jeudi, novembre 13, 2008

Une histoire savoureuse !!

In Martin Monestier, "histoire de l'anthropophagie"

Les américains ayant livré aux commerçants congolais de boîtes de "corned beef", dont l'étiquette représentait un "noir hilare", une panique va naître qui, vers 1959, enflamme tout le pays. Une très large partie de la population est convaincue que l'on vend dans ces boîtes des congolais préparés par des "blancs" dont les rabatteurs hypnotisent des promenaurs grâce à des torches électriques spéciales. Ils les font ensuite monter dans des véhicules et les conduisent illico à l'abattoir.
La psychose est telle que des dizaines de voitures sont signalées à la police et que Radio Congo officialise l'existence de ces mystérieux "hommes aux torches magiques". Il parait que les blancs, non contents de vendre du Congolais dans le pays même, en exportent pour "suppléer au manque de viande en Occident". Dans les villages se constituent des équipes de surveillance pour empêcher les femmes et les enfants d'être transformés en corned beef. Les patrouilles nocturnes se multiplient.
Le 13 Septembre 1959 des autochtones croyant apercevoir un rabatteur attaquent, lapident et brûlent dans son véhicule un représentant en produits pharmaceutiques tout juste débarqué de Marseille. Précédemment trente et un Congolais avaient été accusés de meurtre dans des conditions similaires.




Continuons la visite chez moi...






la porte de la cuisine

5 commentaires:

Msieurico a dit…

Congo Belge - Jean Paul Maindiaux :
"Pendant la guerre, l’Argentine avait fourni aux armées des quantités de viande de bœuf sous forme de corned beef. Les hostilités terminées, les producteurs argentins se tournèrent vers l’Afrique en espérant y trouver un débouché pour leurs stocks de viande en boite. Leur génie commercial ne trouva rien de mieux que de changer les étiquettes des boites. Ils y remplacèrent l’image habituelle d’un bœuf par celle d’un africain. Erreur fatale !…. Il ne fallut pas longtemps pour que le bruit se répandit que la viande dite de bœuf était en réalité de la chair humaine.
- Tu y crois, toi, Paul ?
- On me l’a certifié . On y a trouvé des morceaux d’oreille….Quelqu’un y a même découvert un morceau de moustache ! Les bruits les plus divers courent à ce sujet : enfants disparus ? Adultes ? Allez savoir !
Tout cela se passait donc dans la même période d’après guerre. Il suffisait d’y penser. La police ne manque jamais d’imagination. On fit courir le bruit que le peintre venait le jour repérer ses victimes pour les capturer, la nuit venue, en vue de les mettre en boite.

0 Comment faisait-il ?…. A sa vue, la victime saisie de frayeur était comme fascinée, comme l’oiseau devant le serpent ; l’étranger lui passait alors une longe autour du cou, lui faisait une piqûre et la personne tombait à quatre pattes, instantanément transformée en cochon . Elle se laissait ensuite mener jusqu’à la camionnette rouge qui l’emportait en forêt vers une usine de corned beef souterraine, bien connue des seuls européens. La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre.
Après deux jours d’agitation, l’émeute était proche ; notre bonhomme manqua d’être lynché, la foule renversa sa camionnette et l’incendia ; il ne dut enfin son salut qu’à la prompte intervention de la police qui s’empressa de le mettre à l’abri et de le réexpédier en Europe par le premier avion.
Ainsi se termina l’aventure d’un artiste peintre venu au Congo dans un but inavouable et qui fut désormais appelé « blanc à la seringue » ou « mundélé kintémona ». L’histoire se répandit en brousse sur des centaines de kilomètres, chacun étant saisi de frayeur à chaque venue d’un camion rouge, même après plusieurs années. Je ne serais pas étonné qu’elle se raconte encore de nos jours à la veillée, tant sont tenaces les histoires invraisemblables auxquelles les gens de là-bas croient dur comme fer. "

lunembul a dit…

Les deux histoires se ressemblent trop pour être totalement honnêtes... nous sommes sans doute en présence de ce que l'on appelle une rumeur, ces histoires racontées partout, mais sans fondement le plus souvent.
Et celles-ci véhiculent des sous entendus inavouables !!
Je ne sais pas qui est JP Maindiaux, il a écrit un bouquin ??

Msieurico a dit…

Il s'agit sans doute d'une rumeur ou légende urbaine. On retrouve plusieurs cas similaires en Afrique, Asie et en Papouasie(http://www.snopes.com/business/market/babyfood.asp). Elles semblent être le reflet de vieux préjugés d'un autre temps. C'est en faisant des recherches sur ces légendes urbaines que je suis tombé sur 'l'oeuvre' de
Jean Paul Maindiaux, auteur Belge, qui a écrit quelques ouvrages sur le Congo Belge dans les années 50-60, peu connus ( "Souvenirs du Congo", "Un blanc-bec chez les Noirs").
Ils sont en libre téléchargement sur http://www.maindiaux.com/biblio.asp

lunembul a dit…

sans faire de recherches systématiques, j'ai lu pas mal de littérature sur le sujet (passionnant) des rumeurs.
Leur contenu est révélateur, et là je me suis fait avoir.
J'aurais dû me méfier, le livre de Monestier est fascinant, quoique morbide, mais tout plein d'affirmations non vérifiées.

Anonyme a dit…

Je suis l'auteur du texte concernant le corned beef argentin. Il ne s'agit pas d'une histoire imaginaire. C'est l'histoire vécue de l'explication d'une légende qui devait avoir plusieurs versions.Deux remarques:1- telle que donnée ici elle est incompréhensible car il manque la première partie relative au peintre Tchèque. 2-Il s'agit de souvenirs d'aventures vécues pendant six années d'une vie itinérante en Afrique centrale.Il est difficile de comprendre la mentalité des congolais de la brousse, sans avoir vécu en immersion totale parmi eux pendant des années, chaque jour palant leur langue et vivant dans les villages sans domicile fixe. Les légendes sont nombreuses et plus elles sont inraissemblables, plus elles sont données pour véridiques. Il y avait 5 frères et soeurs du même nom au Congo Belge, dont un médecin Jacques, un agronome Paul et moi-même Jean à l'Institut Géographique.Ces trois derniers ont écrit des souvenirs pour leurs enfants.