jeudi, octobre 29, 2009

Car en sac





Je n'oublie pas ce qu'un jour j'ai entendu à la radio. J'étais à Marseille, en voiture le long du quai de rive neuve. Il ne faisait pas beau, un temps bêtement maussade.
Un journaliste interrogeait des élèves d'une école quelconque, des élèves de première qui avaient visité en Pologne un camp de concentration, puis avaient vu un film dont j'ai oublié le titre. Un jeune homme avait dit ceci "ce qui m'a frappé, c'est que dans le film, aucune des personnes interrogées n'était responsable. Chacun disait 'ce n'est pas ma faute, j'ai obéi' et le résultat… c'est ce camp".



Je n'aime pas commenter l'actualité, mais je tiens à souligner l'incroyable théâtre que nous avons vécu ces dernières semaines. "L'affaire" Jean Sarkozy. Par pure lâcheté des hommes et des femmes politiques, au mieux se sont tus, au pire ont soutenu les Sarko's boys. Je n'en ai pas cru mes oreilles, mais pourtant oui, ils l'ont fait et ils ont même mouillé leur chemise à cette tâche, et sans doute aussi leur slip. Lâcheté insondable, incroyable veulerie.
J'avais honte.

dimanche, octobre 25, 2009

La vie en pièce jointe.






BIG
BANG
Il y eut peut-être un grand déchirement. Mais plus probablement il n'y eut rien, puisque rien n'existait qui put contenir quoique ce soit. L'espace et le temps n'existaient pas, puis ils existèrent.

BIG
Rien
BANG
Tout

Presque tout. Il fallut attendre l'Homme pour que naissent le Bien et le Mal, le Beau et le Laid, le Vrai et le Faux qui n'existent ni à travers le Temps et l'Espace, ni dans les atomes ou les molécules.

L'évolution de l'Univers comme on l'imagine aujourd'hui, a mené aux Océans, aux Etoiles, à la Lumière. A l'Homme. En remontant par la pensée le cours du Temps, on découvre un Univers toujours plus indifférencié, étrange, paradoxal mais que je peux "penser", non comprendre mais penser, même si avec erreur.

Par contre le Rien lui, est impensable. Je l'imagine comme une absence, un creux ou une soustraction.

Rien=Tout - Tout, capable quand même d'engendrer l'Univers. Rien ce n'est peut-être que l'impossible de la pensée, la source d'où jaillissent la matière et l'antimatière en stricte égalité, ou le jour et la nuit.
De même, de l'Homme jaillissent le Bien et le Mal, en stricte égalité.

mardi, octobre 20, 2009

Expression corporelle




Ma main, lente comme si elle voulait grain par grain t'apprendre.
Ma bouche pour dire chaque rivière, et les eaux qu'elle a goûtées
Mes yeux pour découvrir encore et encore ce que tu gardes caché
Et deux oreilles pour jouir de ton plaisir, sans jamais le comprendre

Et si j'ai bien cinq sens et qu'il en manque un
C'est pour ne jamais en finir
De ce souvenir
Importun

dimanche, octobre 18, 2009





Le soir est tombé vite, ici il n'y a pas de crépuscule.
J'entends un enfant pleurer
des bruits de pas
l'appel à la prière au loin
un grillon qui chante, tout à côté
surgissante, une voix d'homme et une autre voix répond, voix de femme.
Rien d'autre, j'appelle cela le silence.


Un héros de bande dessinée qui me ressemble ? Le capitaine Haddock, à cause de son diable qui le poursuit partout et auquel il finit toujours par céder. Et puis, comme lui j'aime les pipes, Tonnerre de Brest!!!


Un matin de cette semaine, je faisais les utilités dans une réunion avec une cinquantaine de bouénis du marché. C'était des discussions interminables (en shimaoré) coupées de chants et de cris, très spectaculaire.
Ces femmes sont étonnantes et magnifiques. Grasses et bienheureuses dans leur graisse, lentes, elles évoquent un énorme et invincible paquebot. Lorsqu'elles sont en nombre leurs saluvas chamarrés font un océan de couleurs qui donne le vertige.
Au bout d'une heure, deux d'entre elles s'allongent par terre et s'endorment d'un oeil vigilant. Les bouénis s'endorment absolument partout, mais toujours d'un oeil vigilant...

dimanche, octobre 11, 2009

Les Trois Poisons


Le matin, en allant au boulot j'écoute les informations à la radio.
Avidité. Colère. Ignorance, les trois poisons dénoncés par le Boudha y sont largement à l'honneur.

La crise financière plonge des millions de travailleurs dans la précarité, laquelle n'est rien à côté de la vraie misère des pays du Tiers Monde, cette misère dont on meurt. Pendant ce temps, les banques au lieu de faire leur boulot de banque, continuent leurs opérations financières nauséeuses, spéculent, titrisent, détournent, s'enrichissent, s'enrichissent, s'enrichissent, s'enrichissent, s'enrichissent, s'enrichissent, s'enrichissent…
Avidité.

Pakistan, cinquante morts lors de l'explosion d'une bombe sur un marché. Un massacre.
Colère.

Des hommes ou des femmes politiques promettent que demain chantera, que si on vote pour eux la croissance reviendra, et le bonheur avec.
Ignorance.

Mon avidité, ma colère, mon ignorance. Mon inconfortable confort.

samedi, octobre 03, 2009

Mont Blanc





Le théâtre est presque vide. Un spectateur tousse et le son résonne longtemps.
Enfin les projecteurs déglingués éclairent la scène d'un halo faiblard. Le bruit des bombes recouvre la musique de toutes façons hésitante.
Les danseurs entrent en scène. L'un d'eux cache sous le maquillage le sillon de ses larmes récentes. Ils n'ont pas répété depuis longtemps, ils ont peur et ils ont froid. Mais face à la barbarie, ils sont déterminés à célébrer une dernière fois la petite musique de leur vie.


Nous devrions faire attention, les barbares sont à nos portes.

jeudi, octobre 01, 2009

Il n'y a rien qui dépasse



"Ici commence l'indicible"" trois mots, les trois seuls écrits par Rilke sur un carnet. Il l'avait acheté pour y écrire sa joie de revoir Paris, après la guerre. ses découvertes, ses retrouvailles, ses émerveillements.

"Ici commence l'indicible". Je ne peux rien dire de ce qui est au delà des mots (ou dans leurs creux). Indicible. C'est ce qui fait que "je dois vivre ma vie et seulement ma vie, éprouver pour moi seul et par moi seul sans jamais pouvoir transmettre quoi que ce soit de ma sensation ou de ma perception à un autre désespérement tiers" (je cite à peu près Michel Onfray mais ne me rappelle plus le titre du livre).

C'est vrai, notre solitude est totale. Et pourtant... c'est exactement là, dans le silence des mots ou dans l'espace entre eux, dans les creux qu'ils dessinent, c'est là que justement je rencontre l'autre, magnifiquement tiers, rencontre vraie.
Ici commence l'indicible, vous comprenez ?