vendredi, octobre 03, 2008

Première pluie

Pendant que j'écris, la première vraie pluie tombe, première depuis plusieurs mois. Indifférente, paresseuse et lourde.

Je ne sais pas si je pourrai rentrer en voiture jusqu'à la maison, en raison de l'état de la piste.

Je me demande quel bruit fera le toit de tôle, lorsque les pluies de Kashkasi, c'est ainsi qu'est appelée ici la saison des pluies, le frapperont. Mais je suis malin, j'ai choisi une des chambres sous la dalle béton.

Je sors d'une réunion durant laquelle je me suis senti blessé, une fois de plus.
Il y a à Mayotte une très forte population de sans papiers; rien à voir avec la métropole, il y a sur l'île environ 50.000 sans papiers, peut-être plus, pour une population "avec" papiers de peut-être 150.000 personnes. Ceux-là vivent dans des bidonvilles aux périphéries des villes et villages, des habitats faits de tôles et de cartons, sales, dangereux parce que construits au bord de ravines qui s'effondrent lors des fortes pluies, ou en zones inondables, bien entendu non desservis par les réseaux.

Nous avons un projet de construction sur l'emplacement de l'un de ces bidonvilles, en marge d'un village et je ne supporte pas la manière méprisante, sale et vulgaire dont les élus en parlent. "On s'en débarrassera" comme on parle de déchets à éliminer. Lorsque je proteste, je lis l'étonnement dans leurs réponses "mais, ce sont des clandestins...".

En même temps, cette population, d'une certaine manière, est "accueillie" ici; les choses sont compliquées et paradoxales et donc je n'ai donc pas de jugement, mais un cruel malaise.

Pas de photos, il faut que j'en refasse mais je me suis consacré à aménager my new sweet home.

3 commentaires:

Marcel Séjour a dit…

Je me souviens avoir lu dans un de vos articles que "vous aimiez les choses telles qu'elles sont", ou quelque chose de très équivalent. Cette suprême indifférence à l'égard des sans grade fait ici partie des choses "telles qu'elles sont". Pour les Anjouanais qui ont des papiers les morts des kwassas n'ont pas d'intérêt puisque ce sont des "matsaha" (sauvages). Ils ne changeront pas; il faudra donc vous y faire. Bon courage

Anonyme a dit…

"les choses sont compliquées et paradoxales et donc je n'ai donc pas de jugement, mais un cruel malaise..."

... et surtout tu es impuissant face à ce problème... et les autres aussi....

Seule ton émotion te différencie des autres.

Bises

M. et J.

Anonyme a dit…

Tu nous tiendras au courant de la suite de ce projet de construction qui favorisera quelques-uns...

Tu nous avais parlé de ces problèmes si compliqués... et nous partageons ton émotion.

Avons reçu, ce jour, un petit mot de S. en réponse à notre carte.


Bises

M. et J.