vendredi, octobre 31, 2008

Simple son

Voilà la rondeur des jours que je compte à rebours, lents et lourds
Voilà la lenteur des heures, imparfaites et légères
Voilà les minutes infinies
Voilà les secondes
pendant lesquelles j'attends la fin de mes rêves. Je mettrai alors mon manteau de velours pleuré et des chaussures de cuir. C'est pour bientôt. J'ai déjà rangé l'été dans le placard de l'entrée et l'automne se prolonge.
Je ne crains rien, je sais où aller.





mercredi, octobre 29, 2008

Terrasse de la La Samaritaine...

28 ou 29, je ne sais plus. Quelle importance, n'est-ce pas ?

mardi, octobre 28, 2008

Courrier Départ




J'ai réservé une pièce pour zazen.
Sur un court meuble en bambou, la statue du Bouddha, ce vieux Bouddha de plâtre que j'avais acheté au marché d'Aix en Provence, en 95 ou 96. Il a perdu des morceaux au cours des successifs déménagements mais il est beau. Il me rassure, je crois.
Le zafu est le long d'un mur, posé de sorte que lorsque je suis assis, je tourne le dos à la fenêtre. La petite coupe pour les trois coups de cloche au début du zazen est là. Le son aigrelet m'est tellement familier !! J'écoute les vibrations du son qui s'éteint doucement, une fois, deux fois, trois fois. Zazen commence et ne commence pas à ce moment là.

Je suis assis, je respire. Je pense, j'inspire, je me redresse, je pense encore, j'écoute, j'entends, je regarde le blanc du mur, je pense, je me redresse, j'expire longuement, je détends, je me détends, je me crispe, je pense, je m'impatiente, j'entends mon cœur et j'entends mon ventre, je m'endors, je pense, j'inspire encore, je sens, je devine, je me perds, je me réveille brusquement, j'expire, je pense, je guette l'heure, j'écoute, je me redresse, je suis assis immobile et silencieux.

Rien.
Pendant ce temps, rien ne s'est passé, même pas le temps.

Ensuite, je chante les sutras, en français, en japonais ou en pali, ça dépend des jours. J'écoute le son par les oreilles et par le corps, je sens qu'il véhicule le souffle de tous les Patriarches à travers le Daï Saï, à travers le Sutra du Cœur, le Refuge et les Quatre Vœux. Parfois je récite le lignage.
Je reste un peu à écouter le silence revenu au milieu des bruits de la colline.
Il m'arrive de me sentir très seul.

J'ai réservé une pièce pour zazen, où le temps ne passe pas.

lundi, octobre 27, 2008

Courrier arrivé



Scène : place Mariage à Mamoudzou, jeudi 23 Octobre vers 11 heures du matin

Acteurs : une jeune femme chic et blonde. Un enfant roux qui l'accompagne, environ 10 ans, en short et chemisette, très propre. Un enfant noir, sale, short et tee shirt pleins de trous et de crasse, environ 10 ans.

La jeune femme et l'enfant roux descendent vers la BFC, elle marche rapidement, l'enfant roux trotte un pas en arrière. L'autre enfant remonte le long du même trottoir, il voit les deux qui descendent, se colle contre une grille de parking, ses deux mains accrochent les barreaux au dessus de sa tête.
Il interpelle les deux qui descendent, la jeune femme le dépasse sans un regard, stoppe net et tout en gardant le dos tourné au gamin noir, fouille dans son porte monnaie, se retourne et lui tend une pièce, sans un regard. Gestes vite et pressés, puis elle s'en va brusquement.
Restent les deux gamins, les yeux dans les yeux, immobiles, silencieux.

Il y avait du soleil, des ombres fortes et des bruits de voiture. Dans le café en face l'ombre cachait les consommateurs attablés. Bruits des conversations.

Immobiles, silencieux... La jeune femme fait demi tour, interpelle l'enfant roux qui va vers elle et l'autre enfant reprend sa route.
Deux secondes plus tard : la jeune femme et l'enfant roux descendent vers la BFC, elle marche rapidement, l'enfant roux trotte un pas en arrière. L'autre enfant remonte le long du même trottoir.






Lundi
Sévère coup de blues, ce matin.
Je n'ai pas pour habitude de parler de mes petites quotidiennes occupations, encore que j'aie essayé un peu ces derniers mois. Je vais faire une exception.

Mon boulot, c'est de construire, plus précisément faire construire. Je bétonne et j'aime ça.
Hélas, le béton est souvent politique.
Si j'aime le béton je ne m'occupe pas de politique, les petits arrangements entre amis me dégoûtent, l'incompétence et la médiocrité autant. Je ne dis pas qu'il n'y a en politique que ça, certainement non, mais il y en a aussi. Alors quand je dois y faire face, j'applique une tactique génialement lâche et je regarde ailleurs.
Et quand je suis face contre face, que je ne peux pas regarder ailleurs ? J'écris que " Je refuse de continuer à m'occuper du dossier" et j'envoie mon courrier.

Et la nave va, je verrai bien…

En attendant de voir, j'ai vu hier au retour de plongée une maman baleine et son baleineau, dans le lagon, qui faisaient des ronds dans l'eau,
des ronds dans l'eau
dans l'eau,
dans l'eau.

jeudi, octobre 16, 2008

Le pendule de Foucault



Je suis toujours surpris par ce qui est démesurément plus grand. Surpris, effrayé, émerveillé. Soumis.
D'où mon fantasme de Sibérie, froide et grande, d'une totale indifférence, démesurée.
Je me rêve jouet minuscule au sein d'une nature énorme, énorme, si énorme que je ne pourrais que lâcher prise, enfin. Que seul l'abandon et non pas la lutte, permettrait la survie, l'abandon complet.
Je sais que c'est possible.


Quelques dauphins ...

Font des bonds...

... Je vais leur parler de la crise financière

mardi, octobre 14, 2008

D'abord, il y a la mer

Et ici, la mer ressemble à ça







Mon rêve de baleine - voir le titre du présent blog - me poussait à poser un oeil attentif, dans l'espoir d'apercevoir quelque chose un peu comme ça :



Par exemple, là j'ai dessiné une mère et son baleineau, (c'est une vision d'artiste)


Mais rien de tel. Dimanche par contre, en bateau voilà ce que nous avons vu


D'abord un souffle



et en s'approchant, doucement...


Ma première baleine.

Elle s'est laissé observer gentiment avant de décider de réchauffer sa queue



Hauteur du truc qui dépasse, 3 mètres environ. La peau est sans doute plus fine, le sang peut être réchauffé puisqu'elle reste comme ça dix minutes ou un quart d'heure...

Puis elle sonde, elle plonge



sans remous, sans éclat


Elle n'a pas disparu complètement, quelques minutes plus tard, elle a réapparu et recommencé son numéro de yoga. Nous avons décidé de nous mettre à l'eau.

Elle s'est laissé approcher à quelques mètres, moins de dix. La masse sous l'eau est gigantesque, dommage la visibilité était très faible.
Imaginez vous mon émotion ?

A nouveau elle a sondé et disparu, en quelques secondes.

Nous l'avons revue de loin, pour un dernier coucou d'adieu


lundi, octobre 13, 2008

En raison d'un arrêt momentané...

... de travail d'une certaine catégorie de personnel, nous sommes contraints de faire nos réunions de travail à l'extérieur.

Croyez moi, c'est très dur.



vendredi, octobre 03, 2008

Première pluie

Pendant que j'écris, la première vraie pluie tombe, première depuis plusieurs mois. Indifférente, paresseuse et lourde.

Je ne sais pas si je pourrai rentrer en voiture jusqu'à la maison, en raison de l'état de la piste.

Je me demande quel bruit fera le toit de tôle, lorsque les pluies de Kashkasi, c'est ainsi qu'est appelée ici la saison des pluies, le frapperont. Mais je suis malin, j'ai choisi une des chambres sous la dalle béton.

Je sors d'une réunion durant laquelle je me suis senti blessé, une fois de plus.
Il y a à Mayotte une très forte population de sans papiers; rien à voir avec la métropole, il y a sur l'île environ 50.000 sans papiers, peut-être plus, pour une population "avec" papiers de peut-être 150.000 personnes. Ceux-là vivent dans des bidonvilles aux périphéries des villes et villages, des habitats faits de tôles et de cartons, sales, dangereux parce que construits au bord de ravines qui s'effondrent lors des fortes pluies, ou en zones inondables, bien entendu non desservis par les réseaux.

Nous avons un projet de construction sur l'emplacement de l'un de ces bidonvilles, en marge d'un village et je ne supporte pas la manière méprisante, sale et vulgaire dont les élus en parlent. "On s'en débarrassera" comme on parle de déchets à éliminer. Lorsque je proteste, je lis l'étonnement dans leurs réponses "mais, ce sont des clandestins...".

En même temps, cette population, d'une certaine manière, est "accueillie" ici; les choses sont compliquées et paradoxales et donc je n'ai donc pas de jugement, mais un cruel malaise.

Pas de photos, il faut que j'en refasse mais je me suis consacré à aménager my new sweet home.