Lorsque je lis un poème, il est fréquent qu'un autre texte me vienne en tête, qu'il résonne avec le texte que je lis.
Parfois à cause d'un simple mot, parfois une atmosphère ou une ambiance proche et parfois je ne sais pas pourquoi.
Voulez-vous partir en résonance avec moi?
Commençons par Apollinaire (il faut toujours commencer par Apollinaire)
J'ai cueilli ce brin de bruyère
L'automne est morte souviens t'en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens toi que je t'attends
Ce brin de bruyère m'évoque, bien sûr, Hugo. Lorsque sa fille Léopoldine est morte, il a passé longtemps sans écrire un seul vers, lui qui écrivait tout le temps. Et lorsqu'il a repris la plume, il a écrit un joyau,
Demain dès l'aube à l'heure où blanchit la campagne
Je partirai, vois tu....
le texte se finit ainsi
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur
Et quand j'arriverai je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleurs
Oui, un bouquet de houx vert et de bruyère en fleurs. Cette finale "en fleurs", je l'aime particulièrement.
Un autre poète a perdu sa fille, alors qu'elle avait deux ans. Un poète japonais, du 17 ou 18em siècle je ne sais plus. Issa, faiseur de haïkus qui m'émeuvent particulièrement.
Un an après sa mort, il écrivit ceci
Vent d'automne
Les fleurs rouges
Qu'elle aimait cueillir
Continuons avec Issa, les fleurs et la mélancolie heureuse
En ce monde
nous marchons sur le toit de l'enfer
et regardons les fleurs
Du toit de l'enfer, il n'y a qu'un pas pour être au bord d'un lac, calme et tranquille
Au bord du lac
pêcher plus de silence
que de poissons
L'auteur s'appelle Stephen Moysan. Plus de silence que de poissons...
Dans le texte de Prévert qui suit, j'entends aussi un instant de plénitude et de sérénité, comme nous en avons tous connu. Là, il y a une cause à cet instant de bonheur, mais il est bien là.
Plutôt que bonheur, j'ai envie de parler de plénitude. Le texte s'appelle "Alicante"
Une orange sur la table
Ta robe sur le tapis
Et toi dans le lit
Doux présent du présent
Fraîcheur de la nuit
Chaleur de ma vie
Plénitude ai-je dit ?
Faire le vide en soi
Laisser le bien être
Envahit notre esprit
.
.
.
Profiter de l'instant
Je ne peux pas parler de poésie sans parler de Rimbaud.
Apollinaire, Issa, Rimbaud ! Je peux me passer de tout, mais pas d'eux.
...Je ne parlerai pas je ne penserai rien
et l'amour infini me montera dans l'âme...
Extrait de "sensations" où l'auteur de fait picoter par les blés!
Etsuji, je crois qu'il s'appelle ainsi, poète japonais du ... peut-être 9 ou 10em siècle, répond à Rimbaud
Couvert de fleurs...
je voudrais mourir à l'instant
dans le rêve que nous vivons
Nous retrouvons les fleurs du début !! continuons avec une poésie pachtoune. Il y a parait-il en Pachtouasie (?) une tradition de courts poèmes en deux vers, écrits par des femmes. Cette région est en guerre depuis 50 ans.
Une femme pourtant a écrit
Je me suis faite belle dans mes habits usés
Comme un jardin fleuri dans un village en ruine
Comme un jardin fleuri dans un village en ruine.
Et si vous le voulez bien, sautons des fleurs aux légumes, avec ... Issa bien sûr
L'arracheur de navets longs
me montre le chemin
avec un navet long

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