vendredi, juin 16, 2006

LA LETTRE

Le jour où la lettre arriva,
Tu n'étais plus là.
.....................................
Les amis étaient partis et j'étais seul. Peut-on imaginer cela, cette solitude ...
Ta mort m'était devenue un épais manteau de douleur.
La béance du dedans que tu savais combler ouvrait à nouveau sa gueule d'enfer.
J'avais peur de moi.
J'avais peur du Temps.
.......................................
La lettre était signée, par toi. Je reconnaissais ton écriture, la netteté des ses angles. J'y voyais aussi les écroulements subits lorsque la maladie mordait plus fort et que ta main tremblait.
Je ne sais quand tu l'as écrite, je t'avais veillée nuit et jour les derniers mois.
.......................................
Alors j'ai entendu ta voix ... tes mots ... tes silences...
Tu parles de tes propres béances, de tes propres peurs, de ta fatigue aussi.
Tu dis la douleur, celle-là qui ne se partage pas.
Tu dis aussi qu'il y a de la place.
Place pour la douleur,
Pour la peur et pour la fatigue.
Place pour l'amour et le repos
Place pour moi et pour les autres
.........................................
Tu dis la vie qui s'en va
que tu en as assez de ton corps délabré.
Tu ne caches rien, tu as toujours été impudique et naïve,
tu décris ce que ça te fait, comment tu es, là, maintenant
A travers tes mots, parce qu'ils sont vrais, je te retrouve, parce que tu es vraie
Vraie, réelle comme est réelle une symphonie, qu'on ne saurait saisir ni toucher
Ta vérité ! Maintenant j'entends ton rire, il était souvent silencieux pourtant.
............................................
Je referme la lettre, je ne sais pas si je vais la garder
ou la brûler.
..........................................
J'ai moins peur.

Aucun commentaire: