La mer jazze son tempo. Une vague après l'autre, une vague chassant l'autre.
De toute façon, c'est de l'eau, les vagues n'existent pas vraiment.
Au bout de l'Avenue - à cette heure encore quasiment déserte, le soleil commence à poindre derrière des bouts de nuit. Il fait froid et il n'y a pas de vent.
Martin est fatigué d'avoir mal dormi sur la plage, avec le sable qui gratte dans les chaussettes. Et les cafés qui sont encore fermés; il reste quelques euros de l'argent que maman lui a donné, ça fait longtemps. Enfin, il a l'impression que ça fait dix ans ! Il a voyagé en stop pour économiser, sou après sou, euro après euro.
Il remonte l'avenue, face au soleil naissant. Les mouettes le saluent de leur cris, on ne sait jamais si elles sont en colère ou joyeuses. Mais c'est lui qu'elles saluent, il n'y a personne d'autre sur les trottoirs.
Les immeubles qui longent l'avenue commencent de s'animer, ça fait du bien à Martin, une porte qui claque, un homme sort un vélo, une voiture passe, un scooter pétarade. Une femme à pied, le dos courbé les mains croisées, seule, triste.
Il l'aborde poliment "bonjour madame, pouvez-vous m'indiquer où est la gare, s'il vous plait?"
"- La gare ??"
"- Oui madame, la gare SNCF..." il est un peu surpris de la question.
"- Ah monsieur, nous sommes à Perpignan ici. Il n'y a pas de gare à Perpignan, vous ne le savez pas ?"
"- Mais..." il respire un grand coup "Mais... On m'avait dit... la Gare de Perpignan... Dali Dali..." La tête lui tourne.
"- On vous aura menti, il n'y a pas de gare ici ! "
La femme poursuit son chemin puis s'envole parmi les mouettes. "C'est vrai" pense Martin "nous sommes au bord de la mer, il y a des mouettes"
"- Ou bien ce sont des goélands..."

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