mardi, avril 08, 2008

URU

"Quoiqu'il arrive, il y a quelque chose qui n'arrive pas…
.. L'Unité Profonde des Choses est si profonde qu'elle est inaccessible au chercheur.
La situation est désespérée!

Le désespoir peut devenir profond, si profond qu'il devient inaccessible à toutes les choses.
La situation est désespérée!

Arrivés au fond du désespoir, vous vous dites, puisque l'on est "au fond", on va rencontrer l'Unité Profonde des Choses. Eh bien non ! vous êtes au fond mais… c'est comme cette histoire "elle habitait au 28, il habitait au 30, mais pas la même rue, pas la même ville". Eh bien, l'Unité et le désespoir, ce ne sont pas les mêmes profondeurs. Il n'y a pas de truc, il n'y a pas de Voie, il n'y a rien à atteindre. Abandonnez tout effort, vous ne trouverez jamais rien parce qu'il n'y a rien à trouver. A ce point du discours, il faudrait ajouter "vous ne trouverez jamais rien parce que tout est déjà là". Mais personne n'en sait rien. Alors, laissez tomber.
C'est votre seule chance"

Celui qui parlait était sec, avait des gestes lents dans des vêtements trop larges mais très propres; à chaque parole, il avançait le cou, légèrement. Il avait un seul disciple, un homme rond aux yeux ahuris, très grand et avec le menton en galoche. Ils allaient de ville en ville. C'était une époque lointaine, les gens étaient encore assez pauvres pour donner, du pain, un abri, un mot.
Lui, le prêcheur, n'avait accompli aucun miracle. On lui avait bien présenté quelques malades, quelques infirmes et trois imbéciles. Mais il n'avait rien su faire d'eux, ni les soigner, ni les aider, ni les instruire. C'est pourquoi dans chaque ville ou village où ils se rendaient, ils étaient précédés par une absence totale de réputation. Personne ne les connaissait, personne ne les attendait et ils repartaient ainsi, inconnus.
Quel âge avaient-ils ? Je ne sais pas.
D'où venaient-ils ? Le prêcheur avait un accent du Nord, c'est ce qu'on m'a dit.

Ils marchaient d'un pas vif, en silence souvent. Et à chaque village, il répétait le même discours. Même à ceux qui leur offraient l'hospitalité ils parlaient peu. Parfois ils disaient "il n'y a pas de vieillesse, pas de mort" et leur hôte se détendait "et il n'y a pas de fin à la vieillesse et à la mort" et on les entendait rire dedans eux.

Enfin, c'est ce qu'on m'a dit.




Tahiti beach. De l'autre côté de la colline il y a une maison à louer, avec un jardin et face à la mer. Disponible en Juillet, date à laquelle les baleines arrivent pour trois ou quatre mois avec leurs baleineaux.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai répondu à ton dernier courriel... sans réponse de toi...
Nous aimerions pourtant bien avoir de tes nouvelles directement.

Pensons bien à toi Jacques et moi !

Bises de nous deux.

Anonyme a dit…

Lui, le prêcheur, n'avait accompli aucun miracle. On lui avait bien présenté quelques malades, quelques infirmes et trois imbéciles. Mais il n'avait rien su faire d'eux, ni les soigner, ni les aider, ni les instruire.

Il y reste alors son désir, son désir sans fin, de les soigner, de se soigner. De les aider, de s’aider. De les instruire. De se rejoindre à lui-même. Son bon désir qui va les sauver tous.

Il y a encore ses gestes lentes, comme une danse qui a peur de s’évanouir. Il y a ses yeux la couleur du miel-en-pierre, la couleur de la terre. Ses yeux qui apportent la chaleur, et l’espoir, aux gens qui l’écoutent. Ses yeux de miel qui n’apportent rien à lui-même.

Arrivés au fond du désespoir, vous vous dites, puisque l'on est "au fond", on va rencontrer l'Unité Profonde des Choses.

Et bien, oui ! Les choses sont là, réunies dans son désir, dans son désespoir. Dans sa beauté.

« Ne désespère jamais, mon Dieux, parce que je crois dans tes mots, même si Tu n’existe pas »

//Eleni