai continue.

La mort d'un arbre, une image récurrente. Je ne sais pas pourquoi elle revient souvent, dans mes rêves mais pas seulement, j'aime écrire "un arbre mort", "la mort d'un arbre".

"Arbre mort" la sonorité est déjà poésie. Je l'imagine avec encore une fleur, encore un fruit.

Dans mon jardin survit un prunier, un vieillard usé dont tous les jardiniers avertis m'annoncent la mort prochaine. Il a pourtant fait cet été une orgie de fruits juteux.

Voici un cour texte écrit il y a un mois environ sur mon fantasme de Sibérie

Aujourd'hui il n'y a pas de vent. La neige tombe verticale; des milliards de flocons semblables.
Dans ce pays l'hiver est devenu Terre.
Rien, pas de sons, pas d'odeurs, pas même quelque chose à goûter. Rien.
Au début l'œil a cherché avec frénésie et angoisse quoi regarder. Le vol d'un corbeau; un changement dans la taille d'un
flocon. Mais il n'y a pas de corbeaux. Il n'y a pas de changement.

L'horizon est une ligne d'arbres sombres, derrière laquelle une forêt puissante attend, sa puissance est tout entière faite de patience. C'est tout ce qu'il y a à voir.

Une cabane isolée est posée au cœur de ce néant, dedans il y a moi. Je me demande sans doute quelle folie m'a amené ici, sans recours pour les dix années à venir. Dix années d'entre neige pour, peut-être, apercevoir ce prodige, un arbre mort qui donne encore des fleurs.
Peut-être.


N'ayez pas froid ! voilà des photos de Mada…


légende : photos de Mada





















jeudi, novembre 02, 2006

AVEC LE TEMPS

Un enfant, à Bemananas



Je me croyais indestructible, la mort était une abstraction
Je rêvais beaucoup, je savais des choses
J'avais des certitudes et des catégories, boîtes où ranger les idées et les gens
Je croyais en ma bonne étoile, et elle croyait en moi
J'aimais aimer, du verbe aimer vraiment
Je me serais fait tuer pour mes enfants
Je voulais aider les autres, ceux de mes rêves, avec mes rêves
Mais surtout
J'avais peur et je ne savais pas pourquoi

Aujourd'hui je me crois indestructible et la mort est une abstraction
Je rêve beaucoup, je sais des choses
J'ai des certitudes et des catégories, boîtes où ranger les idées et les gens
Je crois en ma bonne étoile et elle croit en moi
J'aime aimer, du verbe aimer vraiment
Je me ferais tuer pour mes enfants
J'aide les autres, tous, avec mes rêves
Et
J'ai moins peur

Je chevauche le tigre

mardi, octobre 31, 2006

Poésaoule livrétique

Après son départ, je n'avais plus aucun projet, aucun désir, aucune envie. Je voulais boire, chaque jour du matin au soir, boire.

Le matin je m'habillais et je partais au goulot. Le gosier sec mais pas pour longtemps, au premier bar je retrouvais mes amis, ivrognes en service. Nous buvions avec acharnement en récitant les verres des plus fameux poètivres, nous tournions les pages de leurs livresses, nous les additionnions, les multipliions jusqu'à ce qu'elles deviennent assez immenses pour atteindre la grandivrognerie. Mais nous nous divisions lorsque le patron sortait son vire-bouchon et qu'il fallait partir.
Nos amitiés poivrotes ne résistaient pas au dehors. Nous fuyions ici ou là, moi je cherchais un autre comptoir ou j'essayais de suivre une vague silhouette titubouteillant vers un ailleurs problématique. A la première porte, première odeur de vin, j'entrais. Je n'avais plus d'argent bien sûr mais je jurais que si :
"Croix de bois, Croix de fer, Si j'mens j'bois encore un verre". Quelqu'un finissait toujours par m'offrir un verre, ou deux et je me fondais parmi ceux là qui ne boivent pas, pas trop, qui travaillent, qui ont de l'argent et même qu'ils payent des impôpulaires.
De bar en bar les sons s'enchoquaient et les couleurs s'emmêlaient; je me kaléïdoscopais en blanc, en bleu et en vert de rouge. Les visages se décomposaient comme le faisait Picasso, dans sa période Cubi. Je buvais.
Jusqu'à la nuit.
Jusqu'à ce que je rentre chez moi où elle n'était plus. J'entendais pourtant encore des traces de sa présence, des battements d'Elle.
Quand on aime on est toujours fragile; quand on aime on a toujours du temps pour le vin. Il me restait d'une période faste dont j'avais tout oublié quelques bouteilles rouge merveille que j'entonnais à tire larigosier, elles étaient trompettes liquides.
Puis comme j'avais peur de mon lit vide je dormais sur le canacépage du salon où mes orgies n'étaient jamais lumineuses.

Et le temps a passé, mes souvenirs ont foulecampé emportant ce que je croyais important et me laissant des choses inutiles dont je ne sais que faire. Comme son souvenir.


Au pays des couleurs















































lundi, octobre 30, 2006

Mes ...



ouvrir ....






Méditer
Dans certaine tradition, la méditation consiste en ceci. S'asseoir face à un mur, si possible sur un petit coussin rond et peu épais, les genoux calés au sol, le dos droit. Joindre les mains dans une certaine position ( mais une autre conviendrait tout autant ) et ne plus bouger, ne plus parler ni émettre aucun son particulier.
Ne pas oublier de porter des vêtements amples pour être confortable dedans, et propres.
Fin des instructions.
C'est déroutant.

Mes voyages
Les plus beaux sont silencieux et immobiles. Ce ne sont pas des voyages, dit un personnage chagrin. Qu'en sait-il ?

Mes idées
J'en ai de moins en moins. Il m'arrive même, parfois, de n'avoir aucune idée sur des sujets importants et de ne pas en souffrir. Je vais me réincarner en concombre.

Mes désirs
J'en ai perdu pas mal, ça me permet de mieux m'occuper des autres qui restent.

Mes lectures
En ce moment, des bribes. Je ne peux pas me passer de Philippe Jacottet mais je ne le lis pas non plus. C'est mon côté légume qui s'affirme ? je vais relire les "haïkus du jardin" (Guillevic ?)

Mes danses
Chaque geste, entre liberté et contrainte, frôle l'équilibre. Je lèche la frontière du bonheur.
Alors la fin n'est jamais amère, seulement autre chose qui continue.

Mes certitudes
sont nombreuses. Quand l'une se désavère, une autre la remplace.
Exemple : "se désavère", le mot est moche. J'attends que cette certitude se désavère et une autre aussitôt la remplacera. C'est très simple.

Méditer
C'est déroutant.




......... ouvrir encore













vendredi, octobre 27, 2006

Eternité
















Photo prise à Manakara, petite ville au bord de l'Océan




J'ai un nouvel emploi ! J'étire le jour pour qu'il aille exactement jusqu'au lendemain.
Ce n'est pas si facile, il suffirait d'une seconde de plus ou de moins pour que l'éternité nous engouffre.

Oh lala, quel tourbillon ce serait !
Et même lui qui partait
Les poings dans les poches crevées
Même lui ne pourrait nous sauver

Je vous jure, je vous jure que ce n'est pas facile.






Celle ci aussi, photo prise à Manakara







jeudi, octobre 26, 2006

MADAGASCAR

Pour le voyage, j'ai délaissé mon vieux fidèle appareil photos argentique, de toutes façons mon fils l'a confisqué pour son propre usage et je n'y ai plus droit !! j'ai acheté un numérique...
J'ai eu un peu de peine bien sur mais je me dis hypocritement qu'il est (l'argentique) entre des mains plus jeunes et plus fougueuses.
Je suis revenu avec un tas d'images...

de zébus




et leurs bergers


et d'autres images, et encore d'autres, des plus secrètes, vastes et floues qui se mêlent aux impressions et aux sentiments. Photos du coeur.

mercredi, octobre 25, 2006

PROGRESSION DU DESIR

Ce sont les frôlements qui décident tout, selon leur qualité, leur intensité. Bien sûr il y a les rires partagés, les confidences : ils ne sont que la porte qui ouvre sur la possibilité.

D'abord le poil se hérisse, à peine, seulement une sensation intérieure, du dedans de la peau et je me sens vivant. Il y a le parcours de la sensation dont je ne sais pas tout de suite si elle est vraie ou non. Le rêve, le réel, l'entre deux de ma timidité et de ma force.

Même hésitante, l'âme colore les perceptions, celles du temps surtout.
Essentiel, de ne pas démêler le vrai de l'imaginé. J'interroge le monde et me satisfais qu'il ne réponde pas, parce que là est la source des encres neuves.

Comme on cherche la faille dans le lapsus, la faille qui conduit au sublime, il ne faut pas avoir peur des manquements ni des esquisses, ni des silences.
Suspension du geste, la promesse se réalise.

C'est alors que ...

Autre image de Mada...





lundi, octobre 23, 2006

REVENIR

Je retrouve l'univers des blogs après combien de mois ? Quatre ?
Ecrire était difficile. D'abord je suis parti loin et lorsque j'ai cru revenir ce n'était pas vrai.
Je ne suis pas resté "là bas"; ce n'est pas ça, c'est juste que je ne suis plus nulle part, pas d'ici j'en suis sûr, mais pas d'ailleurs non plus.

Je me sens pourtant des envies de racines, comme un arbre en aurait : peu importe quelle terre, mais il en faut une ( bien entendu, je ne suis pas certain de ça. Je le dis parce qu'avoir un semblant de certitudes me rassure. "Avoir des certitudes" en la matière le verbe avoir est à l'envers. Ce sont les certitudes qui m'ont. Je suis eu ).

Des semaines, beaucoup de semaines ont passé sans que j'ose même feuilleter les blogs que j'aimais. Je devais d'abord m'accepter d'être ici, au moins un peu.

Le monde me paraît aveugle et cruel, c'est une banalité à dire mais voilà : lorsque je regarde une vitrine, l'étalement des richesses plastiques, le tout à jeter des rêves inutiles, le monde marchand qui fait la pute sous mes yeux, l'avilissement des pensées, oui, lorsque tout cela s'étale dans une vitrine et lorsque je regarde cette vitrine, c'est moi que je vois.



J'ai pris cette photo à Mada., dans la ville d'où vient ma mère.



jeudi, juillet 13, 2006

LA FORTERESSE VIDE



Les mots s'inventent pour que devienne chair ce qui était déjà chair, mais non dite, impensée.
Les mots courent leur chemin jusqu'à ce que que le souffle les arrête.
Ca fait un baiser d'amoureux, langues mêlées. Ce qui était souffle est devenu mots, ceux qui étaient mots sont devenus souffle.

Sur la ville, une chaleur écrasante. Le silence né de la chaleur n'a pas le même grain que les silences nés du froid. C'est un silence d'absence ou bien d'oubli. Ceux qui le peuplent, hommes et bêtes, ont presque honte d'être là. Chacun garde ses distances, yeux baissés.

La femme avait une prestance d'espagnole, son regard était d'eau pourtant et ses gestes un vent léger et soyeux. A l'aube de ses lèvres un fleuron d'étoiles taisait son âge. Peut-être avait-elle cinquante ans, peut être plus. L'horizon était entre ses jambes mais elle n'a rien voulu dire.

Il y a un peuple de femmes et d'hommes étranges qui connait des secrets. Ils n'ont pas de nom. Ils n'existent pas vraiment. La police les recherche, les arrête et les chasse. Alors ils se cachent. Se taisent. Nous, nous ne les voyons pas ou à peine, ce n'est pas notre problème. Leur nom c'est "sans papier" et il sonne comme "sans pitié".



La vieille race avait disparu, fatiguée
ils s'étaient dévorés les uns les autres au nom du Bien et de l'idée qu'ils s'en faisaient.
Lorsqu'ils eurent disparu, il n'y eut plus sur Terre de Mal ni de Bien
Rien que le flux incessant de la Vie

Ils avaient pourtant essayé, essayé, essayé
Ils crurent que la complexité les protègerait
Ils crurent que la sauvagerie s'effacerait d'elle-même
Ils crurent qu'ils étaient faits d'autre chose que leur peur
D'autre chose
mais quoi ?

Alors qu'ils n'étaient plus on entendait mieux les insectes
et de temps en temps le grondement mégalomane
d'un de leurs bâtiments qui s'effondrait
Et quand le temps fut passé, beaucoup de temps
Il n'y eut plus rien d'eux
Sauf là-bas, un phare

Pourquoi ?

lundi, juillet 03, 2006

Eau de rose

Tu étais au piano, un soir chez des amis communs. J'étais un peu ivre, un peu seulement et je m'ennuyais. Je t'ai écoutée, j'ai dit "c'est du Monk ?". Sans cesser de jouer tu as dit oui en inclinant la tête. Après quelques minutes tu m'as demandé de t'apporter à boire. Ta voix était un peu voilée.
Je ne sais pas résister aux femmes dont la voix est un peu voilée, surtout quand elle joue Monk au piano. J'ai choisi je crois un verre de vin blanc, il était excellent. Tu attendais que je parle dans un silence amusé, j'ai parlé. Je l'ai dit j'étais un peu ivre mais tu as ri, puis tu as parlé un peu, très peu. Tu as joué à nouveau. J'ai dit "j'adore Monk !" , je voulais t'emmener dans ma chambre, là tout de suite. Tu as joué à nouveau, ensuite je ne sais plus très bien mais je t'ai retrouvée près de moi avec à la main un petit sac de cuir rouge. Tu as dit "je vous ramène chez vous" et ce n'était pas une question.
C'était il y a cinq ans à peu près. Ton piano est dans le salon. Ah, ça fait un moment que je sais, ce n'était pas un morceau de Monk, c'est Mélanie qui me l'a appris. Quand tu m'as ramené chez moi, tu as visité l'appartement, tu m'as dit "ça me plait". Je t'ai emmenée dans ma chambre, je l'ai dit j'étais un peu ivre.
Il s'en est suivi quelques jours et beaucoup de nuits. Surtout des nuits.
Maintenant ton piano est dans le salon et ton silence partout dans la maison.
J'écoute un disque, un vynile j'en ai encore quelques uns. Ca gratte et ça crachote. La voix de Terry Williams – toi c'est le jazz, moi c'est le blues - la voix de Terry Williams a l'air de planer paresseusement par dessus. Par dessus ton silence. Je suis nu et je bande un peu mais sans conviction, il fait trop chaud. J'ai bu quelques verres de vin blanc. Assez pour être légèrement ivre.
Je me lève, je vais vers le piano, je tapote quelques touches. Ca fait un son idiot. Je ne sais pas jouer, je préférais t'écouter de toutes façons. Le son sonne et résonne étrangement, je ne l'ai encore jamais entendu comme ça, par dessus la voix de Terry Williams. Et ton silence.
Le bruit de la porte qui s'ouvre. Mon coeur cesse de battre... Tu es magnifique toute en blanc, tu me dis "monsieur, il faut vous habiller", oui, oui, je vais m'habiller, je vais pas me marier tout nu quand même. Je t'embrasse et je te dis doucement au creux de l'oreille "tu sais, il y a longtemps que je sais".
Tu me regardes, l'air interrogateur. " Que ce n'était pas du Monk".

MH

MH
Décision suspendue… nul ne sait ce qu'il en sera, d'une vie encore longue ou plus brève.
Les médecins ont opéré / On ne sait pas encore / Le combat continue

Vie et mort ne sont pas opposés.
Naissance et mort sont un couple qui danse la danse de la vie
C'est une lutte et un infini repos en même temps
Comme la valse à trois temps de Brel
Trois temps qui permettent juste de recommencer
Et de recommencer encore
Avec un puissant désir un désir si fort !

Décision suspendue…

jeudi, juin 29, 2006

SANS NECESSITE AUCUNE

Les mamies amenaient le jour, peut-être les odeurs de la vie
Leur humaine présence et l'amour de la pluie

Saura t-on jamais pourquoi nous sommes nés ?


(Pour JPL)

DESORDRES


Je t'aime
tu m'aimes
nous ne nous aimons pas

Je viens
tu viens
nous n'y arrivons pas

Les mots me manquent.
Ils sont pauvres et rugueux, trop EPAIS pour décrire les sentiments ou les émotions, épais d'une épaisseur opaque.

Cette nuit il y avait le silence relatif de la ville, entendue depuis le jardin
Il y avait une boule froide et brulante vivant entre le plexus et le hara, trois doigts en dessous le nombril

Il y a eu le désordre et l'ordre, l'amour et la colère
et l'arrivée de la douceur dans l'évaporation des larmes

Il y a eu le matin comme un appel
en attendant la nuit

..........................

"Je ne sais pas pourquoi c'est en tant de mots que je n'ai rien dit" (Alain Borne)

Je n'arrive pas à dire parce que j'habite l'univers et que l'univers m'habite

Pour dire une seule chose il faut tracer une frontière, séparer, nommer, découper cette chose du tout qu'elle compose. Geste violent, d'une brutalité d'enfant injuste.

Les choses n'existent pas, ni les émotions ni les sentiments
seul Jacques existe
Mais il est indicible

mardi, juin 27, 2006

AU BORD

Des femmes vides
……………..
J'entends mal le chant des sirènes
lorsque grondent mon incertitude
et ma peur

Je mourrai seul, je le sais. J'y tiens.
Des médecins blafards viendront me décortiquer: je donne mon corps à la science. S'il vous plait, chirurgiens, qu'il ne reste rien qu'un tas d'os que l'on sache ce que je vaux.

Donnez mon cœur à quelqu'un de méchant et fourbe, je n'y arrive pas vraiment.
Peut-être que pour la première fois une femme m'attendra avec un vrai désir de vivre. Elle attendra quoi, mon foie ? mes reins ? tout se greffe aujourd'hui, et même tout se vend.

Je ne donnerai rien (les morts ne donnent rien).
Quand des doigts rapaces me saisiront mon seul véritable héritage
je resterai main crispée main crispée
sur mon sexe..

Je vous le promets.

.

.

.

Eh toi là-bas !... oui toi !!
Garde le soleil dans ta bouche, encore un instant
Tu sens comme ça chauffe, comme ça brûle ?

Reste ainsi un moment, encore un moment
Aussi long que tu peux, restes
Goûtes, ressens,…

maintenant que ta langue est cramée
que tu as perdu à jamais le goût des choses
tu regarderas le ciel d'un autre regard
d'égal à égal
même si c'est pas vrai

lundi, juin 26, 2006

A L'OPPOSE DE LA BARBARIE

VICTOR JARRA

Hier soir je lisais un livre où son nom apparaissait. Victor Jarra, chanteur, poète chilien.
Emprisonné, torturé et fusillé par l'armée lors du coup d'état de 1973 au Chili.

On raconte qu'il eut les mains broyées.
Il était guitariste
Ils étaient militaires

Peut-être qu'ils avaient peur de lui ?

Duerme, duerme negrito
que tu mama esta en el campo
negrito

Duerme, duerme negrito
que tu mama esta en el campo
negrito

Te va a traer cordornices para ti
Te va a traer muchas cosas para ti
Te va a traer carne de cerdo para ti
Te va a traer muchas cosas para ti

Y si el negro no se duerme,
viene el diablo blanco
Y zaa
le come la patita
yacapumba
yacapumba
apumba yacapumba
yacapumba
yacapumba

Duerme, duerme negrito
que tu mama esta en el campo
negrito

Duerme, duerme negrito
que tu mama esta en el campo
negrito

Trabajando, duramente
trabajando si
trabajando, y no le pagan
trabajando si
trabajando y va tosiendo
trabajando si
trabajando y va de luto
trabajando si

pa'l negrito chiquito
trabajando si
pa'l negrito chiquito
trabajando si
no le pagan si
duramente si
va tosiendo si
va de luto si

Duerme, duerme negrito
que tu mama esta en el campo
negrito

Duerme, duerme negrito
que tu mama esta en el campo
negrito

Mes enfants ignorent tout de lui
son nom
sa voix
sa mort

Pourtant
c'est pour eux qu'il est mort

Regardant mes enfants
je me dis
qu'il a gagné
... quand même ...

vendredi, juin 23, 2006

POEVIE


Je veux faire un poème
Pas écrire

faire

L'encre avec un verre de sang
Et un peu de merde

Le papier sera de peau
Décousue
A l'angle de l'épaule

Cheveux et poils feront pinceau
Un os de mes phalanges le manche

Ma langue je tranche
Pour fabriquer un silence d'église

Mes viscères étalées
Pour parler de l'intérieur
Avec le cœur pulsant encore
Son rythme alexandrin

Et la vie s'écoulera
Et le poème se fera poésie
Poévie
Et la mort

Elle attendra

jeudi, juin 22, 2006

Mes voyages (1)


Chronique amère

Je suis de toutes les tribus.
J'ai visité le monde entier. Je connais chaque pays ou presque, chaque peuple ou presque. Je parle toutes les langues, danse toutes les danses, j'ai épousé toutes les femmes et chacun de leurs dieux est mon dieu.
Mais pour apprendre cela, il m'a fallu oublier qui je suis et d'où je viens. Oublier pourquoi je voyage.

Je cherchais le lac de mon esprit; je cherchais des traces ou bien leurs ombres. Je voulais, maintenant je me rappelle je voulais oublier le but et cesser de trouver pour accoucher la Terre de mon désir.
J'avais un enfant à naître.

Aujourd'hui je possède un savoir immense et douloureux.

Parce que je n'ai rien vu.
Tant que j'étais encore moi-même je n'ai rien vu. Je retrouvais dans les rues des villes, dans les cours des palais, dans les tentes des soldats en guerre les traces de mon passé. La même femme hantait les mêmes bordels d'Alexandrie à Naples, de New-York à Maputo. Il n'y avait pas de monde autre, pas d'autres peuples.

Immense et douloureux parce que je ne sais rien.
Je vous l'ai dit, j'ai tout oublié. Je peux parler toutes les langues mais je n'ai plus rien à dire. Seul mon corps parle.

Lorsque je suis devenu fou
On m'a habillé d'un chapeau rond et d'un pagne rouge.
Et mes yeux ont commencé de voir ce que mon esprit oubliait immédiatement.

C'est pour ça que mon savoir est immense.
C'est pour ça qu'il est douloureux.
C'est pour ça que je suis fou.

dimanche, juin 18, 2006

ROUGE

Photos et textes d'après une proposition de http://laboiteaimages.hautetfort.com/ qui est dans mes liens favoris à la rubrique "drôle, érudit et intelligent" à côté.




Elle... dans un océan de rouge... elle... avec lui...elle se cache, c'est sûr elle... se cache, elle... lui il veut il dit "c'est rouge" elle... honte... il dit "c'est rouge"... on dirait du sang ... elle dit "non, je ne peux pas" il dit... elle part... elle court... l'homme reste dans l'océan du rouge. L'homme reste dans l'océan... ......................


Elle arrive chez elle c'est la nuit déjà. Se glisse dans la chambre... aux ombres fortes. Elle ... ombre parmi les ombres... cherche, cherche. Toute la nuit. L'armoire ouverte... ombres, le secret violé.
Elle est vêtue en noir, ça fait trop longtemps... Elle veut savoir. CETTE NUIT. Ca fait trop longtemps.
.........................


L'enfant est à ses pieds, la lettre déchirée, il a déchiré la lettre l'enfant. Elle le regarde, tout est paisible. Maintenant tout est paisible, il y a des fleurs sur le manteau de la cheminée. Elle se repose dans son fauteuil, regarde l'enfant qui déchire, elle se repose. Paisible.
..........................
Mais le mur derrière elle, le mur est rouge.

samedi, juin 17, 2006

La Terre Est Un Tombeau...


La Terre est un tombeau qui nous ouvre son coeur

J'irai où le prunier laisse tomber ses fleurs
Guettant l'instant sublime où la vie et la mort
Tressent leurs entrelacs que l'avenir explore.

vendredi, juin 16, 2006

LA LETTRE

Le jour où la lettre arriva,
Tu n'étais plus là.
.....................................
Les amis étaient partis et j'étais seul. Peut-on imaginer cela, cette solitude ...
Ta mort m'était devenue un épais manteau de douleur.
La béance du dedans que tu savais combler ouvrait à nouveau sa gueule d'enfer.
J'avais peur de moi.
J'avais peur du Temps.
.......................................
La lettre était signée, par toi. Je reconnaissais ton écriture, la netteté des ses angles. J'y voyais aussi les écroulements subits lorsque la maladie mordait plus fort et que ta main tremblait.
Je ne sais quand tu l'as écrite, je t'avais veillée nuit et jour les derniers mois.
.......................................
Alors j'ai entendu ta voix ... tes mots ... tes silences...
Tu parles de tes propres béances, de tes propres peurs, de ta fatigue aussi.
Tu dis la douleur, celle-là qui ne se partage pas.
Tu dis aussi qu'il y a de la place.
Place pour la douleur,
Pour la peur et pour la fatigue.
Place pour l'amour et le repos
Place pour moi et pour les autres
.........................................
Tu dis la vie qui s'en va
que tu en as assez de ton corps délabré.
Tu ne caches rien, tu as toujours été impudique et naïve,
tu décris ce que ça te fait, comment tu es, là, maintenant
A travers tes mots, parce qu'ils sont vrais, je te retrouve, parce que tu es vraie
Vraie, réelle comme est réelle une symphonie, qu'on ne saurait saisir ni toucher
Ta vérité ! Maintenant j'entends ton rire, il était souvent silencieux pourtant.
............................................
Je referme la lettre, je ne sais pas si je vais la garder
ou la brûler.
..........................................
J'ai moins peur.

mercredi, juin 14, 2006

HORIZONTAL JAMBON


La journée s'achève.

J'entends les voisins diner avec leurs invités.
Eh oui, l'un des charmes de ma maison est d'être en plein centre ville avec un tout petit jardin, et plein de tout petits jardins autour qui sont pleins de tout petits voisins qui ont plein de tout petits amis, qui ont plein de toutes petites envies de visiter mes tout petits voisins avec un tout petit rosé du pays, qui fabrique après quelques tout petits verres du tout petit rosé de ce tout petit pays, des grosses voix qui rigolent, des fourchettes qui fourchettent, de la vie, de la joie, du bruit.
Dans ces moments là, il n'est pas conseillé de dîner d'un bout de pain et de gruyère, tout seul en plus. Ou alors pain et sardines, les sardines c'est dépressif. Le gruyère aussi, d'ailleurs, mais moins, y'a pas d'arêtes.
On peut aussi ouvrir une bière, mais c'est à double tranchant.

Ce soir, j'emmerderai les moustiques.

MARTIN


Martin dort
Dans son tipi kaki

A six heures du matin
Sonne le réveil Martin
Qui réveille Martin

Et chaque matin
que Martin se réveille
au son du réveil Martin

Le machin de Martin
(il a un méchant machin Martin)
Le machin de Martin
S'étire, s'étire, s'étire
Comme la queue d'un satyre

Tant qu'à la fin
le machin de Martin
atteint la femme à Martin.

Elle s'appelle Martine
et, comme chaque matin
Martin réveille Martine
Avec son machin
Ils l'ont appelé le réveil Martine

Et alors Martine
se courbe, se cabre, se cambre
et s'étire, s'étire, s'étire

et le Machin de Martin
s'étire, s'étire, s'étire
Si tant bien
Qu'à la fin
Martin machine Martine

Et chaque matin
Le réveil Martin
Réveille Martine