mercredi, novembre 21, 2007

Aller simple (retour compliqué)
























A Porto



Tu es mort ... De toutes façons la vie est un voyage qui finit mal. Un aller simple, le retour est trop compliqué.

J’ai vu ton cadavre juste avant l’embarquement pour cimetière. Enfin, non, puisqu’on t’a mis au four… Les embaumeurs t’avaient réussi, je t’ai presque cru vivant, mais comme en grève. Pas de rigidité kilométrique, malgré quelques taches bleues sur le visage. Il paraît que c’est normal, même la mort a ses habitudes.
Ils t’ont mis dans ton dernier wagon, nous l’avons suivi, nous nous sommes recueillis devant et puis ... les mensonges à ta famille (dans ces cas là, on ment forcément).

La gueule des croque-morts était parfaite, compassée, un peu ennuyée, professionnelle. Comme des contrôleurs à contrôler les morts.
Il y avait du monde, tu étais populaire. Des têtes effarées, d’autres agacées de gens riches qui ont autre chose à faire et c’est important, et des vraiment tristes. Mais tous y pensaient en regardant les autres, pour qui le prochain départ ? Qui a son billet dans la poche, sans le savoir.
Quoique… quoique… hein ! de toutes façons…

Y’avait tes femmes, quelques unes. Tu sais elles ont vieilli. Même celles qui étaient jeunes quand nous l’étions, elles ont vieilli. On jouait à qui pisse le plus loin et elles nous croyaient adultes !!

« Avec le temps, avec le temps va tout s’en va… » on pissait loin. On n’échangera pas sur nos ennuis de prostate, à moins que tu m’envoies des cartes postales. Dis, est-ce qu’il y a une poste, près de la gare d’arrivée ?
Bof, je répondrai pas, je parle pas aux morts. Question de rationalité.

J’ai ri lorsque les croque-messieurs ont mis ton cercueil sur le machin qui roule vers le four. Une espèce d’escalamort automatique, et puis… et puis rien. Je me suis senti perdu au milieu du vide. Il ne se passait plus rien, j’étais comme un guerrier sans guerre.

J’ai regardé les autres, ils ne me regardaient pas.
J’ai même pas peur, ce n’est qu’un voyage.

1 commentaire:

marie.l a dit…

un clic hasard, un clic chanceux et je te retrouve après bien longtemps ! toujours ce style et ces mots qui me plaisent tant et que j'avais perdus à la déveine d'un crash !
un clic tiroir maintenant, celui des lectures à garder au chaud !