vendredi, juin 08, 2007

Ceux qui ...


Celui qui dessinait toujours,
des personnages fait de fils fins avec des gestes comme s'ils dansaient. Peut-être de sa propre maigreur, peut-être de son envie d'enchanter le monde ? Peut-être aussi ses personnages étaient-ils si grêles de leur impuissance à changer le monde si peu que ce soit, comme lui.
Il dessinait parfois les yeux fermés.

Celle qui un jour …
Avec ses grands yeux bleus tout ouverts pour ne pas être seule, ne pas penser, pas se souvenir de ce jour où … elle avait décidé de grossir énormément pour qu'aucun homme, jamais ne la désire plus. Elle n'a pas de chats, pas de chiens, pas d'oiseaux.
On entend derrière elle, très fort, le bruit de la télé.

Celui qui est devenu soldat
... n'a jamais eu le choix "on choisit pas ses parents" il disait ça avec une voix un peu haut perchée, en caressant son embonpoint proéminence ventrale déconcertante sur deux petites jambes maigres. Les moins gradés le détestaient, les mieux gradés le méprisaient.
Il ne buvait plus d'alcool, seulement de la bière et ça le faisait rire.

Celle qui voulait devenir danseuse ...
regardait les gens avec étonnement, les choses et les événements pareillement. Ses parents étaient pour elle un sujet permanent d'excitation, presque amoureuse; elle savait quand ils faisaient l'amour. Elle avait des bras un peu grands qu'elle mouvait avec une élégance remarquable. L'école ne l'intéressait pas, hormis les cours de biologie.
Elle écrivait un journal intime, pas plus de trente mots chaque jour, pas moins de vingt.

Ils pourraient se croiser un jour, par exemple dans une gare. Ou être réunis dans un même ascenseur des Galeries Lafayette d'une grande ville de province.

Ils pourraient aussi ne jamais se croiser, ne jamais se connaître et mourir sans même s'imaginer.


























Fabrication de papier antemoro


une autre étape de la fabrication


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Celui ou celle qui rêve... se recontreront.
Ici ou ailleurs. C'est écrit dans leurs rêves.
Les mots dont vous habillez ces personnages (rééls ?...) les rendent émouvants.
Enfin, permettez-moi d'être intriguée par le titre de votre blog "l'envol de la baleine" !