jeudi, juin 29, 2006

SANS NECESSITE AUCUNE

Les mamies amenaient le jour, peut-être les odeurs de la vie
Leur humaine présence et l'amour de la pluie

Saura t-on jamais pourquoi nous sommes nés ?


(Pour JPL)

DESORDRES


Je t'aime
tu m'aimes
nous ne nous aimons pas

Je viens
tu viens
nous n'y arrivons pas

Les mots me manquent.
Ils sont pauvres et rugueux, trop EPAIS pour décrire les sentiments ou les émotions, épais d'une épaisseur opaque.

Cette nuit il y avait le silence relatif de la ville, entendue depuis le jardin
Il y avait une boule froide et brulante vivant entre le plexus et le hara, trois doigts en dessous le nombril

Il y a eu le désordre et l'ordre, l'amour et la colère
et l'arrivée de la douceur dans l'évaporation des larmes

Il y a eu le matin comme un appel
en attendant la nuit

..........................

"Je ne sais pas pourquoi c'est en tant de mots que je n'ai rien dit" (Alain Borne)

Je n'arrive pas à dire parce que j'habite l'univers et que l'univers m'habite

Pour dire une seule chose il faut tracer une frontière, séparer, nommer, découper cette chose du tout qu'elle compose. Geste violent, d'une brutalité d'enfant injuste.

Les choses n'existent pas, ni les émotions ni les sentiments
seul Jacques existe
Mais il est indicible

mardi, juin 27, 2006

AU BORD

Des femmes vides
……………..
J'entends mal le chant des sirènes
lorsque grondent mon incertitude
et ma peur

Je mourrai seul, je le sais. J'y tiens.
Des médecins blafards viendront me décortiquer: je donne mon corps à la science. S'il vous plait, chirurgiens, qu'il ne reste rien qu'un tas d'os que l'on sache ce que je vaux.

Donnez mon cœur à quelqu'un de méchant et fourbe, je n'y arrive pas vraiment.
Peut-être que pour la première fois une femme m'attendra avec un vrai désir de vivre. Elle attendra quoi, mon foie ? mes reins ? tout se greffe aujourd'hui, et même tout se vend.

Je ne donnerai rien (les morts ne donnent rien).
Quand des doigts rapaces me saisiront mon seul véritable héritage
je resterai main crispée main crispée
sur mon sexe..

Je vous le promets.

.

.

.

Eh toi là-bas !... oui toi !!
Garde le soleil dans ta bouche, encore un instant
Tu sens comme ça chauffe, comme ça brûle ?

Reste ainsi un moment, encore un moment
Aussi long que tu peux, restes
Goûtes, ressens,…

maintenant que ta langue est cramée
que tu as perdu à jamais le goût des choses
tu regarderas le ciel d'un autre regard
d'égal à égal
même si c'est pas vrai

lundi, juin 26, 2006

A L'OPPOSE DE LA BARBARIE

VICTOR JARRA

Hier soir je lisais un livre où son nom apparaissait. Victor Jarra, chanteur, poète chilien.
Emprisonné, torturé et fusillé par l'armée lors du coup d'état de 1973 au Chili.

On raconte qu'il eut les mains broyées.
Il était guitariste
Ils étaient militaires

Peut-être qu'ils avaient peur de lui ?

Duerme, duerme negrito
que tu mama esta en el campo
negrito

Duerme, duerme negrito
que tu mama esta en el campo
negrito

Te va a traer cordornices para ti
Te va a traer muchas cosas para ti
Te va a traer carne de cerdo para ti
Te va a traer muchas cosas para ti

Y si el negro no se duerme,
viene el diablo blanco
Y zaa
le come la patita
yacapumba
yacapumba
apumba yacapumba
yacapumba
yacapumba

Duerme, duerme negrito
que tu mama esta en el campo
negrito

Duerme, duerme negrito
que tu mama esta en el campo
negrito

Trabajando, duramente
trabajando si
trabajando, y no le pagan
trabajando si
trabajando y va tosiendo
trabajando si
trabajando y va de luto
trabajando si

pa'l negrito chiquito
trabajando si
pa'l negrito chiquito
trabajando si
no le pagan si
duramente si
va tosiendo si
va de luto si

Duerme, duerme negrito
que tu mama esta en el campo
negrito

Duerme, duerme negrito
que tu mama esta en el campo
negrito

Mes enfants ignorent tout de lui
son nom
sa voix
sa mort

Pourtant
c'est pour eux qu'il est mort

Regardant mes enfants
je me dis
qu'il a gagné
... quand même ...

vendredi, juin 23, 2006

POEVIE


Je veux faire un poème
Pas écrire

faire

L'encre avec un verre de sang
Et un peu de merde

Le papier sera de peau
Décousue
A l'angle de l'épaule

Cheveux et poils feront pinceau
Un os de mes phalanges le manche

Ma langue je tranche
Pour fabriquer un silence d'église

Mes viscères étalées
Pour parler de l'intérieur
Avec le cœur pulsant encore
Son rythme alexandrin

Et la vie s'écoulera
Et le poème se fera poésie
Poévie
Et la mort

Elle attendra

jeudi, juin 22, 2006

Mes voyages (1)


Chronique amère

Je suis de toutes les tribus.
J'ai visité le monde entier. Je connais chaque pays ou presque, chaque peuple ou presque. Je parle toutes les langues, danse toutes les danses, j'ai épousé toutes les femmes et chacun de leurs dieux est mon dieu.
Mais pour apprendre cela, il m'a fallu oublier qui je suis et d'où je viens. Oublier pourquoi je voyage.

Je cherchais le lac de mon esprit; je cherchais des traces ou bien leurs ombres. Je voulais, maintenant je me rappelle je voulais oublier le but et cesser de trouver pour accoucher la Terre de mon désir.
J'avais un enfant à naître.

Aujourd'hui je possède un savoir immense et douloureux.

Parce que je n'ai rien vu.
Tant que j'étais encore moi-même je n'ai rien vu. Je retrouvais dans les rues des villes, dans les cours des palais, dans les tentes des soldats en guerre les traces de mon passé. La même femme hantait les mêmes bordels d'Alexandrie à Naples, de New-York à Maputo. Il n'y avait pas de monde autre, pas d'autres peuples.

Immense et douloureux parce que je ne sais rien.
Je vous l'ai dit, j'ai tout oublié. Je peux parler toutes les langues mais je n'ai plus rien à dire. Seul mon corps parle.

Lorsque je suis devenu fou
On m'a habillé d'un chapeau rond et d'un pagne rouge.
Et mes yeux ont commencé de voir ce que mon esprit oubliait immédiatement.

C'est pour ça que mon savoir est immense.
C'est pour ça qu'il est douloureux.
C'est pour ça que je suis fou.

dimanche, juin 18, 2006

ROUGE

Photos et textes d'après une proposition de http://laboiteaimages.hautetfort.com/ qui est dans mes liens favoris à la rubrique "drôle, érudit et intelligent" à côté.




Elle... dans un océan de rouge... elle... avec lui...elle se cache, c'est sûr elle... se cache, elle... lui il veut il dit "c'est rouge" elle... honte... il dit "c'est rouge"... on dirait du sang ... elle dit "non, je ne peux pas" il dit... elle part... elle court... l'homme reste dans l'océan du rouge. L'homme reste dans l'océan... ......................


Elle arrive chez elle c'est la nuit déjà. Se glisse dans la chambre... aux ombres fortes. Elle ... ombre parmi les ombres... cherche, cherche. Toute la nuit. L'armoire ouverte... ombres, le secret violé.
Elle est vêtue en noir, ça fait trop longtemps... Elle veut savoir. CETTE NUIT. Ca fait trop longtemps.
.........................


L'enfant est à ses pieds, la lettre déchirée, il a déchiré la lettre l'enfant. Elle le regarde, tout est paisible. Maintenant tout est paisible, il y a des fleurs sur le manteau de la cheminée. Elle se repose dans son fauteuil, regarde l'enfant qui déchire, elle se repose. Paisible.
..........................
Mais le mur derrière elle, le mur est rouge.

samedi, juin 17, 2006

La Terre Est Un Tombeau...


La Terre est un tombeau qui nous ouvre son coeur

J'irai où le prunier laisse tomber ses fleurs
Guettant l'instant sublime où la vie et la mort
Tressent leurs entrelacs que l'avenir explore.

vendredi, juin 16, 2006

LA LETTRE

Le jour où la lettre arriva,
Tu n'étais plus là.
.....................................
Les amis étaient partis et j'étais seul. Peut-on imaginer cela, cette solitude ...
Ta mort m'était devenue un épais manteau de douleur.
La béance du dedans que tu savais combler ouvrait à nouveau sa gueule d'enfer.
J'avais peur de moi.
J'avais peur du Temps.
.......................................
La lettre était signée, par toi. Je reconnaissais ton écriture, la netteté des ses angles. J'y voyais aussi les écroulements subits lorsque la maladie mordait plus fort et que ta main tremblait.
Je ne sais quand tu l'as écrite, je t'avais veillée nuit et jour les derniers mois.
.......................................
Alors j'ai entendu ta voix ... tes mots ... tes silences...
Tu parles de tes propres béances, de tes propres peurs, de ta fatigue aussi.
Tu dis la douleur, celle-là qui ne se partage pas.
Tu dis aussi qu'il y a de la place.
Place pour la douleur,
Pour la peur et pour la fatigue.
Place pour l'amour et le repos
Place pour moi et pour les autres
.........................................
Tu dis la vie qui s'en va
que tu en as assez de ton corps délabré.
Tu ne caches rien, tu as toujours été impudique et naïve,
tu décris ce que ça te fait, comment tu es, là, maintenant
A travers tes mots, parce qu'ils sont vrais, je te retrouve, parce que tu es vraie
Vraie, réelle comme est réelle une symphonie, qu'on ne saurait saisir ni toucher
Ta vérité ! Maintenant j'entends ton rire, il était souvent silencieux pourtant.
............................................
Je referme la lettre, je ne sais pas si je vais la garder
ou la brûler.
..........................................
J'ai moins peur.

mercredi, juin 14, 2006

HORIZONTAL JAMBON


La journée s'achève.

J'entends les voisins diner avec leurs invités.
Eh oui, l'un des charmes de ma maison est d'être en plein centre ville avec un tout petit jardin, et plein de tout petits jardins autour qui sont pleins de tout petits voisins qui ont plein de tout petits amis, qui ont plein de toutes petites envies de visiter mes tout petits voisins avec un tout petit rosé du pays, qui fabrique après quelques tout petits verres du tout petit rosé de ce tout petit pays, des grosses voix qui rigolent, des fourchettes qui fourchettent, de la vie, de la joie, du bruit.
Dans ces moments là, il n'est pas conseillé de dîner d'un bout de pain et de gruyère, tout seul en plus. Ou alors pain et sardines, les sardines c'est dépressif. Le gruyère aussi, d'ailleurs, mais moins, y'a pas d'arêtes.
On peut aussi ouvrir une bière, mais c'est à double tranchant.

Ce soir, j'emmerderai les moustiques.

MARTIN


Martin dort
Dans son tipi kaki

A six heures du matin
Sonne le réveil Martin
Qui réveille Martin

Et chaque matin
que Martin se réveille
au son du réveil Martin

Le machin de Martin
(il a un méchant machin Martin)
Le machin de Martin
S'étire, s'étire, s'étire
Comme la queue d'un satyre

Tant qu'à la fin
le machin de Martin
atteint la femme à Martin.

Elle s'appelle Martine
et, comme chaque matin
Martin réveille Martine
Avec son machin
Ils l'ont appelé le réveil Martine

Et alors Martine
se courbe, se cabre, se cambre
et s'étire, s'étire, s'étire

et le Machin de Martin
s'étire, s'étire, s'étire
Si tant bien
Qu'à la fin
Martin machine Martine

Et chaque matin
Le réveil Martin
Réveille Martine

mardi, juin 13, 2006

LE GOUT DES VOYAGES

- Alors, ton voyage, mon cher Henri ??
- J'étais à Bali,
il a plu jour et nuit
- Ah oui, t'as pâli à Bali

- Ensuite je suis allé en Italie
je n'y ai pas dormi
Entre Rome et Venise
- Eh !! sous les yeux t'as d'ces valises !!

- Bon, je suis parti pour l'Angleterre
Entre nous, y'a rien à y faire
J'ai maigri on mange mal à Londres
- Oh mon pauvre, c'est là que t'as dû fondre !

- J'ai pris l'avion pour les USA
on trouve tout, tout, tout là-bas
J'ai visité New-York
- Ah ah !! t'as ramené de la coke ??

- On m'a dit qu'en Russie
Y'avait d'la vie
Ah oui ! y'a d'l'énergie
J'ai été attaqué à Moscou...
- Uuuuuhhhh! t'as encaissé des moches coups...

- Je pensais qu'en Espagne
c'était un pays de cocagne
mais y'avait trop de soleil à Madrid
- c'est pour ça, les rides ?

- Alors tu vois je suis rentré
et je crois que je vais rester
On est si bien à Marseille
- C'est une ville sans pareille !!!!


- Oh !! Adré, tu nous en remets un ?
Et ils regardèrent la mer. Le vent était léger, ce jour là.

dimanche, juin 11, 2006

ANGE



L'ange aimait s'approcher des personnes qu'il trouvait belles
Il les suivait en flottant paresseusement dans l'éther.
Ou bien il s'amusait à faire des pirouettes,
à frôler brusquement les courbes des femmes, à se glisser dans leurs secrets, entre leurs ...
Parfois il battait ses immenses ailes pour reprendre de la hauteur,
regarder l'agitation, les gens pressés, les bavards, les curieux,
il s'émerveillait même de l'activité des pickpockets.

Il aimait les Hommes
absolument


les poings dans les poches crevées


Il s'en allait les poings dans ses poches crevées
Rêvant être Rimbaud et connaître Verlaine :
A l'amour splendide sa vie serait vouée !

Son unique culotte avait un large trou
Il n'avait rien mangé de toute la semaine
Peu importe il aimait d'un amour qui rend fou

Il écoutait souvent, assis au bord des routes
Ces femmes inconnues aux allures lointaines
Qui l'ignoraient. Elles l'auraient aimé sans doute

Si elles avaient su quelle était sa besogne :
Chaque jour chaque nuit ce pelé cet ivrogne
En devenant Rimbaud et tutoyant Verlaine
Brûlait pour elles les lumières de la plaine

vendredi, juin 09, 2006

PROFONDEUR

Nous sommes des êtres de matière, nous avons une épaisseur; une profondeur aussi, grâce à nos ancêtres et nos parents; non parcequ'ils ont existé, mais par ce qu'ils existent en nous. Plus de traces que ce dont nous avons en conscience immédiate.
Oui, nous sommes faits d'épaisseur, et de profondeur.

Une image, une photo sont par essence des objets sans profondeur. Le cinéma aussi.

La papier, papier papier ou papier photo, sont minces, peu rigides, définis par leurs bordures qui leur donnent taille et forme. La toile d'un écran de cinéma, c'est pareil, mince et sans épaisseur.

La scène ou l'objet qui est représenté, est toujours un événement du passé ( d'où le mot de re-présentation) et c'est assez savoureux lorsqu'il s'agit d'un film de science-fiction; c'est toujours du passé puisque ça a été tourné, filmé, dessiné avant que je le voie. D'autre part chacun est sensible au support tel qu'il est, sensible même si non conscient à sa presqu'inexistence.

Au théâtre, c'est le contraire. La profondeur de la scène, l'épaisseur des acteurs au sens physique du mot donnent au théâtre épaisseur et profondeur. La re-présentation est là une manière de remettre au présent, un toujours présent, une perpétualité que chaque seconde remet en question; en tirant un peu sur les mots, il est possible de dire qu'on peut voir deux fois le même film, mais on ne verra jamais deux fois la même pièce.

La passé est un objet présent dans la mémoire, par ses traces, il est sans épaisseur, il n'existe pas (seul le présent existe).

J'ai souvent rêvé de pouvoir vivre comme au moyen-âge, sans jamais voir aucune image hors les vitraux des église - pour ceux qui n'habitaient pas trop loin d'une église suffisamment riche.

Je n'imagine que très mal le choc que devait être pour eux la moindre image, dessin… même si j'ai passé dix ans de ma vie sans mettre les pieds dans un cinéma, même si je n'ai pas de télé et qu'à ma connaissance aucun de mes amis n'en a exceptés Dana et Raphaelle qui en ont une (mais elle ne marche pas) et Eric et Martine, qui en ont quatre (mais ils vivent à l'étranger). Je suis devenu conscient et sensible, en retournant voir quelques films, au déferlement de violence des images, à la perpétuelle surenchère émotionnelle, à la présentation, sous une forme ou une autre, de la vie comme situation de crise.

Parce que nous avons dépassé le stade du simple émerveillement devant l'image, celle-ci pour faire oublier son péché originel - le manque de profondeur - se doit d'aller vers toujours plus de violence, de sexe, de brutalité.

Cela n'est pas nécessaire au théâtre, enfin, pas encore.

Les livres sont des êtres intermédiaires, liés au passé puisque déjà écrits . Mais ils sont épais, parfois lourds. Du fait que je peux les annoter, les corner, souligner, ils s'enroulent à mon présent, d'autant mieux que le temps de la lecture est un temps maîtrisé, intégré. Et puis il y a le côté sensuel du livre, son toucher, son poids, son odeur.


................................................... Hier soir je suis allé voir Roméo et Juliette avec les "cartoon sardines". Mise en scène kitsch, couleur rose bonbon, un régal de drôlerie, d'humour, d'amour, de sentiments et d'émotions. Une performance d'actrice époustouflante. Et je le jure, de la profondeur, de la profondeur !!
Ils jouent cette pièce à Avignon cette année, je la conseille vivement. En plus, j'avais la plus belle voisine du monde.








mardi, juin 06, 2006

ECOUTEZ VOTRE AME

En rentrant du boulot tout à l'heure, coincé dans un embouteillage, je détaillais une pub, grand format.
Premier plan : une femme le visage peint avec des peintures de guerre nous dit "ECOUTEZ VOTRE AME". Derrière, mais bien visible il y a une grosse 4x4 noire aux vitre teintées noires, tout est noir, lisse, brillant, opulent.
Ce n'est pas n'importe quelle femme qui nous parle. Derrière les peintures de guerre, elle est "impeccable", trentaine, chignon parfait, maquillage, boucles d'oreille discrètes; on la devine habillée en tailleur, dans un style executive woman de pub. Bref, elle est riche.

Imaginons que ceux qui lisent cette pub "écoutent leur âme"... Que feraient-ils ? Leur âme est-elle devenue si superficielle qu'elle ne rêve que d'une 4x4 noire à la mode ? L'âme consommatrice et ce serait l'abrutissement du chemin, pardon, l'aboutissement du chemin, avant le grand vide, la fin de l'histoire ("h" majuscule ?)

Bon, je dis ça mais je ne balaye pas vraiment devant ma porte.

Il y a un mystère. Les quelques lignes écrites ci-dessus sont violemment ... consensuelles, politiquement correctes, admises par le plus grand nombre et d'ailleurs déjà dites sous cette forme ou sous une forme intelligente, environ 150.000 fois.
Tout le monde est d'accord, d'accord, d'accord.
Et rien ne change.
Et je consomme.
Tu consommes.
Il et elle consomme, nous, vous ils et elles consommons, consommez, consomment (ne pas lire: nous sommes cons).

Rien ne change parce que :
ma révolte (nos révoltes) est petite, pas radicale, assez lâche.

Je gueule contre le 4x4 des citadins, mais j'ai ma propre voiture et j'embouteille autant que les autres. Enfin, j'ai souvent l'impression que ce sont les autres qui embouteillent...

Et alors ?
Alors quoi ?
j'écris ça, ça me fera assez de bonne conscience pour ensuite aller dormir.

Mais
demain il faudra trouver autre chose.
Demain je trouverai quelque chose de bien, d'autres mots encore plus forts, plus vrais, plus révoltés ou plus lucides.

Tiens
Par exemple
demain...
... j'écouterai mon âme.

QUE FAIRE ? COMMENT FAIRE ?

C'est son quatrième combat contre la bête. Son incroyable amour de la vie, sa vitalité l'ont menée à être avec nous, le coeur et l'âme grands ouverts. Le 29 Juin ce sera un chirurgien qui l'ouvrira. Le 29. Verra t-il son coeur et son âme ? Et moi, que puis-je faire ?

Mon fils, ses difficultés devant la vie, ses souffrances que je ne peux pas contenir, ses échecs.
Je ne peux pas l'aimer assez. Je dois être en même temps le père, la mère, l'ami. Je dois aussi, je crois que je dois, sanctionner. Je n'y arrive pas. Pas tout en même temps, je n'y arrive pas.
Comment faire ?

Quand même, week-end de lectures, de poésie(s), de rencontres, aux "petits toits du monde" (http://www.terresdencre.com/index.php3) dans la vallée du Jabron, à côté de Sisteron. Il y avait des coquelicots dans les prés.
Pour dire le silence, voici quelques mots glanés chez elle ou chez lui
un planeur en recherche de paresse
morsure du dedans à bouche cassée
blancheur froissée d'incertitude
le temps sans césure
ce que disent tous les dedans
comme une graine en terre
un souffle en route vers le peu
à l'orée du sourire
les paroles invisibles

Peut-être que voilà comment faire ?

vendredi, juin 02, 2006

MINUSCULE

C'est un petit instant, un minuscule petit instant.
Ce matin dans un magasin, vers huit heures, un enfant de deux ans à peu près et sa maman. Je ne sais pourquoi, l'enfant, un gamin rond et tout brun, se met à crier, pleurer, trépigner. Sa maman tourne son regard vers lui, très brusque, visiblement excédée.
Mais elle laisse passer...un minuscule petit instant.
Et dans ce petit moment là, je ne sais pas non plus pourquoi, il y a eu en elle tout l'amour du monde, un instant de grâce. C'était palpable.
Elle a seulement souri.
L'enfant à continué de pleurer, mais sans importance : les choses étaient redevenues simples.

Ces moments de grâce, je voudrais leur donner de la place, au mieux de mes souvenirs.