lundi, octobre 27, 2008

Courrier arrivé



Scène : place Mariage à Mamoudzou, jeudi 23 Octobre vers 11 heures du matin

Acteurs : une jeune femme chic et blonde. Un enfant roux qui l'accompagne, environ 10 ans, en short et chemisette, très propre. Un enfant noir, sale, short et tee shirt pleins de trous et de crasse, environ 10 ans.

La jeune femme et l'enfant roux descendent vers la BFC, elle marche rapidement, l'enfant roux trotte un pas en arrière. L'autre enfant remonte le long du même trottoir, il voit les deux qui descendent, se colle contre une grille de parking, ses deux mains accrochent les barreaux au dessus de sa tête.
Il interpelle les deux qui descendent, la jeune femme le dépasse sans un regard, stoppe net et tout en gardant le dos tourné au gamin noir, fouille dans son porte monnaie, se retourne et lui tend une pièce, sans un regard. Gestes vite et pressés, puis elle s'en va brusquement.
Restent les deux gamins, les yeux dans les yeux, immobiles, silencieux.

Il y avait du soleil, des ombres fortes et des bruits de voiture. Dans le café en face l'ombre cachait les consommateurs attablés. Bruits des conversations.

Immobiles, silencieux... La jeune femme fait demi tour, interpelle l'enfant roux qui va vers elle et l'autre enfant reprend sa route.
Deux secondes plus tard : la jeune femme et l'enfant roux descendent vers la BFC, elle marche rapidement, l'enfant roux trotte un pas en arrière. L'autre enfant remonte le long du même trottoir.






Lundi
Sévère coup de blues, ce matin.
Je n'ai pas pour habitude de parler de mes petites quotidiennes occupations, encore que j'aie essayé un peu ces derniers mois. Je vais faire une exception.

Mon boulot, c'est de construire, plus précisément faire construire. Je bétonne et j'aime ça.
Hélas, le béton est souvent politique.
Si j'aime le béton je ne m'occupe pas de politique, les petits arrangements entre amis me dégoûtent, l'incompétence et la médiocrité autant. Je ne dis pas qu'il n'y a en politique que ça, certainement non, mais il y en a aussi. Alors quand je dois y faire face, j'applique une tactique génialement lâche et je regarde ailleurs.
Et quand je suis face contre face, que je ne peux pas regarder ailleurs ? J'écris que " Je refuse de continuer à m'occuper du dossier" et j'envoie mon courrier.

Et la nave va, je verrai bien…

En attendant de voir, j'ai vu hier au retour de plongée une maman baleine et son baleineau, dans le lagon, qui faisaient des ronds dans l'eau,
des ronds dans l'eau
dans l'eau,
dans l'eau.

1 commentaire:

Nath a dit…

L'enfant fait peur à cette femme parce que la pauvreté fait peur... et pourtant ce n'est qu'un enfant ou dansent des rêves et des jeux, comme l'enfant roux !

Les auraient-ils lus et reconnus pendant quelques instants dans le face à face des regards ?

Je trouve que tu as une belle âme.