mardi, octobre 30, 2007

WILD BUFFALO

Je voulais partir... aller... revenir !!!
Mais j'ai peur. Peur d'être sans, d'être sans eau... sans ... je sais pas.
J'ai besoin de toi, tu sais la ligne droite!
L'absence des détours...
Je reviens toujours, j'ai soif.

Eloigne les hyènes, les lions, les chacals. Et aussi les éléphants! Je veux boire
Je veux être, même dans ton indifférence... même dans ton...

Gardien de l'eau !! Rassurant, immobile
Regarde je suis dehors. Mais à un pas seulement de ta porte
Je crie!! en silence, pourtant je Crie!

Gardien de l'eau !! A ton large front je trouve la force
L'entêtement de vivre

Gardien, tu m'as appris le désir
La peur, la rage
et qu'il n'y a rien d'autre n'est-ce pas ? Rien
que cette soif

Ouvre, maintenant! je veux boire
de l'eau dans mon ventre tiède
ou le souffle de tes naseaux

Puis je repartirai
jusqu'à connaître le goût du sel!!

lundi, octobre 22, 2007

Mélancolie

Si je dois mourir
que ce soit en Décembre
ma mort je veux la voir venir,
ne pas la faire attendre


Je serai pas joyeux, non
mais je pleurerai pas
d'ailleurs je sais pas pleurer
et si j'ai su, j'ai oublié.


Je vous promets je lui dirai
la mélancolie


la succession des jours et des nuits
ce qu'on fait pour que se taise l'ennui
Je lui dirai ce qu'on dit
aux survivants, à l'enterrement
tout ce qu'on dit, tout ce qu'on ment


Je vous promets je lui dirai
la mélancolie


Je porterai vos mots
et si vous me portez mort
nous serons quitte
.....Puisqu'il faut que l'on se quitte






jeudi, octobre 18, 2007

UN SOFA ROUGE

Images du Portugal... un texte de Jacques, un texte de Laurence














Nous nous promenions dans Braga sous une pluie fine. Le ciel s’accordait au granit des bâtiments, il y avait peu de monde dans les rues.
Le soir commençait à venir lorsque nous croisâmes une église, petite avec une entrée presque dérobée et fermée par une grille.
Bien que le granit soit une pierre dure et difficile à sculpter, les bâtiments à Braga sont richement baroques et décorés à profusion. Il n’en allait pas ainsi de cette vieille église sobre, qui gardait des proportions et des formes romanes.

Du côté par lequel nous arrivâmes, il y avait ces deux sculptures sur une corniche large et plate, toutes seules. Il ne m’a pas semblé que d’autres sculptures aient jamais été là, la corniche était intacte, il n’y avait pas d’entablement vide, pas de traces de statues arrachées, il n’y avait que le plat de la corniche sous le gris moelleux du ciel.

J’ai pris la photo parce que ces deux statues nous disent quelque chose. Mais quoi ? Je n’avais qu’un sentiment vague et violent, vous connaissez cette impression de ‘déjà vu’, de reconnaissance de ce que pourtant on ne connaît pas.

Un homme regarde le ciel. Il parait serein. Il y a dans le ciel une trouée de lumière et le regard de son visage levé semble dirigé vers elle. Est-il assis ou en train de s’agenouiller (sans doute pas à cause de la position bien droite du corps) ? Il tient quelque chose dans sa main, un livre peut-être.
Derrière lui une bête terrifiante, gueule large ouverte. Veut-elle le dévorer ? La bête n’a pas de corps et sa gueule jaillit tout droit du mur.

Lui, entre le ciel et l’enfer, connaît la lumière malgré les nuages.
La bête n’a pas de corps et est ancrée dans le mur ; s’il avance il est sauvé. Si il se retourne, s’il ne quitte pas son passé, il est dévoré.
Mais lui et la bête ont la même nature, pierre grise. Elle est COMME lui, elle est lui, n’est-ce pas ? Alors, ayant reconnu cela il ne fuit pas et s’est assis sans peur. L’immense du ciel lui suffit.

Depuis mille ans, il n’a pas peur.





















La maison est ouverte sur l'océan
ouverte aux vents
qui profitent de l'abandon
s'engouffrent par delà le voile
volé aux fenêtres abandonnées
Et les volets qui ne sont plus
ont cédé aux vents
qui se moquent du vieux bois
soumis par les années

Le voile enlevé, la demeure n'est plus
elle offre tristement ses yeux creux
on devine la profondeur de ces lieux
qui jadis pouvaient étourdir

Aujourd'hui le lierre l'enlace
de ses bras maigres
envahit son âme
et vole son passé

Le bois des volets est fragile
de trop d'érosion, trop de sel
et la façade est envahie
comme violée
elle a perdu son arrogance
qui la rendait désirable
aux marées montantes

L'océan lui même s'est retiré
vers d'autres rives, ou d'autres coeurs
D'autres formes sont nées
laissant à la demeure abandonnée
ses balcons sensuels désormais rouillés

Ses fenêtres n'ont plus de mystère
la soie usée a dévoilé le regard rendu creux
les fenêtres trop accessibles n'offrent au voyageur
que le rêve d'un soir d'autrefois

le rêve d'un sofa rouge

lundi, octobre 08, 2007

ALLER SIMPLE

Une tasse de café bouillant à la main, elle se tenait droite, les pieds fermement posés au sol. Elle le regarda, attendit un long moment parce qu'elle ne voulait pas que sa voix tremble. Elle dit "je pars, je ne reviendrai pas". Lui il ne respirait plus, il dit quelque chose comme " … ce … ce n'est …pas possible…". Elle dit "si", posa la tasse sur la soucoupe et partit. Il resta paralysé un long moment, puis il prit la tasse et ne bougea plus, avec à la main cette tasse de café tiède.

Il se souvenait de ce jour comme d'un don du ciel. La souffrance devenue énergie, il avait changé, il avait dû changer, il avait pu changer.
Il la revit trois ans plus tard, par hasard. Il lui dit "merci", elle ne comprit pas pourquoi. Elle demanda comment il allait, faisant attention que son ton reste mondain, ils étaient deux copains qui se croisent. Il dit "je vais bien", sourit et s'éloigna.

Oui, il allait bien.





Escaliers, à Braga (Portugal)

jeudi, octobre 04, 2007

LIBERTE EN BIRMANIE

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LIBERTE EN BIRMANIE
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mercredi, octobre 03, 2007

Bleuet

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Grand-père marche précautionneusement le long du chemin qui borde sa petite propriété.
Grand-mère derrière trotte, trotte menu. Elle veille sur lui.
Elle l'aime. Il l'aime.
Le printemps est là.Bruits d'abeilles et d'oiseaux, odeurs fraîches et neuves.
Grand-père s'arrête et attend , il est heureux d'avoir semé grand-mère. Il ne sait pas qu'elle reste en arrière pour le regarder. Ou bien il fait semblant de ne pas savoir.
"- ah, je t'ai semée encore cette fois"
Elle lui montre une fleur sur la branche du prunier qu'ils ont planté pour ma naissance. Un prunier tout échevelé.
"- Cette année, il va falloir le tailler !"
Main dans la main, ils s'en retournent vers la maison, prenant leur temps.

Ils aimeraient que ça dure longtemps, longtemps, vingt ans encore.


Séville, tôt le matin...


mardi, octobre 02, 2007

ALDO

Je vous livre le témoignage de Aldo, tel que je l'ai enregistré à l'époque :

" ... Cela faisait dix ans que je ne rêvais plus. Entendons nous bien, ce n'est pas que je ne me souvenais pas de mes rêves, je ne rêvais plus. J'avais perdu tout espoir de quoi que ce soit. Je n'avais plus d'argent, plus de maison, plus de voiture évidemment.
Plus de travail. Et j'étais seul. Femme, enfants, parents, amis j'en avais eu ("avais eu" au plus qu'imparfait, d'ailleurs ils l'étaient et je l'étais aussi, imparfait).
Je vivais dans le plus total dénuement et le plus complet des bonheurs qui se puisse imaginer. Je ne désirais rien, la Vie m'était un présent éternel, une félicité sans nom et sans nuages.
J'étais pleinement, follement heureux.

Alors tu comprends mon étonnement lorsque j'eus ce rêve étrange : moi, un cartable à la main dans une maison riche, embrassant une femme pendant que des enfants jouent au bord de la piscine. L'ensemble étant assurément " à moi" cartable, femme, enfant et piscine.
Je me suis réveillé en nage, effrayé par un tel cauchemar.

C'était il y a dix ans, je me le rappelle encore, ce rêve (rire…) !!
Heureusement depuis tout va bien…"






Lisbonne, dans le quartier de Belem