mardi, mai 05, 2009

Frêle




J'avais commencé, c'était il y a longtemps, un petit répertoire de gens et de choses que j'aime particulièrement, les gens et les choses fragiles ou légèrement décalés. Ceux qui ne sont pas à leur place ou qui se cassent. Ceux qui sont perdus ou qu'on a perdus mais pas totalement et qui pourtant, souvent, façonnent le monde à leur manière.

Par exemple, j'ai toujours préféré mes théières ébréchées, dont il faut tenir le couvercle lorsqu'on sert le thé, parce que sinon le couvercle se détache et tombe. Alors j'adapte mes gestes à sa fragilité, et cette fragilité là a changé le monde.
Je pense que l'attachement que j'éprouve à leur égard – "attachement", quel mot pour un bouddhiste ! tient à leur fragilité même. C'est peut-être une simple histoire de gestes parce que je dois saisir plus délicatement l'objet, y mettre plus de conscience et d'attention et de la lenteur aussi.

4 commentaires:

Unknown a dit…

très jolie cette pensée de préférer ses objets ébréchés, légèrement différents...pour ainsi ralentir son propre temps...
le "corps" dessiné par cette branche oubliée est superbe, touchant....

je suis vraiment ravie de pouvoir suivre de loin tes histoires....

Anonyme a dit…

Bel éloge du fragile.
Etre dans l'"ici et maintenant"..prendre le temps...

vivement "demain" pour retrouver ce temps perdu..

rachpoutine a dit…

J'aime ces objets pour ce qu'ils ont vécus, pour ces mains qui les ont frôlés avant moi, et celles qui le feront après...

Nath a dit…

Ta photo me fait penser à une tortue géante !