vendredi, mai 29, 2009

Photos

Parce que Nathalie m'a clairement expliqué comment faire pour avoir de GRANDES photos, en voici deux non plus du Mbiwi (mais j'y reviendrai) mais d'un mourengué. Je l'ai dit il y a quelques posts, le mourengué
d'abord on danse,



d'abord on se montre,



d'abord on se défie.




....
Maintenant, je trouve mes images trop grandes !!

vendredi, mai 22, 2009

SIRAP

Quelques jours à Paris ... Absence et présence sont des mots qui n'ont pas de sens.

vendredi, mai 15, 2009

Mouvement immobile



M'asseoir face à l'Océan, un jour où le soleil se reflète assez pour en être ébloui.
Si le silence est avec moi et le temps suffisament long pour que l'ennui s'installe, alors je sens le désir désirant se faire chair avec ma chair
sang avec mon sang
esprit avec mon esprit.

Le désir devient moi et je deviens esclave.
Mais au prix de mon silence et de mon immobilité, peu de choses en vérité, j'en suis aussi le Maître. Tel est le grand pouvoir de l'Océan.

mardi, mai 12, 2009

Une plaisante intimité



Lors d'un MBiwi, le Dieu des Couleurs n'est pas seul à être convoqué, il y a aussi le Dieu de la Danse.
Malgré le rythme de la musique, les danseuses bougent très peu, et surtout les fesses. Une bonne danseuse avec de grosses fesses et le spectacle est garanti! Rythme, gestes, déplacements tout ou presque est codifié. Reste à la disposition de chacune l'art de l'exécution.
C'est parfois comme si la danse était dedans et se laissait deviner dehors par des signes infimes.
Comme souvent à Mayotte, je suis frappé par la noblesse des attitudes. Quoiqu'on croie, ce sont les femmes qui règnent sur cette île.



lundi, mai 11, 2009

Bleu de Prusse

Le MBiwi a été inventé, il y a très longtemps, par le Dieu de la Couleur pour être célébré. C'est l'affaire des femmes. Dimanche il y avait un mbiwi à Ouangani pour fêter un mariage et j'étais invité.

Après de longs préparatifs à la maison (chants et danses, puis une femme arrive avec une valise sur la tête et danse longtemps devant l'entrée. Ce sont les cadeaux. Tout est long ici, on danse longtemps, on chante longtemps, "le chemin est aussi important que le but"). Ensuite rendez-vous dans la cour d'une école où des femmes arrivent des villages alentour, toutes vêtues de la même manière selon le village ou le quartier, soigneusement maquillées et coiffées.
Il y a un orchestre et le bruit assourdissant de baguettes de bois ou de bambou qu'elles frappent en cadence, toujours la même cadence plusieurs heures durant. Les groupes s'installent en formant des espaces rectangulaires, deux ou trois ou plus selon le nombre de participants, au milieu desquels les danseuses vont aller. En général par deux et face à face, une femme d'un quartier se lève, une autre d'un autre quartier ou village se lève à son tour. Il peut y avoir plusieurs paires dansant en même temps.
Tout est parfaitement codé, harmonieux.
Tout déborde d'énergie
de bruit et de couleurs
de sourires et de plaisir.

Les enfants courent tout autour,crient et jouent. Les petites filles imitent leurs mamans.
Le Dieu de la Couleur se mêle à eux, ivre de joie.

vendredi, mai 08, 2009

Tramway




Il y avait beaucoup de monde tout à l'heure sur la plage. Baignade, soleil. Je ne me sentais pas à ma place.

Hier une soirée, musiques (Daft punk "je pense que ça fera l'unanimité" a dit notre hôte), plaisanteries, bières, chips, private jokes au sujet de Cindy Crawford ou de Witney Houston. Je ne me sentais pas à ma place.


Cyber sur le chemin du retour.
Demain Mourengué à Mangajou, dimanche M'biwi à Ouangani.


Mourengué : affaires d'hommes en général, encore que les filles parfois... Il y a la musique d'un orchestre qui joue fort, un rythme répétitif et entraînant. Les hommes en cercle dansent, l'un se place au milieu et lance des défis. Qui veut le relève, c'est à coup de poings. Mais avant il faut danser, se défier, se regarder de haut, montrer ses muscles. L'un ou l'autre des défieurs peut retourner dans le cercle des spectateurs avant tout combat, il n'y a aucune honte et c'est le plus fréquent.
Le plus fascinant de l'affaire, c'est l'absence totale d'enjeu, même si les filles dans l'assistance hurlent et s'excitent terriblement. On va dans le cercle, on en sort, on y retourne, on se montre... c'est pour cette raison que je n'ai pas écrit le mot "abandonner" parce que la notion d'abandon n'y est pas. C'est un jeu.
En cas de combat, des arbitres auto proclamées veillent sévèrement à cette absence de haine ou de colère.
Les deux seules fois où il y a eu (un début de) déchaînement, c'étaient des filles qui se battaient.


Parfois j'ai envie de silence, d'être seul et de regarder la mer.

jeudi, mai 07, 2009

Au VoleuR

La maison verte

Les mots, j'aime qu'ils soient simples. J'aime que chacun soit nécessaire ou même qu'il en manque. J'aime qu'ils soient usagés, usés (les mots neufs j'attends qu'ils se patinent pour les goûter), pas désuets toutefois ou alors à peine assez pour leur donner du précieux.
J'aime qu'ils soient concrets et leur écho dans l'imaginaire. J'aime leur sonorité, seuls ou ensemble, la fluidité parfois, le choc à d'autres moments. J'aime les mots des petites choses, les mots de riens, de l'immédiat. Je ne pense pas au-delà de demain.
J'aime les mots qui viennent, nés comme d'une source, sans raison autre qu'eux-mêmes (je choisis mes titres ainsi, parce que des mots étaient là). J'aime les mots qui se trompent et qui me trompent "ce n'est pas ce que je voulais dire..". J'aime les mots venus de l'étranger il y a très longtemps, entrés par effraction, comme "toubib", j'adore le son, l'image aussi.
J'aime les mots brefs, ce que les adverbes ne sont pas ou "rarement".

Avec eux, chaque jour un bout de chemin jusqu'au pays du silence au-delà, au-delà…

mercredi, mai 06, 2009

Secrètes Correspondances



Le vol de l'oiseau pourrait être représenté par un simple trait sur une feuille blanche.

Je vois la page vide d'un beau papier blanc moelleux, doucement râpeux. Le trait tracé par une encre et un pinceau un peu épais. Oblique, légèrement arrondi, "partant" du milieu de la page à gauche et "allant" vers le haut et la droite.
Plus fin à l'arrivée qu'au départ.
Puis, l'encre ayant séché, il conviendrait de soigneusement brûler la feuille parce qu'un oiseau ne laisse pas d'autre trace qu'un souvenir émerveillé.
Un vague regret aussi, parfois.

mardi, mai 05, 2009

Frêle




J'avais commencé, c'était il y a longtemps, un petit répertoire de gens et de choses que j'aime particulièrement, les gens et les choses fragiles ou légèrement décalés. Ceux qui ne sont pas à leur place ou qui se cassent. Ceux qui sont perdus ou qu'on a perdus mais pas totalement et qui pourtant, souvent, façonnent le monde à leur manière.

Par exemple, j'ai toujours préféré mes théières ébréchées, dont il faut tenir le couvercle lorsqu'on sert le thé, parce que sinon le couvercle se détache et tombe. Alors j'adapte mes gestes à sa fragilité, et cette fragilité là a changé le monde.
Je pense que l'attachement que j'éprouve à leur égard – "attachement", quel mot pour un bouddhiste ! tient à leur fragilité même. C'est peut-être une simple histoire de gestes parce que je dois saisir plus délicatement l'objet, y mettre plus de conscience et d'attention et de la lenteur aussi.

lundi, mai 04, 2009

Baladasada

Dimanche matin. Le monde était en couleurs et en soleil alors je suis allé me promener dans le village. Peut-être parce que je vais le quitter bientôt, je vais déménager encore une fois.

Les dimanches sont toujours mélancoliques et lents, propices aux promenades. J'avais trompé leur vigilance ces derniers mois en allant plonger, mais pas de plongée ce week-end. Et je n'ai pas été surpris, ils étaient toujours là les dimanches de mélancolie et de lenteur, attendant tranquillement que je leur revienne. Ils ne m'ont fait aucun reproche quant à ma longue absence, ils savaient que j'étais aussi heureux qu'eux de nos retrouvailles.

Sada est toute en hauteur, il y la mer, la plage, et presqu'immédiatement la colline sur laquelle s'empilent les maisons. Un réseau d'escaliers étroits permet de relier le haut et le bas, avec un manque total de plan et d'urbanisme. Les maisons se chevauchent, se touchent, se cachent, les courettes forment des rues interrompues brusquement, où vivent les gens à l'ombre des arbres. C'est le bordel, c'est vivant, organiquement vivant. Je sais bien que rien n'est plus ni mieux "organisé" que le vivant, mais "organique" est l'expression qui me vient chaque fois que je vois ce village chaotique.

J'habite en haut de Sada. Je descends un escalier, il y a une famille dans sa courette. La mère fait cuire du poulet et du manioc. Je lance un "jéjé" sonore (Bonjour) et on me répond "Caribou". Ca veut dire bienvenue, c'est une invitation à entrer. Je suis invité à déjeuner. Tout le monde rit, je ne sais pas pourquoi alors je ris aussi. Le père ne parle pas français, la mère un peu et les deux enfants très bien. Il y a une Douka (petite épicerie de village) de l'autre côté de l'escalier, j'y achète des sodas frais. On rit beaucoup pendant le déjeûner, les enfants traduisent mes paroles et les parents se tordent de rire.

Puis je continue ma balade. Dans le bas du village un vieil homme fabrique de curieux filets coniques avec des fils de toutes les couleurs, lourdement plombés. Il est souriant. Lui non plus ne parle pas le français. Il me montre comment utiliser les filets pour attraper les petits ou les gros poissons. D'abord les plier soigneusement d'une manière très particulière, puis il désigne à une dizaine de mètres un petit papier ou plastique jeté au sol. Il jette le filet qui se déploie et retombe pile sur le papier visé. Il recommence en visant une chaise, même chose. Dans l'eau les lourds plombs, outre qu'ils assurent une bonne précision du lancer emprisonnent le poisson en retombant vers le fond.










Puis je continue ma promenade vers la mosquée, en admirant les maisons roses, vert pistache ou jaunes. Quelques photos. Il est seize heures, la rue commence à s'animer.

Je fais attention parce que les maorais n'aiment pas être photographiés. En remontant un autre escalier, deux gamins jouent et m'interpellent. Eux veulent être pris en photo alors je m'exécute. Ce sont deux copains, Ismael le plus petit qui se prend pour un lion (mais sans les dents…) et Bacar est le plus grand. Ils me disent qu'ils font beaucoup de bêtises et trouvent ça drôle.
Quelques marches plus loin il y a une autre Douka, qui sont comme les bistros en France : on en trouve partout. J'achète une glace à la vanille et j'en paye trois. Je demande au marchand de donner une glace à chacun des gamins mais sans leur dire d'où cela vient. Il y a trop de gamins qui réclament de l'argent aux mzungus, mauvaise habitude.
Comme je chemine dans l'escalier, lentement à cause de la chaleur, j'entends qu'on m'interpelle. Le marchand (un gros) arrive courant et soufflant suivis pas Bacar et Ismael, eux bondissant. Le marchand me tend un euro de monnaie parce qu'il s'est trompé tout à l'heure et les enfants hilares me disent merci.