lundi, octobre 18, 2021

L'Homme le plus Fort du Monde est un Con

 

 
 

Dans les moments d’inévitable solitude, je m’applique à la lenteur et l’attention aux gestes quotidiens. Me raser le matin, préparer mes affaires pour la journée, le repassage, faire pipi, que sais-je encore ?

Inévitablement là aussi, mon esprit s’échappe, non dans des hauteurs spirituelles ou philosophiques mais dans des rêveries informes.


Lorsque j’étais petit, je rêvais beaucoup et tout le temps mais je ne sais pas à quoi. Je rêvais, c’est tout. Adolescent, adulte, bientôt vieillard ça a continué et je n’arrive toujours pas à savoir à quoi je rêve. Ca paraît invraisemblable mais c’est comme ça.


Zazen n’y a rien fait, les milliers d’heures assis sur mon coussin m’ont apporté tout autre chose (je crois), même s’il y eut un moment où je pris conscience de certains rêves, des rêves pas beaux. J’y jetais violemment un bébé contre un rocher.


Depuis, sans doute qu’un repli secret de ma psyché a rejeté ces délires dans l’ombre, ou l’oubli. Ou bien j’ai dépassé ce stade sanglant de tueur de bébés, en route vers la lumière et la paix ? Je ne sais pas et en attendant de savoir, je cuis mes nouilles lentement, avec attention. Une par une.



Hypothèse aux rires en famille : un hérisson, toutes piques dehors, qui voudrait qu’on le caresse

 

dimanche, octobre 10, 2021

UN PERRIER SANS BULLES

 

 


 

 

J’ai reconstruit des souvenirs, à partir de la réalité peut-être, à laquelle s’ajoutent l’oubli et les émotions, une goutte de mythologie personnelle (sans doute) et dix années où tant de choses et d’êtres sont arrivés.


Revenir là où je vivais il y a dix ans est une erreur. Le lieu n’est plus le même, ni la maison ni le quartier. Ni moi. Et pourtant, et pourtant !


Un monde de rosée

Rien que ce monde de rosée

Et pourtant, et pourtant !

(Je crois que c’est) Issa 


Passent les jours et passent les semaines,

ni temps passé ni les amours reviennent

Sous le pont Mirabeau…


Les poètes ont tout dit mais au lieu de les écouter je les récite.



Chaque fois que j’aime un haïku, je crois que Issa en est l’auteur.

Je dois aimer Issa

 

mercredi, février 13, 2019

Le Vélo Arabe


Je crois que c'est une statue de Giordano Bruno + une mouette





Je suis la goutte tu es le vase
je suis faite eau tu es cristal
je suis la larme et la tristesse tu es l'accueil et la tendresse
j'ai la promesse du vin tu es sa certitude

tu me contiens  
je t'appartiens pour un instant
sur mon chemin vers l'océan

Je m'en irai
peut-être qu'un jour je reviendrai
si tu n'es pas brisé avant
tu es l'accueil et la tendresse je suis la larme et la tristesse

si tu n'es pas brisé avant
je reviendrai je m'en irai
je m'en irai ô mon amant
si tu n'es pas brisé avant





        Hypothèse à la sérénité : la rigueur moins la rigueur
        Hypothèse à la rumeur étrange : Bien sûr elle court, mais à reculons, à reculons


Incertitude ô mes délices
vous et moi nous nous en allons
comme s'en vont les écrevisses
à reculons à reculons
                      Apollinaire (le bestiaire)

dimanche, février 03, 2019

Thierry La Fronde




































La force de l'émotion
La puissance des images est telle qu'elle abolit, pour un temps ou pour tout le temps, le raisonnement.
L'image, et la video plus encore, abolit l'avant et l'après, elle est sa propre vérité, complète en elle-même.


Un mensonge mille fois dit…
devient une vérité.

Tout le monde a le droit de s'exprimer,
Et toutes les opinions se valent, puisque pour être déclarée vraie il suffit de s'appuyer sur UN fait fût-il faux.

Google et Facebook
Enferment par la puissance de leurs algorithmes, dans une bulle de "mêmes".

deux personnes opposées politiquement, l’une de droite, l’autre de gauche, lancent une recherche Google avec le mot « BP ». La première reçoit, classés en tête de recherche, des informations sur les possibilités d’investir dans la British Petroleum. La seconde sur la dernière marée noire qu’elle a causée. Pariser en conclut que l’algorithme de Google, en criblant les comportements en ligne de deux personnalités, a identifié leur posture politique. Cette sélection étant permanente, dans tous les domaines – politique, lecture, voyages, culture, etc – Google et ses associés finissent par les confiner dans ce qu’il appelle une bulle cognitive. Eli Pariser s’en alerte : « Les filtres de personnalisation servent une sorte d’autopropagnade invisible : nous endoctriner avec nos propres idées, amplifier nos désirs pour des choses familières, et nous laissant inconscients des dangers cachés des territoires inconnus. »

Google et FB véhiculent des messages, le plus souvent en images (il suffit de voir la différence de nombre de vues entre vidéos et textes…), déconnectés de leurs sources et dont la vérité n'est pas établie puisque ce n'est 
pas leur problème, 
pas leur compétence 
et encore moins leur source de revenus par milliers de milliards, sans payer d'impôts au passage.



Je vois le tombereau de conneries que Facebook véhicule, chacun enrichi de centaines de commentaires haineux, primaires, intolérants à toute parole qui diffère du cadre de sa propre bulle dans laquelle ils ou elles se sont laissé enfermer, contents, satisfaits d'avoir raison.

Décourageant.
Hitler ni Staline n'ont réussi à faire tomber la démocratie, à travers les démocraties imparfaites, inachevées et fragiles. Ce qu'ils n'ont pas réussi, un algorithme multipliant la bêtise par le nombre de like, y parviendra t-il ?


Nota : pour une fois, ce n'est pas moi qui ai pris la photo


mardi, janvier 22, 2019

A quoi ressemble un calendrier, sur Vénus ?





Lorsque j'étais adolescent, les propriétaires des mobylettes motobécane bleues, on disait "une bleue", étaient respectés, admirés et enviés.
Pas autant toutefois que les propriétaires des mêmes motobécane oranges, plus rares, plus puissantes et pour tout dire plus oranges. 

On disait "il a une orange" et on savait que voilà un mec avec lequel il fallait compter. Un mec, parce qu'aussi loin que ma mémoire remonte je n'ai jamais vu ni même imaginé une fille avec une bleue ou une orange. C'était un accessoire viril, une paire de couilles à moteur deux temps.
Et certains, qui étaient au sommet du sommet, avaient une selle biplace. Ceux-là avaient l'aura des vrais hommes dont on n'imaginait même pas les innombrables aventures plus ou moins sexuelles avec des créatures qu'on ne voyait jamais mais qui devaient exister, forcément sublimes, forcément... on ne savait quoi, on était cons longtemps en ce temps là.
Sauf que Isabelle, la star du lycée, est sortie avec moi, qui avais un vélo.




 

Hypothèse à la danse : tu ne peux savoir ce qu'est la danse que quand tu danses et oublies les mots
Hypothèse au luxe : l'arrogance de l'espace ou la fluidité du geste
Hypothèse au vide : un simple échange, du complexe vers le simple

vendredi, janvier 18, 2019

Un Segment Circonflexe



Albert est dromadaire depuis toujours.
Ce n'est pas une vocation. Il aurait aimé être, il ne sait pas trop, rhinocéros peut-être, qui rime avec "féroce" ou "carosse". Alors que dromadaire rime avec "mémère" ou "frigidaire" guère plus.

Albert vit au bord du désert, où il promène des touristes rouges et gras. Et dans sa tête les idées vont et viennent de toute leur vitesse de lumière. Des idées de meurtre parfois. Quelquefois.
Souvent.
Toujours en fait. Bouffer un touriste, un rouge et bien gras, le piétiner, l'écraser, le traîner, le dévorer, l'anéantir, le sodomiser, le satelliser, le remanger et le chier dans une oasis ombrée où de  farouches guerriers, de retour de razzia, viennent violer leurs esclaves et partager le butin.

Mais ce sont des rêves seulement. Parce que Albert, en pacifique mammifère herbivore, est aussi épris de liberté, de justice, d'amour sauf pour les touristes rouges et gras, d'égalité, d'harmonie entre les êtres, de couleurs bleues, tous les bleus d'azur, de Prusse, d'outre-mer, d'indigo, d'horizon, de lapis lazuli, des bleus qui n'existent ni ici ni ailleurs, qu'il a inventés et nommés "bleu évasion", "bleu tendre et lointain", "bleu d'archives du bonheur" et son préféré, "bleu d'Albert".

Il aime la musique. Le jazz, s'il est nègre et violent, un spasme de saxo au rythme d'un sexe qui va, vient, et va et vient, tempo emporte moi, je m'envole, m'échappe au milieu des oiseaux et le monde devient petit. Pas d'autre jazz, seul celui-là. Un jazz guerrier, sabre contre bouclier "Klangggg" puis un "ah" de douleur ou de victoire, "pfaffff" d'un corps qui chute, et le "tchchchchch" de la batterie qui rythme un souffle de saxo sexy qui tempo le temps, la fermeture éclair glisse et une lance phallus fend les airs et se plante et ça fait "voummmm" comme une basse à l'agonie et un dernier cri avant que ce soit la fin et le silence. Le silence, après la guerre comme après l'amour, les dromadaires sont silencieux et tristes, en général.

La nuit, il rêve. Il est oiseau, renard, lion de l'Atlas, girafe géante. Ou panthère, ou une plante éphémère du désert, celles qui ne meurent jamais et se roulent en boule en attendant la prochaine pluie, dans un an, dans dix ans ou jamais. Il rêve de villes, de fusées, d'étoiles , de boîtes de nuit bruyantes, de paradis quel qu'en soit la forme et quel qu'en soit le prix. 

Il est persuadé qu'il est là bas, le paradis, de l'autre côté du désert qu'il n'a jamais traversé. et une nuit il est parti, a traversé une dune, une autre dune et une autre dune et encore une autre. Cent quarante mille pas avant de comprendre soudainement, que le désert EST le paradis.

vendredi, janvier 04, 2019

2019 : Avoir UNE PATATE





Sur ma tombe, je voudrais qu'on écrive une épitaphe du genre

"En mon absence, s'il vous plait, oubliez moi"
"Je reviens dans un instant"
"Vous êtes bien devant la tombe de Jacques, merci de laisser un message après le bip, je ne vous          rappellerai pas"
"Frappez fort, je suis sourd"
"J'étais heureux et je suis mort quand même"

De toutes façons c'est idiot, je ne veux pas de tombe mais être incinéré (à condition que le bilan carbone de l'opération ne remette pas en question la politique de développement durable du gouvernement). Ensuite je serai dans une urne que j'espère rose indien, un pastel léger avec un bouddha dessiné en petit parce que on sait jamais. Et voilà.



Hypothèse à la beauté : un éclair fulgurant qui ne me rend pas envieux de la posséder mais seulement heureux de l'avoir vue, ou devinée.
Hypothèse à la vanité : le rugissement du tigre, un jour où Jean-Claude Van Damme a LA PATATE





mardi, décembre 11, 2018

La ballade du bien-aimé Jacques, gangster et gentleman




Captain America's quequette





Depuis quelques semaines, je révise et j'apprends par coeur
Des poèmes, des poèmes qui riment n'ayez pas peur


Ceux que j'aimais il y a dix ans, que je connaissais, je les aime toujours et je me les rappelle assez facilement. 
Mais curieusement "le pont Mirabeau" que j'aimais tant, m'ennuie maintenant.
Rimbaud, qui m'ennuyait, m'enthousiasme aujourd'hui. 
Et je découvre LaFontaine qui est très drôle ce que je ne soupçonnais pas.

Vu que les poèmes n'ont pas changé, c'est donc moi qui ai changé, point d'interrogation ?



Cette phrase est bizarre "j'ai changé", si pleine de paradoxes. Christian Bobin, dans son livre sur François d'Assise ne dit pas que François d'A a changé, il dit qu'"il a changé de vie", dans un passage très intense du livre d'ailleurs. Mais il y a autant de paradoxes là dedans : comment changer de vie ? Ce serait comme changer de peau, une mue, peut-être.



Hypothèse à l'homme assis : un bonheur de pensées folles qui trouvent enfin un gîte
Hypothèse à la femme assise : pas d'hypothèse, je pense à Rosa Park (ou Parker ?). Rosa Parks.