mardi, octobre 31, 2006

Poésaoule livrétique

Après son départ, je n'avais plus aucun projet, aucun désir, aucune envie. Je voulais boire, chaque jour du matin au soir, boire.

Le matin je m'habillais et je partais au goulot. Le gosier sec mais pas pour longtemps, au premier bar je retrouvais mes amis, ivrognes en service. Nous buvions avec acharnement en récitant les verres des plus fameux poètivres, nous tournions les pages de leurs livresses, nous les additionnions, les multipliions jusqu'à ce qu'elles deviennent assez immenses pour atteindre la grandivrognerie. Mais nous nous divisions lorsque le patron sortait son vire-bouchon et qu'il fallait partir.
Nos amitiés poivrotes ne résistaient pas au dehors. Nous fuyions ici ou là, moi je cherchais un autre comptoir ou j'essayais de suivre une vague silhouette titubouteillant vers un ailleurs problématique. A la première porte, première odeur de vin, j'entrais. Je n'avais plus d'argent bien sûr mais je jurais que si :
"Croix de bois, Croix de fer, Si j'mens j'bois encore un verre". Quelqu'un finissait toujours par m'offrir un verre, ou deux et je me fondais parmi ceux là qui ne boivent pas, pas trop, qui travaillent, qui ont de l'argent et même qu'ils payent des impôpulaires.
De bar en bar les sons s'enchoquaient et les couleurs s'emmêlaient; je me kaléïdoscopais en blanc, en bleu et en vert de rouge. Les visages se décomposaient comme le faisait Picasso, dans sa période Cubi. Je buvais.
Jusqu'à la nuit.
Jusqu'à ce que je rentre chez moi où elle n'était plus. J'entendais pourtant encore des traces de sa présence, des battements d'Elle.
Quand on aime on est toujours fragile; quand on aime on a toujours du temps pour le vin. Il me restait d'une période faste dont j'avais tout oublié quelques bouteilles rouge merveille que j'entonnais à tire larigosier, elles étaient trompettes liquides.
Puis comme j'avais peur de mon lit vide je dormais sur le canacépage du salon où mes orgies n'étaient jamais lumineuses.

Et le temps a passé, mes souvenirs ont foulecampé emportant ce que je croyais important et me laissant des choses inutiles dont je ne sais que faire. Comme son souvenir.


Au pays des couleurs















































lundi, octobre 30, 2006

Mes ...



ouvrir ....






Méditer
Dans certaine tradition, la méditation consiste en ceci. S'asseoir face à un mur, si possible sur un petit coussin rond et peu épais, les genoux calés au sol, le dos droit. Joindre les mains dans une certaine position ( mais une autre conviendrait tout autant ) et ne plus bouger, ne plus parler ni émettre aucun son particulier.
Ne pas oublier de porter des vêtements amples pour être confortable dedans, et propres.
Fin des instructions.
C'est déroutant.

Mes voyages
Les plus beaux sont silencieux et immobiles. Ce ne sont pas des voyages, dit un personnage chagrin. Qu'en sait-il ?

Mes idées
J'en ai de moins en moins. Il m'arrive même, parfois, de n'avoir aucune idée sur des sujets importants et de ne pas en souffrir. Je vais me réincarner en concombre.

Mes désirs
J'en ai perdu pas mal, ça me permet de mieux m'occuper des autres qui restent.

Mes lectures
En ce moment, des bribes. Je ne peux pas me passer de Philippe Jacottet mais je ne le lis pas non plus. C'est mon côté légume qui s'affirme ? je vais relire les "haïkus du jardin" (Guillevic ?)

Mes danses
Chaque geste, entre liberté et contrainte, frôle l'équilibre. Je lèche la frontière du bonheur.
Alors la fin n'est jamais amère, seulement autre chose qui continue.

Mes certitudes
sont nombreuses. Quand l'une se désavère, une autre la remplace.
Exemple : "se désavère", le mot est moche. J'attends que cette certitude se désavère et une autre aussitôt la remplacera. C'est très simple.

Méditer
C'est déroutant.




......... ouvrir encore













vendredi, octobre 27, 2006

Eternité
















Photo prise à Manakara, petite ville au bord de l'Océan




J'ai un nouvel emploi ! J'étire le jour pour qu'il aille exactement jusqu'au lendemain.
Ce n'est pas si facile, il suffirait d'une seconde de plus ou de moins pour que l'éternité nous engouffre.

Oh lala, quel tourbillon ce serait !
Et même lui qui partait
Les poings dans les poches crevées
Même lui ne pourrait nous sauver

Je vous jure, je vous jure que ce n'est pas facile.






Celle ci aussi, photo prise à Manakara







jeudi, octobre 26, 2006

MADAGASCAR

Pour le voyage, j'ai délaissé mon vieux fidèle appareil photos argentique, de toutes façons mon fils l'a confisqué pour son propre usage et je n'y ai plus droit !! j'ai acheté un numérique...
J'ai eu un peu de peine bien sur mais je me dis hypocritement qu'il est (l'argentique) entre des mains plus jeunes et plus fougueuses.
Je suis revenu avec un tas d'images...

de zébus




et leurs bergers


et d'autres images, et encore d'autres, des plus secrètes, vastes et floues qui se mêlent aux impressions et aux sentiments. Photos du coeur.

mercredi, octobre 25, 2006

PROGRESSION DU DESIR

Ce sont les frôlements qui décident tout, selon leur qualité, leur intensité. Bien sûr il y a les rires partagés, les confidences : ils ne sont que la porte qui ouvre sur la possibilité.

D'abord le poil se hérisse, à peine, seulement une sensation intérieure, du dedans de la peau et je me sens vivant. Il y a le parcours de la sensation dont je ne sais pas tout de suite si elle est vraie ou non. Le rêve, le réel, l'entre deux de ma timidité et de ma force.

Même hésitante, l'âme colore les perceptions, celles du temps surtout.
Essentiel, de ne pas démêler le vrai de l'imaginé. J'interroge le monde et me satisfais qu'il ne réponde pas, parce que là est la source des encres neuves.

Comme on cherche la faille dans le lapsus, la faille qui conduit au sublime, il ne faut pas avoir peur des manquements ni des esquisses, ni des silences.
Suspension du geste, la promesse se réalise.

C'est alors que ...

Autre image de Mada...





lundi, octobre 23, 2006

REVENIR

Je retrouve l'univers des blogs après combien de mois ? Quatre ?
Ecrire était difficile. D'abord je suis parti loin et lorsque j'ai cru revenir ce n'était pas vrai.
Je ne suis pas resté "là bas"; ce n'est pas ça, c'est juste que je ne suis plus nulle part, pas d'ici j'en suis sûr, mais pas d'ailleurs non plus.

Je me sens pourtant des envies de racines, comme un arbre en aurait : peu importe quelle terre, mais il en faut une ( bien entendu, je ne suis pas certain de ça. Je le dis parce qu'avoir un semblant de certitudes me rassure. "Avoir des certitudes" en la matière le verbe avoir est à l'envers. Ce sont les certitudes qui m'ont. Je suis eu ).

Des semaines, beaucoup de semaines ont passé sans que j'ose même feuilleter les blogs que j'aimais. Je devais d'abord m'accepter d'être ici, au moins un peu.

Le monde me paraît aveugle et cruel, c'est une banalité à dire mais voilà : lorsque je regarde une vitrine, l'étalement des richesses plastiques, le tout à jeter des rêves inutiles, le monde marchand qui fait la pute sous mes yeux, l'avilissement des pensées, oui, lorsque tout cela s'étale dans une vitrine et lorsque je regarde cette vitrine, c'est moi que je vois.



J'ai pris cette photo à Mada., dans la ville d'où vient ma mère.