samedi, janvier 15, 2011

Echec et Marthe






Après que Dieu eût donné le savoir aux hommes, il voulut parachever leur malheur.

Il les dota d'abord de l'Amour, avec un grand "A". Les humains ne connaissaient de l'amour que celui avec un grand "Q" et c'était assez. L'Amour avec un grand "A" fit des dégâts, certes, mais jamais rien de plus qu'un jaloux tuant un rival, parfois. Cela n'allait pas plus loin.


Dieu donna alors l'Altruisme (avec un grand "A"), qui engendra le cycle sans fin de la culpabilité, des dettes éternelles et d'autres tourments sources d'incompréhensibles conflits futurs. C'était mieux. Mais enfin, Dieu se dit qu'il pouvait faire plus.

Il dota l'espèce humaine du sentiment du Beau, du Bien et du Vrai. Les hommes trouvèrent aussitôt insupportables le Laid, le Mal et le Faux. En leur nom ils se disputèrent, se haïrent, s'entretuèrent avec une imagination que Dieu ne savait pas leur avoir donnée mais qu'ils avaient, force Lui fut de le constater.

Néanmoins, l'Humanité parvenait à survivre. Et même à connaître des instants de paix, de bonheur et de prospérité : il fallait frapper un grand coup.
Il envoya Son Fils, afin qu'ils créent une Religion et une bonne raison de se massacrer en masse. La recette était bonne et le succès fut immédiat. On compta les morts par millions, les névrosés par milliards, à travers les siècles et les espaces.

Oui mais voilà. Après un tas de siècles, après un autre tas de calamités ingénieuses telles que la Générosité avec un grand "G", le Courage, le Respect et même le Capitalisme financier, les Hommes parvenaient à survivre. Pas très bien, pas toujours mais ils étaient encore là, certains indécrottablement heureux, bons vivants, joyeux et baiseurs.

Dieu tenta alors une idée, une idée que l'on pourrait qualifier d'Idée avec un grand "I" majuscule. Il inventa le sens du service public et c'est ainsi que l'espèce commença de décliner, jusqu'à nous.
Je suis, moi 1540175067036 clé 39, le dernier Homme. Et il y a une dernière femme, 2700482027045 clé 25 (heureusement c'est Sophie Marceau). Je la drague discrètement, formulaire de rien.

Demain nous fêterons ses cent un ans (j'en ai cent dix sept). Et main dans la main nous nous donnerons la mort, heureux et libres.

2 commentaires:

Nath a dit…

Je vois que tu es de retour à Mayotte et je te souhaite de retrouver une superbe forme ! Je t'embrasse.

Anonyme a dit…

Jolie "fin" ou début...
j'y ai vu Le Baiser de Klimt ...