mardi, avril 20, 2010

Poster rieur

Petit maki dans le jardin
fait l'acrobate et le malin
mais tel le paon d'Appollinaire
il nous le montre son derrière

mardi, avril 13, 2010

Une excuse valable



Une dernière touche, dans les ocres bruns sur le coin du bec de l'oiseau sur l'épaule gauche, une évocation de l'Esprit.
"Voilà, c'est fini tu peux rentrer, passe demain je te paierai… voyons nous avons fait huit séances de pose c'est ça ?"
"Neuf, nous en avons fait neuf dont une de douze heures qui compte double"
"Ah oui, oui c'est ça, donc neuf séances et…"
"Dix séances, neuf dont une qui compte double ça fait dix"
Le peintre pesta intérieurement contre ce modèle qui savait compter. "Je devrais lui donner trente deniers c'est ce qu'il mérite.." mais il le garda pour lui.

Pendant ce temps le Christ se rhabillait lentement, ankylosé par la longue séance. Cette fois c'était une descente de croix, un sujet particulièrement épuisant. Mais il pestait, lui, contre ces humains qui n'écoutaient pas ses sermons (pourtant il les avait travaillés pendant deux mille ans, jugeant que la première fois il n'avait pas été assez clair). Mais les humains n'entendaient rien, il n'adoraient que son image et répétaient des bouts de phrase dans leurs églises d'où un curé l'avait chassé une fois. "Allez dehors, pas de barbu pouilleux dans mon église, et juif en plus. Allez ouste, du balai…"
Alors parce qu'il fallait bien vivre, il posait chez des peintres qui peignaient le Christ. Le travail ne manquait pas, forcément il avait la tête de l'emploi.

Un jour dans la rue on lui demanda ses papiers. Il eut le tort de répondre qu'il n'avait que la parole. "Je suis le Verbe" dit-il, ce qui prouve qu'il n'avait pas intégré les bons réflexes.
"De quoi, on se moque ??? Chef, Chef, y'a un malin ici…"
On l'embarqua. On le menotta. On l'interrogea, on l'enferma, on le jugea mais on ne l'expulsa pas puisqu'il s'obstinait à répéter qu'il venait du Royaume des cieux et nul ne savait d'où il venait vraiment. De guerre lasse, on le remit dehors onze mois et vingt deux jours après son arrestation, libre.

Il retourna dans les bars gays qu'il aimait fréquenter mais les amis qu'il s'était fait, une douzaine de coquins libertins étaient partis au Larzac rejoindre une secte hindouiste.
Il était seul, sans savoir où aller ni que faire, sans argent, sans domicile… Rien !
Alors qu'il réfléchissait à son sort, assis sur un banc, un homme s'approcha de lui "incroyable, c'est incroyable, oh mon Dieu je rêve…" Le Christ le regarda, dans ses yeux toute la douceur du monde. En plus, l'homme était beau gosse, jeune encore et bien tourné.
"C'est incroyable, oh c'est une bénédiction, venez, venez… "
Le Christ de leva avec majesté. Enfin on le reconnaissait.
"Je suis peintre et publicitaire aussi, oh, venez, venez vous êtes parfait…Le modèle qu'il me faut ! Venez"

Il le suivit, allons, encore un peintre, il avait cru que… Mais il savait que son heure viendrait, qu'il serait bientôt connu du monde entier et que son message rendrait l'espoir aux hommes de bonne volonté. En attendant, il suivit le peintre.

Il posa et deux mois plus tard, après une campagne de publicité sans précédent, les premières boites de Vache Qui Rit s'arrachèrent en quelques heures.

dimanche, avril 11, 2010

Réduction du paquet d'ondes



G Malodo
J'aime Al'Odo
J'ai une malle au dos
Gémal Ado (différent de Gémal Adulte)

Bruits de femmes qui se disputent. Des voix aigues, rapides et criardes. Chacune cherche à faire taire l'autre

Projet : Malo dot
Ah voilà!! j'ai mal au dos
U n jet pour un mâle. Oh! que d'eau...

Jet -> Yacht
Mâle -> Coq
Oh! -> Bof...
Que d'eau -> Orage

Sur le Yacht les invités mangent un Coq. Bof... L'orage est plus intéressant

Yacht -> La Callas
Coq -> girouette
Bof... -> Beauf
Orage -> Humide
La Callas une girouette ? Son beauf est humide.

Maintenant un enfant pleure pendant que les femmes se disputent toujours

La Callas -> Caillasse, cailloux
Girouette -> pète
Beauf -> Steak
Humide -> éponge
Quand les cailloux pètent, j'éponge un steak

L'enfant ne pleure plus, les femmes se sont tues et trois oiseaux chantent mais je n'y suis pour rien.

mardi, avril 06, 2010

"Ils"




Elle est sur son banc. Elle y vit, elle y passe ses journées mais pas ses nuits. Elle a sans doute un chez elle puisqu'elle disparait chaque nuit tombée et réapparait le lendemain, propre et nette.
Elle réapparait toujours, quel que soit le temps, qu'il fasse froid ou qu'il fasse chaud, qu'il pleuve ou pas. Elle s'assoit toujours à la même place, "sa" place que personne jamais n'a osé lui prendre. Une place en bout du banc et elle étale à côté quelques affaires.

Depuis combien de temps y vient- elle? Depuis combien de temps, je ne sais le dire; des années; les enfants l'ont toujours vue là, ils croient qu'elle a toujours été là comme la statue, comme les arbres, comme les bancs. Elle fait partie du square, elle en est devenue l'âme. C'était à l'origine un square anonyme; il avait un nom, mais si commun qu'à lui seul, il aurait rendu n'importe quelle place anonyme. "Square du Général de Gaulle". Mais pour les enfants, puis pour les habitants du quartier il est devenu le square de la Dame et chacun entend bien le "D" majuscule, il n'y a aucun besoin d'emphase, il est majuscule c'est tout.

Elle a des gestes lents et ordonnés. Elle a quelques affaires enfermées dans un petit sac qu'elle pose délicatement sur le banc. Personne ne l'a jamais vue sortir quoique ce soit de ce sac, mais il est ventru, plein d'on ne sait quoi.
Elle s'assoit donc dès le matin et ne bouge plus ou très peu. Ses yeux et sa tête pourtant restent toujours mobiles, elle observe les petits animaux, chats ou pigeons qui hantent le lieu, les arbres et les branches, particulièrement l'hiver. Les passants ne retiennent que rarement son attention, les enfants jamais.
Elle ne mange pas, ne quitte pas son banc. Elle garde une bouteille d'eau à son côté, en boit une gorgée de temps en temps, toujours des petites gorgées économes, avec des gestes lents qui ressemblent à un cérémonial.

Elle guette le ciel avec intensité et son regard reste fixé, pendant des heures parfois, non sur les nuages mais sur l'immense inconnu, gris ou bleu, uniforme et vaste. Elle garde alors le visage légèrement relevé et aucune expression particulière ne vient indiquer ce qu'elle éprouve . Elle regarde .
Parfois des passants qui ne la connaissent pas lèvent à leur tour les yeux vers le ciel en imaginant qu'il s'y passe quelque chose de particulier, qu'il y a quelque chose " à voir". La plupart du temps il n'y a rien que quelques pigeons ou la trace d'un avion vite effacée. Ils repartent alors, déçus ou interrogatifs; mais pour certains, cet instant de ciel ouvert a pris un sens, rien de précis mais un instant qui a été différent quand même d'avoir juste regardé un ciel vide et calme.

Il arrive des moments où elle commence à s'agiter. Des gestes plus brusques et plus nombreux viennent déchirer son immobilité et sa lenteur. Elle se lève sans bouger les deux pieds de leur place, se rassoit , se relève encore pendant que des sons commencent à venir, pas encore des mots. Les bras prennent une autonomie subite, esquissent des gestes vers le haut, les mains repliées sur elles mêmes.
Puis tout s'accélère, s'amplifie, les sons deviennent mots, un mot, un seul toujours le même, "pourquoi". Le ton ne laisse pas entendre d'interrogation, la posture ne laisse pas croire qu'elle attend une réponse, mais le regard se raccroche au ciel, elle se rassoit et reprend son observation têtue.

Le soir venu, lorsque s'allument les premières lumières des maisons, elle se lève, ramasse ses affaires et s'en va et on entend alors le temps passé. C'est une musique douce.

dimanche, avril 04, 2010

une dimension plus tard




La petite fille qui ne parle pas rit en courant de bras en bras. "Ko", "Viens" et elle court et elle rit. Parfois l'émotion l'emporte et elle pleure. Alors les adultes ordonnent que le jeu s'arrête. Le calme qui suit me parait trop vaste, comme un petit homme qui porterait un costume trop grand.

Sous le manguier, des hommes jouent aux dominos pions qui claquent. D'autres regardent et commentent bruyamment, ou bien ils parlent d'autres choses sans importance.
Des taches de soleil les habillent avec des cris d'enfants. Au loin on entend une guitare. Tout à l'heure il y aura l'appel à la prière.

J'ai dormi avec un sclopendre dans mon lit. Je n'ai pas aimé du tout, il en est mort.