mardi, avril 03, 2007

le jardin de grand père

Cela faisait longtemps que je n'étais pas revenu, quarante ans. Pourtant il me semble n'être jamais parti, tout est resté en place, sauf que
Dans le jardin de grand père
Le néflier a disparu
Sans traces

Dans la maison je retrouve les odeurs de cire et de bougies, l'harmonium du dimanche, la table du salon et le bureau au sous main de cuir. Il n'y a plus d'encrier, plus de papiers mais
Le tiroir grince
Le vieux meuble a gardé
La trace de l'ancien

Presque vide, sans doute que c'est ailleurs que les choses se font et se refont, pourtant la lumière est si douce ici ! c'est peut-être que l'ombre du vieillard est encore présente, ses rires et ses colères de lumières.
Quelques vieilles photos
Au fond du tiroir
Racontent son histoire

Il y a toujours dans la cour la tonnelle sous laquelle, les après-midi d'été grand père et moi jouions aux dames. Elle est devenue bancale et déglinguée. Lui trichait autant qu'il pouvait, par exemple en laissant tomber un pion que je ramassais; lorsque je me relevais, mystérieusement la situation avait un peu changé en sa faveur et si ce n'était pas assez un second pion tombait. Il en riait de plaisir et je n'ai jamais su s'il savait que je savais, je ne lui ai jamais demandé.
Il me semble que c'est cela qu'on appelle "complicité", un peu d'incertain et beaucoup de bonheur.
Une longue histoire
Que le vieil homme souriant
Raconte en silence

Puis nous sommes repartis en France. J'imagine que la vie a continué semblable et différente, différente. J'imagine
Les fleurs blanches
Les matins de printemps
Même sans l'enfant

Grand père est mort à la fin d'un printemps il y a longtemps. Je n'étais pas là, très occupé ailleurs, loin. Je faisais carrière. On a dit que
Le printemps passé
Il y avait une fleur
Sous la tonnelle

Je suis allé là-bas, au village où mes grand parents sont enterrés, un minuscule village plein d'enfants. Il s'appelle Bemananas, ça veut dire qu'il y a beaucoup d'ananas.

la tombe de grand père (le mur de pierre), des habitants du village et ma tante Line au milieu, elle a 82 ans.

Comme veut la coutume
Sur la tombe de grand père
J'ai posé des fleurs

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