Dans les moments d’inévitable solitude, je m’applique à la lenteur et l’attention aux gestes quotidiens. Me raser le matin, préparer mes affaires pour la journée, le repassage, faire pipi, que sais-je encore ?
Inévitablement là aussi, mon esprit s’échappe, non dans des hauteurs spirituelles ou philosophiques mais dans des rêveries informes.
Lorsque j’étais petit, je rêvais beaucoup et tout le temps mais je ne sais pas à quoi. Je rêvais, c’est tout. Adolescent, adulte, bientôt vieillard ça a continué et je n’arrive toujours pas à savoir à quoi je rêve. Ca paraît invraisemblable mais c’est comme ça.
Zazen n’y a rien fait, les milliers d’heures assis sur mon coussin m’ont apporté tout autre chose (je crois), même s’il y eut un moment où je pris conscience de certains rêves, des rêves pas beaux. J’y jetais violemment un bébé contre un rocher.
Depuis, sans doute qu’un repli secret de ma psyché a rejeté ces délires dans l’ombre, ou l’oubli. Ou bien j’ai dépassé ce stade sanglant de tueur de bébés, en route vers la lumière et la paix ? Je ne sais pas et en attendant de savoir, je cuis mes nouilles lentement, avec attention. Une par une.
Hypothèse aux rires en famille : un hérisson, toutes piques dehors, qui voudrait qu’on le caresse