lundi, mai 04, 2009

Baladasada

Dimanche matin. Le monde était en couleurs et en soleil alors je suis allé me promener dans le village. Peut-être parce que je vais le quitter bientôt, je vais déménager encore une fois.

Les dimanches sont toujours mélancoliques et lents, propices aux promenades. J'avais trompé leur vigilance ces derniers mois en allant plonger, mais pas de plongée ce week-end. Et je n'ai pas été surpris, ils étaient toujours là les dimanches de mélancolie et de lenteur, attendant tranquillement que je leur revienne. Ils ne m'ont fait aucun reproche quant à ma longue absence, ils savaient que j'étais aussi heureux qu'eux de nos retrouvailles.

Sada est toute en hauteur, il y la mer, la plage, et presqu'immédiatement la colline sur laquelle s'empilent les maisons. Un réseau d'escaliers étroits permet de relier le haut et le bas, avec un manque total de plan et d'urbanisme. Les maisons se chevauchent, se touchent, se cachent, les courettes forment des rues interrompues brusquement, où vivent les gens à l'ombre des arbres. C'est le bordel, c'est vivant, organiquement vivant. Je sais bien que rien n'est plus ni mieux "organisé" que le vivant, mais "organique" est l'expression qui me vient chaque fois que je vois ce village chaotique.

J'habite en haut de Sada. Je descends un escalier, il y a une famille dans sa courette. La mère fait cuire du poulet et du manioc. Je lance un "jéjé" sonore (Bonjour) et on me répond "Caribou". Ca veut dire bienvenue, c'est une invitation à entrer. Je suis invité à déjeuner. Tout le monde rit, je ne sais pas pourquoi alors je ris aussi. Le père ne parle pas français, la mère un peu et les deux enfants très bien. Il y a une Douka (petite épicerie de village) de l'autre côté de l'escalier, j'y achète des sodas frais. On rit beaucoup pendant le déjeûner, les enfants traduisent mes paroles et les parents se tordent de rire.

Puis je continue ma balade. Dans le bas du village un vieil homme fabrique de curieux filets coniques avec des fils de toutes les couleurs, lourdement plombés. Il est souriant. Lui non plus ne parle pas le français. Il me montre comment utiliser les filets pour attraper les petits ou les gros poissons. D'abord les plier soigneusement d'une manière très particulière, puis il désigne à une dizaine de mètres un petit papier ou plastique jeté au sol. Il jette le filet qui se déploie et retombe pile sur le papier visé. Il recommence en visant une chaise, même chose. Dans l'eau les lourds plombs, outre qu'ils assurent une bonne précision du lancer emprisonnent le poisson en retombant vers le fond.










Puis je continue ma promenade vers la mosquée, en admirant les maisons roses, vert pistache ou jaunes. Quelques photos. Il est seize heures, la rue commence à s'animer.

Je fais attention parce que les maorais n'aiment pas être photographiés. En remontant un autre escalier, deux gamins jouent et m'interpellent. Eux veulent être pris en photo alors je m'exécute. Ce sont deux copains, Ismael le plus petit qui se prend pour un lion (mais sans les dents…) et Bacar est le plus grand. Ils me disent qu'ils font beaucoup de bêtises et trouvent ça drôle.
Quelques marches plus loin il y a une autre Douka, qui sont comme les bistros en France : on en trouve partout. J'achète une glace à la vanille et j'en paye trois. Je demande au marchand de donner une glace à chacun des gamins mais sans leur dire d'où cela vient. Il y a trop de gamins qui réclament de l'argent aux mzungus, mauvaise habitude.
Comme je chemine dans l'escalier, lentement à cause de la chaleur, j'entends qu'on m'interpelle. Le marchand (un gros) arrive courant et soufflant suivis pas Bacar et Ismael, eux bondissant. Le marchand me tend un euro de monnaie parce qu'il s'est trompé tout à l'heure et les enfants hilares me disent merci.




3 commentaires:

rachpoutine a dit…

Holala... mais dis moi, que ce passe-t-il? janvier + février + mars = 13 posts. Avril = 16! Je dis ça, mais moi, ça me va bien (et je ne dois pas être la seule...).
Biz marseillaise!

Anonyme a dit…

J'ai suivi vos pas
ici et là...

et un air m'est revenu...
l'avez-vous entendu ?

http://www.deezer.com/track/682760

Anonyme a dit…

...et puis parce que peut-être
les notes n'arrivent pas jusqu'à
là-bas, vous dire les paroles
d'une autre mélodie de Lhasa,
une qui "colle" à vos mots...

"J'arrive à la ville
Moi aussi
Pour y verser
Ma vie
Je monte la rue
Comme un géant
Ça c'est la ville
Et ça
C'est ma vie
Moi aussi
Moi aussi
J'arrive en fuyant
Je suis encore
Loin devant
Si la ville me cache
On ne me trouvera pas
Je ne sais pas qui
Je ne sais plus quoi

Moi aussi
Moi aussi
J'arrive les mains vides
Au sud du nord
Au nord du sud
J'ai un passé
Mais je ne m'en sers pas
Le futur sera mieux
Tellement mieux que ça"

j'y serai bientôt, là-bas
et j'y étais quand je vous ai lu,
là...
merci pour ce joli dimanche coloré..