jeudi, avril 23, 2009

Mon bas de laine



Ce n'est pas chaque matin, mais souvent, je chante ce sutra après zazen, parfois en japonais il s'appelle Hannya Shingyo, parfois en français (Sutra du Cœur de la Profonde Sagesse)

Une phrase dit :
"Pas de vieillesse, pas de mort "
Vieillesse? A vingt ans j'avais décidé de me suicider à soixante. J'en ai cinquante cinq aujourd'hui et j'ai changé d'avis. Je ne voyais de la vieillesse que des soustractions, je ne voyais pas les additions et moins encore le vaste tout qui échappe aux opérations.
Le Bouddhisme, comme d'autres religions, comme toutes peut-être, a à voir avec la mort et lui enlève – essaye de lui enlever - son poids de peur. Certains réduisent les religions à cela, un truc, au sens de "y'a un truc", qui promet à l'adepte une mort sans peur, voire pas de mort du tout "pas de vieillesse et pas de mort", la vie éternelle ou le paradis d'Allah… Il suffit de tout bien faire pour que la promesse devienne réalité. Et c'est bien connu, les promesses n'engagent que ceux qui les croient !
Alors va pour "pas de vieillesse et pas de mort", je signe.

Le sutra continue ainsi : "…et pas de fin à la vieillesse et à la mort" j'aime moins ça. Bien sûr, s'il n'y pas de vieillesse, il n'y a pas de fin à ce qui n'existe pas. Explication raisonnable. Mais elle n'atténue en rien le malaise que j'éprouve à ce passage. Je ressens que par un de ces paradoxes que le zen adore, est retiré d'une main ce que l'autre avait… peut-être… promis.
Je comprends que ce qui est dit là est un état de vieillesse et de mort sans fin. Je me retrouve le nez dans la boue, face à ma peur.

Voilà, ce texte est sans suite puisque j'en suis là, face à elle, la peur. Chaque matin ou presque, je répète qu'il n'y a "pas de fin à la vieillesse et à la mort", chaque matin ou presque éprouvant ce même malaise et ce même apaisement de continuer le chant dans le silence joyeux du zazen. Chaque matin, vivant.

1 commentaire:

Mifa a dit…

Bonjour, je ressens une grande paix à lire le texte dont tu parles. Et en même temps, envie de rire. Tu connais sans doute l'histoire de celui qui aperçoit un serpent, et en s'approchant il constate que ce n'est qu'un bout de corde. A mon avis, il se met alors à rire de sa frayeur, à rire de lui-même.
Il n'y a pas de fin à ce qui n'existe pas. Pas de fin, pas de peur de la fin. Pas de toi, pas de moi. Et pourtant tout existe, et c'est pour moi comme une joyeuse plaisanterie, et ce "il n'y a pas" une bonne nouvelle.
Je ne dis pas que je comprends ce texte, je te dis seulement comment je le ressens.